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Cette semaine la société Nivelles Logistics a annoncé le licenciement de 549 travailleurs d’ici 2022. La société de logistique qui approvisionne les magasins Carrefour, sous le giron suisse de Kuehne Nagel, veut tout simplement fermer le site de Nivelles au profit de la Flandre. Comment expliquer cette délocalisation interne à la Belgique ?
"Est-ce un coup anti-wallon?", a demandé Christophe Deborsu dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche. "Je ne sais pas si c'est un coup anti-wallon, mais c'est ce qu'on constate. On ne nous a pas dit qu'on allait nous recaser quelque part comme ça peut arriver. C'est vraiment tout le monde dehors. On pense que c'est du sabotage. Sur les dernières années, il n'y a pas eu d'investissements au niveau des infrastructures. Tout le personnel travaillait avec du matériel daté. On a laissé pourrir ce site. Le personnel travaillait durement, dans des conditions difficiles et la productivité était toujours là. Transférer cette activité en Flandre est problématique", a répondu Michael Coumont, délégué CSC - Logistics Nivelles.
Les travailleurs flamands seraient-ils plus flexibles? Les travailleurs wallons auraient-plus de droits acquis? "Ce dépôt existe depuis 50 ans. On appartenait à GB - Carrefour. Les plus anciens ont des droits. Mais, on parle de logistique, d'ouvriers, de travail manuel. On parle de personnes qui se lèvent à 4-5h du matin, et qui travaillent toute la nuit. Les plus anciens ont un salaire de nuit avec des primes qui montent à 50%, mais ça existe aussi en Flandre. A présent, si vous deveniez ouvrier chez nous, vous aviez 15% de nuit", précise Michael Coumont. "On va réfléchir comment mener ce combat, on ne va pas se laisser faire."
La directrice est venue avec 6 gardes du corps
Après l'annonce des licenciements, la directrice du site de Nivelles avait passé une partie de la nuit sur place, sa voiture encerclée par des camions. Elle aurait fini par s'enfuir grâce à un trou dans le grillage. "La directrice est venue avec 6 gardes du corps. C'est quoi le message? On s'est dit que ça n'allait pas être une bonne nouvelle", confie le délégué CSC. "Elle nous a ensuite dit que la productivité et les infrastructures étaient meilleures en Flandre. On ne l'a pas accueillie avec des fleurs et un petit ballotin de pralines. Bien sûr, il y a eu des noms d'oiseau, mais physiquement personne ne l'a touchée. Elle s'est elle-même enfermée dans son bureau. Elle a eu peur de sortir. Elle s'est échappée avec l'aide de la police. A priori, ils ont fait un trou dans la grille."
La logistique se déploie en Wallonie
Willy Borsus, vice-Président de la Wallonie, a commenté la situation. Y a-t-il une solution possible?
"Il y a en Wallonie des milliers d'emplois dans la logistique et il y a encore des projets qui se développent notamment dans le secteur de la grande distribution. Manifestement, la logistique se déploie en Wallonie et se traduit par un grand nombre d'activités. C'est un secteur d'excellence", souligne-t-il.
Concernant la société Nivelles Logistics, Willy Borsus indique qu'il y a "un problème spécifique à cette entreprise". "Je constate que les investissements réalisés à Nivelles ont été le minimum pour répondre aux normes, mais peu d'investissements industriels. Je pense qu'au niveau de la direction il y a eu des difficultés face à un omniprésence syndicale à Nivelles. Au fil du temps, le dialogue social s'est dégradé."
Il ajoute: "On a à Nivelles, une situation qui est géographiquement excellente. Je plaide donc pour qu'on réouvre le dossier et qu'on donne toutes les chances de maintenir l'activité à Nivelles. Cela passera par une médiation externe de manière à pouvoir mettre les gens autour de la table. Au niveau de la productivité, les chiffres sont importants et pourraient être optimalisés. J'ai pris de contacts avec tout le monde, dont la direction, et je pense que certaines portes restent ouvertes. Carrefour, qui est le client unique, pourrait donner des signes."