Les violences policières sont une réalité en Belgique aussi. Selon le comité P, la police des polices, il y a en Belgique chaque année une trentaine de décisions judiciaires pour ce type de faits. De son côté, Unia, l'ex-Centre pour l'égalité des chances, a ouvert l'an dernier 80 dossiers pour discriminations impliquant un policier. Nos journalistes ont rencontré des victimes et interrogé un représentant syndical.
Jusqu’en mai dernier, Diane, 32 ans et mère de famille, n’avait jamais eu affaire à la justice. Alors qu’elle descend du métro sans son masque, un contrôle de police prend une mauvaise tournure. "Il m'a plaqué contre le mur. Il y a ses collègues qui sont arrivés. Je me suis fait balayer, il m'a collé la tête contre la vitre. Il était en train de m'étrangler. J'en avais même mal à l'oreille tellement que c'était violent", nous décrit Diane, en mimant les violences qu'elle a subi. "Il me disait que je n'étais qu'une grosse merde, qu'il allait me faire mon affaire. Que j'étais qu'une grosse pute", ajoute-t-elle.
Selon Diane, les policiers lui auraient reproché de ne pas porter son masque et d’avoir craché alors qu’elle était atteinte du coronavirus. Information que la jeune femme dément. Elle s’est fait dépister le soir même et n’était pas positive. Diane ne comprend toujours pas comment la situation a pu à ce point dégénérer. "Parce que j'ai toussé...? Je ne sais pas… J'ai toussé. Vu qu'on est dans une période, avec le covid-19, tout ça. Il a pensé que j'avais craché sur lui", se demande notre témoin.
Cinq policiers pour un petit garçon de onze ans… Ça fait trop, et ça marque
Si Diane a porté plainte, ce n’est pas le cas Zamora et Yassine. Tous les deux se disent confrontés à des contrôles de police abusifs. L’un d’eux a déjà reçu des coups. "Mon premier contrôle de police s'est passé quand j'avais 11 ans. Je rentrais de l'école avec ma balle de basket. Ce policier m'a demandé ma carte d'identité, de nulle part, comme ça. Cinq policiers au total pour un petit garçon de onze ans… Ça fait trop, et ça marque en fait! Et des expériences pareilles, je ne les compte même plus", déplore-t-il.
Un manque de communication?
Alvin lui, a grandi dans une cité. Il a aussi subi des violences policières. Aujourd’hui il dénonce un manque de communication lors des interventions. "Apparemment je ne peux pas émettre d'émotion face à un contrôle. Je ne peux pas émettre d'avis. Je ne peux pas poser la question du pourquoi. Il n'y a pas d'outil pour que l'un puisse comprendre l'autre. Donc on tombe dans un truc où chacun joue la case dans laquelle il doit jouer", confie le jeune homme.
Faire croire qu'il y a une culture raciste au sein de la police, c'est faux
En moyenne, près de 30 décisions judiciaires sont rendues chaque année dans des affaires de violences policières. Selon une analyse du Comité P, la police des polices, dans ces dossiers les personnes d'origines étrangères représentent l'un des publics cibles.
"Sur 50.000 personnes à peu près qui travaillent à la police, je ne peux pas vous dire qu'il n'y a pas quelques racistes. Ce serait stupide de ma part de vous dire ça", explique Thierry Belin, secrétaire général du syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS). "Mais faire croire qu'il y a une culture raciste au sein de la police, c'est faux. Est-ce qu'il y a eu des abus ou des actions contraires, oui. De nouveau, sur 50.000 personnes et autant d'interventions par jour, vous pensez bien que de temps en temps il y a des choses. Mais ce n'est pas non plus la généralité. Donc il ne faut pas tout généraliser comme ça, je trouve que c'est extrêmement dangereux", ajoute-t-il.
Selon une analyse du Comité P, la majorité des faits de violences policières se produisent lors d'interventions non-planifiées, par exemple lors de contrôles.
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