Partager:
Une campagne de publicité suscite l'indignation dans les campus . Un camion publicitaire installé devant les universités propose aux étudiantes de se faire de l'argent de poche en sortant avec des "Sugar Daddy's", des homme plus âgés et riches. Une plainte a été déposée auprès du Jury d'éthique publicitaire. Et deux ministres ont également annoncé leur intention de déposer plainte contre cette publicité "scandaleuse".
Le Jury d'éthique publicitaire (JEP) a été saisi d'une plainte portant sur le site de rencontres "Rich Meet Beautiful" (RmB), via lequel des étudiantes peuvent être mises en relation avec des "Sugar Daddy's", des hommes nantis désireux de s'offrir la compagnie d'une jeunette, en la payant pour se montrer avec elle voire plus.
"Hey les étudiantes !"
Ce site, lancé il y a quelques semaines en Belgique, a démarré une campagne publicitaire vendredi dans Bruxelles avec deux camions surmontés d'énormes panneaux apostrophant leur cible par un "Hey les étudiantes !"."Améliorez votre style de vie, sortez avec un sugardaddy", poursuit l'annonce, illustrée d'une poitrine féminine à peine cachée par un soutien-gorge rouge. Ces camions publicitaires ont été repérés ce lundi matin aux abords du campus de l'Université libre de Bruxelles (ULB), au moment où la rentrée universitaire battait son plein.
Cette nouvelle campagne publicitaire de RmB n'est pas vraiment vue d'un bon oeil par les universités du pays, qui y voient un service d'escort déguisé. Selon le PDG du site, le Norvégien Sigurd Vedal, dix autres camions doivent sillonner le pays dans les semaines à venir, "surtout à proximité des établissements universitaires".
La Belgique dans le top 5 des marchés à fort potentiel
La direction de RmB place la Belgique dans le top 5 des marchés à fort potentiel. "D'ici deux semaines, je me rendrai personnellement en Belgique afin de mener la campagne marketing via la radio, la télévision ou encore internet", déclare Sigurd Vedal. "Depuis notre lancement, nous avons constaté un énorme engouement pour notre site, nous estimons dès lors notre potentiel à 300.000 membres en Belgique d'ici 2018."
Que peut décider le Jury d'éthique publicitaire ?
L'ULB a déposé plainte auprès du Jury d'éthique publicitaire."Cette campagne médiatique a fait l'objet d'une plainte", a annoncé ce lundi Piet Moons, le président du JEP. Celle-ci sera analysée mardi prochain. Le JEP peut condamner la campagne et imposer son arrêt. Il peut aussi estimer qu'elle ne pose aucun problème. Le jury peut enfin arrêter une décision conditionnelle, mais il s'agit d'un cas de figure très rare.
Lundi soir, la ministre des Droits des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles, Isabelle Simonis, et son collègue en charge de l'Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, ont annoncé à leur tour leur volonté de déposer plainte contre cette campagne publicitaire sur le thème du "sugardating".
"Une publicité scandaleuse et alarmante"
"Cette publicité, scandaleuse et alarmante, démontre que ce site encourage la prostitution des jeunes étudiantes. Les masques tombent par rapport à ces 'pratiques de sugar-dating' qui suscitent l'inquiétude depuis un moment. En plus d'inciter les jeunes filles à vendre leurs corps, ce phénomène valorise la domination masculine et marque un retour en arrière de plusieurs décennies dans les rapports entre les hommes et les femmes. Il est temps d'agir avec détermination, par la sensibilisation mais aussi en utilisant tous les moyens légaux possibles", précise la ministre Simonis dans un communiqué.
Les deux ministres entendent ainsi se constituer partie civile au pénal en invoquant l'article 380 du Code pénal incriminant notamment l'incitation à la débauche et la prostitution ont déjà chargé les services de l'administration de constituer un dossier en ce sens. Ils prendront également contact avec les bourgmestres des communes où la publicité a été vue pour qu'ils suspendent cette diffusion au motif de troubles à l'ordre public.
Les deux ministres annoncent enfin la mise en oeuvre d'une campagne d'information sur la prostitution étudiante afin de "conscientiser les jeunes à ses implications en termes d'intégrité physique et psychique", conclut le communiqué.