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Gaspard Noé: "Il n'y a rien de choquant dans 'Love'"

Le réalisateur Gaspard Noé estime que son film "Love", prochainement sur nos écrans, n'a "rien de choquant". Ce long métrage aux scènes de sexe crues n'a jamais eu pour ambition de provoquer mais plutôt de représenter une passion amoureuse entre deux jeunes gens, selon le réalisateur.

Scandale annoncé à Cannes, puis au coeur d'une polémique autour de son interdiction aux moins de 16 ans, "Love" de Gaspar Noé, film d'amour aux scènes de sexe crues, "n'a rien de choquant", selon son réalisateur. "Il n'y a pas de désir de provocation", assure-t-il.

Le film tourné en anglais et en 3D, en salles le 29 juillet prochain, raconte l'histoire de Murphy (Karl Glusman), un jeune Américain de 25 ans installé à Paris qui veut devenir cinéaste. Il se réveille un 1er janvier aux côtés de sa compagne Omi (Klara Kristin) et son fils de deux ans.

Tout au long d'une journée pluvieuse, il va se souvenir de sa plus grande histoire d'amour avec Electra (Aomi Muyock) deux ans plus tôt.

Une passion amoureuse et des scènes de sexe

Le film, qui raconte la relation entre Murphy et Electra au moyen de flash-backs entrecoupés de voix-off, montre de nombreuses scènes de sexe, en partie non simulées, parfois en gros plan: une femme masturbant un homme jusqu'à l'éjaculation, une scène d'amour à trois, une autre dans un club échangiste, une avec un travesti,...

Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, le film avait attiré une foule de spectateurs, intrigués par les affiches montrant un pénis en gros plan ou des bouches en train de s'embrasser. Mais il n'avait finalement pas créé la polémique.

Celle-ci est née un mois plus tard quand la ministre de la Culture Fleur Pellerin a demandé à la commission de classification des films un second avis, alors qu'elle avait recommandé jusque là que le film soit interdit aux moins de 16 ans.

Vincent Maraval, coproducteur du film et habitué des polémiques, avait vivement protesté, y voyant une tentative pour "obtenir une classification plus sévère", jusqu'à ce que la commission confirme son premier avis.

Pourtant, affirme Gaspar Noé, "il n'y a pas de quoi crier au scandale avec ce film, loin de là".

"C'est le film le plus fleur bleue que j'aie fait", a affirmé le cinéaste argentin de 51 ans, qui vit et travaille en France, dans un entretien à l'AFP.

Filmer le malheur et pas le bonheur?

Celui qui avait fait scandale en 2002 avec "Irréversible", contenant une scène de viol interminable, indique avoir voulu ici "représenter une passion amoureuse entre deux jeunes gens".

"Il n'y a pas même l'intention d'être sulfureux. Il y a juste une intention de représenter ce qu'il me paraît normal de représenter, des gens qui s'aiment et qui font des conneries", ajoute le cinéaste, qualifiant "Love" de "mélodrame".

"Quand on dit qu'on veut faire un film sur une passion amoureuse, effectivement on fait un film où les gens s'aiment, s'embrassent, font l'amour", argumente-t-il.

"Je ne vois pas pourquoi on est autorisé à filmer le malheur, la souffrance et pas le bonheur", se défend Gaspar Noé. "Dans 'Love', à aucun moment il n'y a un pistolet ou de la violence, à part les insultes que les deux personnages principaux profèrent".

Du sexe majoritairement simulé

Interrogé sur les nombreuses scènes de sexe, le réalisateur affirme tout en restant flou que "c'est majoritairement simulé", mais qu'il avait "envie que les gens croient à ce qu'ils voient".

Quant à la 3D, il dit l'avoir utilisée car cette technique "rajoute une bizarrerie", et "quelque chose de plus émotionnel".

Mais pour lui, son film, aux dialogues improvisés parfois naïfs et à la lumière et aux cadrages soignés -la photo est signée de Benoît Debie, également chef opérateur de Ryan Gosling ou Wim Wenders- n'est en rien un "porno en 3D", comme il est souvent qualifié.

"Ce que l'on appelle le porno, c'est un genre vidéographique sur-codifié, où à aucun moment les gens ne s'embrassent, les femmes ne tombent enceintes", souligne-t-il. "C'est presque un type de physique, d'éclairage. Cela relève plus de l'acte sportif".

"Je trouve que le film est beaucoup plus proche de 'La Vie d'Adèle' ou de films d'auteur que de ces films là", juge-t-il.

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