Partager:
Au coeur du dossier royal de ce vendredi, l'actualité et le vote du Brexit. La reine Elizabeth est-elle aussi la reine du Brexit?
Une question est sur toutes les lèvres cette semaine. Que pense la reine Elizabeth II du vote du Brexit? Mystère et boule de gomme.
Bien sûr, Sa Majesté ne vote pas mais chacun se demande quelle était l’opinion de la souveraine à propos du Brexit. Certains journaux sont même allé jusqu’à affirmer qu’elle avait choisi son camp et fait campagne (en toute discrétion) pour la sortie de l’Union Européenne. Une initiative qui n’a pas plu aux services de Buckingham Palace qui ont rapidement remis les pendules à l’heure. Le message est clair : il est hors de question d’impliquer la souveraine dans la campagne référendaire.
Après le vote, chacun s’interroge sur l’opinion profonde des membres de la famille royale et de la reine en particulier. Très honnêtement, personne ne peut affirmer avec certitude connaître sa pensée. Une chose est sûre, elle s’interroge aussi sur le futur de son royaume qui apparaît plus désuni que jamais au lendemain du vote. C’est tout le paradoxe d’un référendum pour une " indépendance " qui pourrait amener à la dislocation progressive du royaume.
Elizabeth reine des Ecossais ?
Les Ecossais veulent rester en Europe.
La longue histoire d’amour des Ecossais avec le continent ne remonte pas à hier. Cela fait des siècles que le peuple d’Ecosse joue la carte de l’Europe contre l’Angleterre qui fut souvent vue comme la puissance colonisatrice. En pleine Renaissance, une reine d’Ecosse (Marie Stuart) a même été reine de France... avant d’être décapitée par la reine d’Angleterre, Elizabeth Ière.
Il y a deux ans, un référendum avait décidé le maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni... au grand soulagement de la reine qui en avait ronronné de plaisir (selon les confidences du premier ministre David Cameron). Aujourd’hui, le Brexit relance toutes les suppositions et provoque toutes les incertitudes. L’Ecosse a affirmé sa volonté d’organiser un nouveau référendum afin de rester en Europe. Une chose est sûre, Elizabeth redoute une fracture profonde au sein de son royaume, même si elle est assurée de demeurer, quoiqu’il advienne, la reine d’Ecosse.
Seize couronnes pour Sa Gracieuse Majesté
Le Royaume-Uni n’est pas un pays tout à fait comme les autres.
Elizabeth II n’est plus impératrice comme le fut jadis son aïeule Victoria. Elle n’en reste pas moins la souveraine la plus couronnée du monde. Aux quatre coins de la planète, Sa Majesté est à la tête d’une kyrielle de royaumes sur lesquels le soleil ne se couche jamais. En voici la liste : Antigua et Barbuda, Australie, Bahamas, Barbade, Belize, Canada, Grenade, Iles Salomon, Jamaïque, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-Grenadine et Tuvalu.
A la tête du Commonwealth, Elizabeth est une reine chez elle mais aussi une souveraine à travers toute la planète. Depuis le Brexit, elle est un peu moins une reine d’Europe.
Elizabeth, un symbole de Brexit ?
Même en Europe, le Royaume-Uni n’a jamais renoncé à ses symboles.
Si vous allez au Royaume-Uni, vous pourrez difficilement échapper au portrait de sa Très Gracieuse Majesté. C’est bien simple, elle est partout ! Elle figure bien sûr les billets de banque puisque les Britanniques ont toujours choisi de conserver les livres sterlings. Même chose pour les timbres, les uniformes, les boîtes aux lettres... Elizabeth everywhere.
Alors que la reine vient de pulvériser tous les records et de célébrer ses 90 ans à l’unisson avec son peuple, certains affirment que l’adhésion populaire autour de la souveraine a renforcé la volonté du pays de reconquérir une indépendance totale en coupant le cordon avec l’Europe. Vrai ou faux ? A chacun d’en juger en son âme et conscience !
Les rois face à l’Europe
En Europe, les rois ont souvent appuyé la communauté... mais pas toujours !
Si l’ancrage européen de la reine Elizabeth II reste un mystère, il n’en va pas de même de ses cousins de l’Europe continentale. Prenez l’exemple du roi Philippe dont la capitale du royaume est aussi la capitale européenne. Il ne manque pas une occasion de rappeler l’adhésion de la Belgique aux idéaux de la communauté. Même engagement auprès de ses collègues du Benelux, le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et le grand-duc Henri de Luxembourg. La même implication se retrouve chez Felipe VI, le roi d’Espagne.
En Europe du Nord, les souverains se montrent pourtant moins enthousiastes face à l’union. Avec des modalités diverses, les souverains de Danemark, de Suède et de Norvège incarnent l’identité nationale plus que la construction européenne. Ils préfèrent jouer la solidarité scandinave qui constitue une autre forme d’union. Aujourd’hui, certains souhaitent que d’autres pays européens se lancent dans un référendum pour ou contre l’appartenance à l’Europe. Sauf grosse surprise, les souverains ne devraient pas prendre parti dans ces débats passionnés qui s’annoncent.
Par Patrick Weber
Chroniqueur royal RTL