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Le porte-parole du PTB (parti des travailleurs belges), Raoul Hedebouw, était l'invité de Bel RTL ce matin. Il a répondu aux questions de Fabrice Grosfilley.
Fabrice Grosfilley: Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous allez affaiblir le PS ou Ecolo et que finalement le vote PTB, c’est un vote de protestation qui est peut-être sympathique mais complètement inutile politiquement ? Raoul Hedebauw: Mais enfin, c’est quoi cette affaire de croire que les votes de gauche en Belgique, c’est une enveloppe fermée. C’est quand même fou. Nous, la gauche, nous devons avoir l’ambition d’aller conquérir de plus en plus de personnes. F. G.: Vous êtes d’accord avec Charles Michel qui dit que le PTB est un vote utile ? R. H.: Quand Charles Michel commence à parler de la gauche, je commence à me méfier. S’il y en a un qui est mal placé, c’est quand même bien le MR, pour parler de la gauche. C’est clair que le but principal du PTB c’est de lutter contre les idées du libéralisme de la droite. Malheureusement, je constate qu’aujourd’hui ces idées de la droite déteignent aussi sur des partis comme le PS et Ecolo parce qu’ils acceptent ces carcans libéraux. Donc, ce n’est pas notre tasse de thé évidemment. F. G.: Votre programme est en cours d’élaboration. Cela sera toujours un programme qui se revendiquera du marxisme ou pas ? R. H.: Pour les élections, évidemment on ne va pas faire notre idéal de société durant trois mois. On est quand même un peu réaliste au PTB. Concrètement, notre premier objectif, c’est d’avoir quelques élus, quelques députés. Donc, le 3 mars, on va sortir notre programme qui est directement pour les élections fédérales et régionales. Mais notre but c’est évidemment de toujours nous inspirer du marxisme pour changer cette société. On ne peut pas continuer dans le capitalisme. Quand on voit à Saint-Gobain ce qui s’est passé hier, on ferme une entreprise d’un claquement de doigts alors que la société qui est actionnaire de Saint-Gobain à Auvelais a un milliard d’euros de patrimoine. Alors, ce type de société qui est basée sur le profit en premier et pas pour les gens, nous au PTB, on veut changer cela radicalement. F. G.: Et changer cela, ça veut dire quoi ? Aller vers un état socialiste ? R. H.: Moi je pense qu’effectivement, il faut aller vers un socialisme. Alors je ne vous annonce pas cela dans un an. Il faudra bien 5, 10, 15 ans. Il faudra que le monde du travail reprenne confiance pour aller de nouveau de l’avant. Pour nous, la production doit revenir aux travailleurs. F. G.: Quand on parle d’un état socialiste, il n’y en a plus beaucoup aujourd’hui sur la planète. On parle de la Corée du Nord, de Cuba, du Venezuela éventuellement. C’est ça que vous voulez pour la Belgique ? R. H.: Non. D’ailleurs dans mon dernier livre, je suis assez clair là-dessus. Notre but n’est évidemment pas d’aller copier ce type de modèle-là. F. G.: Quand je reprends votre programme de 2010, vous demandiez que la Belgique renforce ses liens avec Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur. Et Cuba était un peu cité comme un exemple… R. H.: Je pense effectivement qu’un pays comme la Belgique a une responsabilité importante de tendre la main à tous ces pays d’Amérique latine qui relèvent la tête aujourd’hui. F. G.: Ca allait plus loin dans votre programme 2010. Cuba était cité comme un bon exemple à suivre… R. H.: Non, non. Personnellement, j’ai déjà été deux ou trois fois à Cuba et on peut y voir que les soins de santé sont gratuits. Qu’aujourd’hui, l’alphabétisation est presque totale de la population cubaine. Que cela débat énormément à Cuba parce que l’on décrit ce pays comme étant une dictature. Il faut une fois aller voir comme les Cubains parlent en rue. La démocratie n’y est donc pas simple. Je pense que ces pays d’Amérique latine montrent en tout cas qu’une autre voie est possible que celle menée dans les années 80 dans ces pays, l’ultra-libéralisme. Ils montrent qu’aujourd’hui, il y a moyen de répartir les richesses autrement.