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Face au coronavirus, des réseaux d’ENTRAIDE naissent sur Facebook: "Peut-être qu’on va faire de cette crise un moment d’humanité"

De nombreux groupes Facebook "solidarité coronavirus" voient le jour dans beaucoup de villes belges. Les citoyens proposent leur aide pour garder les enfants ou encore faire les courses suite aux mesures restrictives prises en Belgique à cause du coronavirus.

Le Conseil national de sécurité a annoncé jeudi soir une série de mesures de restriction importantes en vue de limiter la propagation du coronavirus. Les cours sont suspendus dans les écoles. Les établissements horeca et discothèques doivent fermer leurs portes. Toutes les activités récréatives, culturelles, sportives, folkloriques, quelle que soit leur taille, publiques ou privées, sont annulées. Les mesures entrent en application dans la nuit de vendredi à samedi, à minuit, et ce jusqu'au 3 avril inclus.

Face à cette situation, un véritable élan de solidarité apparait au sein des citoyens belges. De nombreux groupes Facebook ont notamment vu le jour pour proposer son aide à ceux qui en ont besoin. Garder les enfants, faire les courses, soutenir les commerçants… Voilà ce que proposent entre autres les citoyens membres de ces groupes. Ils ont notamment été créés dans la province de Liège, du Brabant wallon, à Montigny-le-Tilleul ou encore à Bruxelles. Jehanne est l'une des administratrices du groupe "Solidarité Solidariteit Coronavirus Brussels Bruxelles". "Je me suis réveillée et j’ai mis un statut Facebook sur ma propre page avec des idées de choses qui ne sont pas si compliquées à mettre en place comme on ne peut pas se voir et pas trop sortir… Un groupe d’entraide a été créé. C’est juste en train de naitre pour l’instant."

"C'est déjà très beau de voir que tout le monde est solidaire"

Sur ce groupe, Jehanne a publié plusieurs messages pour demander aux Bruxellois comment s’organiser en cette période "de crise". "Je pense que l’organisation pratico-pratique va devoir se faire de manière très locale et selon des thématiques très précises. On ne va pas tous pouvoir tout faire donc il va falloir s’organiser très localement. Les idées fusent. Il faudra agir en fonction de comment la situation va évoluer dans les prochains jours. C’est déjà très beau de voir que tout le monde est solidaire et a envie de l’être. Peut-être qu’on va pouvoir faire de cette crise un moment d’humanité. On est tous dans la même situation. Il faut aussi penser à toutes les personnes qui vivent déjà dans de grandes difficultés en dehors des périodes de crise et qui vont vivre beaucoup de violence. Si on peut les aider d’une manière ou d’une autre, ce serait super."

Pour Jehanne, l’entraide est importante. "En commençant par ses voisins, vérifier que tout le monde va bien et que les plus forts aident les plus fragiles. Il y a de l’aide pratique, mais je pense qu’il y a aussi un soutien psy, des gens qui vont avoir besoin d’un suivi, et puis aussi se partager des tips d’activités, de lecture. J’invite les artistes dont les spectacles sont annulés à diffuser leur art d’une manière ou d’une autre. On va vivre d’une drôle de manière, mais on va vivre." Outre l’aide à fournir, il est également important pour la jeune femme de proposer un "espace de discussion". "C’est un moment collectif très fort que l’on est en train de vivre et c’est important de pouvoir le partager."

"C'est une période où il faut aider les gens"

Habitant de Montigny-le-Tilleul, Christophe a posté ce matin un message appelant à la solidarité sur la page de "Montigny-le-Tilleu et Landelies, actu": "Si vous connaissez des personnes ne sachant pas sortir ou en isolement, je pense que notre conscience citoyenne devrait se réveiller, je me tiens à la disposition d’une personne âgée pour faire ses courses ou passage à la pharmacie." "C’est une période où il faut aider les gens, nous confie Christophe. Si ma petite contribution peut aider une personne âgée à ne pas sortir ou à ne pas aller faire ses courses vu la cohue dans les magasins, c’est déjà bien." Cette cohue, l’épouse de Christophe en est elle-même témoin, puisqu’elle travaille dans un supermarché de Farciennes "Elle est gérante du magasin et m’a appelé vers 10h en me disant qu’il était quasiment vide. Les gens achètent des palettes entières de pâtes. Chaque citoyen doit être conscient de ce qu’il peut apporter, de ce qu’il doit faire ou pas. Aller dans une grande surface tout dévaliser, c’est ridicule. C’est alarmant, il y a de nouveaux cas aujourd’hui, il ne faut pas minimiser les choses mais il faut penser aux personnes qui nous entourent et à qui on peut rendre service. J’espère qu’on pourrait faire pareil pour moi si j’étais dans le besoin."

Christophe travaille en milieu hospitalier et connaît bien les mesures d’hygiène qui doivent être mises en place. Il est également président d’un club canin et photographe indépendant. Ce n’est dans pas sans raisons qu’il a souhaité sensibiliser au sort des commerçants. "J’ai pensé à mes amis restaurateurs car cela ne va pas être une période facile pour eux. J’ai eu des contacts qui cherchaient du boulot, des amis qui ont des ados qui ne peuvent plus aller à l’école… On va voir ce qu’on peut mettre en place ensemble pour assurer un service de livraison." Cet engouement et accueil positif de son message fait "chaud au cœur" à Christophe. "Je pense que l’être humain n’est pas qu’égoïste mais peut se révéler humaniste et être dans l’entraide. Les réseaux sociaux, on se dit tous qu’on ferait bien de les quitter parce qu’on n’y voit que du négatif mais quand il se passe quelque chose comme ça, ça fait plaisir."

"Réapprendre à tisser du lien"

"On utilise le réseau virtuel pour remettre de la vraie vie dans notre quotidien", assure Marousia, administratrice de la page Facebook "Solidarité coronavirus Brabant wallon". Pour elle aussi, c'est "extraordinaire" d'observer la solidarité qui se crée entre les citoyens. "On revient à quelque chose qui fait sens, remettre du lien entre toutes les personnes au niveau local. Les gens vont recommencer à se parler dans les rues, dans les quartiers, réapprendre à tissu du lien au niveau humain." Si Maroussia a créé ce groupe Facebook, c'est avant tout parce qu'elle est "convaincue que la solidarité fait que le groupe s'en sort mieux".

Cette habitante du Brabant wallon est aussi heureuse de voir la créativité qui entoure ce projet. "C'est ce que je commence à voir naître. Les gens utilisent la créativité pour voir comment on va faire. Comment s'occuper des personnes âgées, des enfants ? Comment aussi permettre à ces derniers de continuer à être dans une forme d'apprentissage ? Et puis, il y a les restaurateurs qui doivent s'adapter pour ne pas perdre totalement leur activité." Dans sa vie professionnelle, Maroussia est accompagnante. "Je vois ma clientèle se réduire donc j'ai du temps. Et puis, toutes mes implications de solidarité et de terrain tombent aussi à l'eau. Cela laisse donc du temps et il faut chercher comment mettre ce temps à profit."

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