Le phénomène "Squid game", une nouvelle série à la mode et particulièrement violente, pose de graves problèmes dans certaines écoles. Dans des cours de récréation, des élèves jouent à des jeux aux premiers abords anodins mais, comme dans la série, ils finissent à s'en prendre aux perdants. Notre équipe a rencontré un psychopédagogue afin de comprendre comment les enfants sont influencés par ce genre de phénomènes.
La série dystopique dépeint un portrait impitoyable de l'humanité. "Squid Game" fait fureur auprès des jeunes, nous vous en parlions ce matin. Et ceux que nous avons rencontrés sont unanimes: la série n'est pas adaptée pour les enfants. "Si je pouvais mettre ça sur une échelle de 1 à 10, je la mettrai à 8. C'est une série très très violente je trouve. Tuer quelqu'un d'une balle dans la tête sans aucune raison, sans aucune émotion...", répond un jeune interrogé par notre journaliste.
"Pour moi, c'est pas normal de prendre ça comme exemple. Une série c'est une série et il faut bien faire la différence entre les deux. C'est un peu triste, il faut marquer le fait que ce soit pour les adultes au moins ce n'est pas repris dans les écoles", estime une autre. "C'est monstrueux ce qu'ils font", ajoute un autre jeune.
Alors comment expliquer que certains enfants s'approprient les codes de la série pour les reproduire dans les cours de récréations?
Un jeu qui est complètement perverti de sa fonction
Pour Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l'université de Mons, la transposition d'un principe vu à la télé dans les cours d'écoles n'est pas surprenant. Le mode opératoire n'est pas nouveau mais ce qui est pernicieux ici, en revanche, c'est la confusion volontaire des codes liés à l'enfance et ceux liés à la mort et à la violence.
"Le jeu d'enfant par nature suppose l'adhésion, c'est-à-dire qu'on ne force pas à jouer, c'est le principe même du jeu. Il suppose aussi que le jeu est pris au sérieux, les enfants ont cette aptitude à prendre les jeux au sérieux. Mais les jeux ne débouchent jamais sur des causes graves. Ici (ndlr, dans la série), on est dans tout sauf un jeu. Et donc on a un jeu qui est complètement perverti de sa fonction", détaille le psychopédagogue.
Mais d'après Bruno Humbeeck, cette oeuvre de fiction n'est pas la seule à mettre en cause, car la fiction par définition lui donne le droit de s'affranchir des règles qui régissent notre réalité. "C'est pas la série qui crée le problème. L'obligation qu'une société doit se donner, et notamment les écoles, c'est de faire société, c'est-à-dire d'émettre des lois", explique-t-il, puis développe: "Le vrai problème c'est, est-ce qu'on peut autoriser des enfants à frapper d'autres enfants dans une cours de récréation? Est ce qu'on peut autoriser à menacer de frapper? Evidemment non, parce que l'école doit faire société. Ces lois existent dans le monde adulte et doivent être transmises à l'école".
"Squid Game" n'est pas accessible depuis l'onglet pour enfant sur Netflix. Mais sur les réseaux sociaux, les références à la série sont multiples. Et plutôt que de censurer, le conseil ultime est d'encadrer vos enfants quand ils sont en ligne.
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