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"Elle revient sur la table de la séance plénière après un premier passage au mois de mars où les opposants ont décidé pour la première fois de déposer des amendements, une trentaine, qui ont été analysés par le Conseil d’État. Et nous avons reçu l’avis du Conseil d’État vendredi dernier. nous sommes prêts aujourd’hui avec l’avis du Conseil d’État -qui reconnait la qualité du législateur pour décider des conditions dans lesquelles l’interruption volontaire de grossesse peut s’opérer- à voter enfin cette loi", contextualise Éliane Tillieux.
Pour rappel, la loi porte sur la dépénalisation : il n’y aura plus de possibilité théorique de poursuivre des médecins. On allonge aussi e délai d’interruption de grossesse de 12 à 18 semaines et on raccourcit le délai de réflexion qui était imposé aux femmes qui demandaient une IVG. Mais qu’est-ce qui bloque ?
Deux visions s'opposent
"Il y a différents courants dans la société. Je respecte les convictions philosophiques et les choix des uns et des autres. Certains estiment que la vie existe dès la conception, dès la fécondation. D’autres, dont je fais partie, estiment que le choix des femmes est fondamental. Il y a au départ à la base un clivage très fort entre 2 philosophies. Aujourd’hui, nous volons faire en sorte de permettre aux femmes qui sont au-delà de 12 semaines, lorsqu’elles prennent conscience d’une grossesse, de pouvoir intervenir et non pas de les envoyer dans des pays étrangers pour subir une intervention."
Catherine Fonck, du cdH, est contre. Elle estime qu’à 18 semaines, on connait déjà le sexe de l’enfant et que ça ouvrirait la porte à certains parents d’avorter si ce n’est pas le sexe souhaité. "De un, sur base du terrain, personne n’a relevé qu’il y avait un problème de choix du sexe dans le cadre de l’interruption volontaire de grossesse. Deux, sur le fond, chaque fois qu’il y aura un progrès scientifique, dans la médecine, allons-nous devoir restreindre les droits ? Aujourd’hui c’est 12 semaines. Si demain des progrès en médecine permettent de connaitre le sexe à partir de 4 ou 5 semaines, allons-nous aussi devoir revoir le seuil pour l’IVG ?"
"Chantage" de certains partis
La proposition de loi va-t-il passer ou pas ? "N-VA, extrême-droite, CD&V et cdH, ce sont les partis qui aujourd’hui s’opposent fermement au point d’en faire un chantage pour la formation d’un nouveau éventuel gouvernement. C’est clairement du chantage. Aujourd’hui, nous avons une majorité, ce texte est cosigné par 8 partis", dont le MR et l'Open Vld.
MR et Open Vld détiennent la clé du vote
Pourtant, le chef de groupe Open Vld, Vincent Van Quickenborne, dit qu’il faut attendre la formation d’un gouvernement pour ne pas crisper le CD&V … "Aujourd’hui, on va voir qui vraiment souhaite soutenir les progrès en faveur de l’émancipation des femmes. Aujourd’hui, il est l’heure pour tous les partis signataires de voter favorablement la loi qui est sur la table. Soutenir un texte, c’est voter pour et ne pas s’abstenir." La crainte du PS, c'est donc que tous les députés MR et Open Vld ne soutiennent pas le texte. "Si ça ne passe pas, ce sera à nouveau un report."