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Paulette, 81 ans, est toujours sous le choc de l’extorsion dont elle a été victime début janvier à Namur. Elle nous raconte l’histoire qui l’a menée à donner près de 6000€ à un inconnu. Un coup classique, bien connu de la police en Belgique, qui est généralement perpétré par des bandes organisées de gens du voyage venus de France.
"Ma grand-mère a été victime d'une arnaque et ce n'est pas la première ni la dernière victime", a expliqué Marvin à RTLinfo.be via notre page Alertez-nous. Contactée par notre rédaction, Paulette, sa grand-mère, nous a relaté le calvaire qu’elle a connu le mercredi 8 janvier dernier, en pleine journée.
Des appels de phare pour faire arrêter leur future victime
"Je cherchais un emplacement pour me garer dans la rue Juppin à Salzinnes (NDLR: Namur). J’ai vu une voiture qui me faisait des appels de phare derrière moi. Je me suis arrêtée, je suis descendue de ma voiture et le conducteur est venu à ma rencontre pour me dire que j’avais été contre son rétroviseur." L’arnaque était enclenchée, mais Paulette ne se doutait alors de rien. "Il m’a dit: ‘Venez-voir votre voiture et vous verrez’… et il a passé sa main derrière ma voiture, côté droit." Elle y voit une légère trace de peinture… qui partira par simple frottement par la suite. L’homme montre alors son rétroviseur gauche, cassé. Paulette, honnête, pense qu’elle est effectivement en tors. "Je dis: ‘Puisque c’est comme ça, on va faire un constat’, et je me suis garée dans une cour un peu plus loin (photo). Il m’a dit d’ouvrir ma portière et s’est assis à côté de moi." Paulette ne le sait pas encore, mais son braqueur ne la quittera plus.
Un complice qui se fait passer pour l'assureur au téléphone
"J’ai sorti mes papiers d’assurance pour le constat et lui, il a sorti son GSM. Il a soi-disant téléphoné à mon assureur. Je n’ai pas pensé que ça ne se faisait jamais comme ça d’habitude en cas d’accident", explique-t-elle. L’homme à l’autre bout du fil était, pense-t-elle après coup, le passager qui se trouvait dans sa voiture à lui au moment des faits. "Il m’a donné son téléphone et l’homme, mon prétendu assureur, me répète que je ne dois surtout pas téléphoner à la police ni à l’assurance, parce que lui risque de se faire licencier et qu’on pourrait me retirer mon permis à cause de mon âge!"
Dans la voiture avec la victime jusqu'à la banque
Des menaces, physiques ou verbales, il n’y en a jamais eu. C’était plus subtil, une forme de contrainte difficilement palpable. "L’autre à côté de moi était imposant. Soit disant, je devais payer de main à main une somme et mon assureur allait me la rembourser. Je lui ai dit que je n’avais pas d’argent sur moi, 10 euros seulement." L’arnaqueur lui dit alors d’aller jusqu’à la banque retirer de l’argent. "Il a toujours été dans ma voiture, il ne m’a pas lâché. Au téléphone, l’autre me harcelait tout le long du trajet, comme quoi je ne devais parler à personne. Celui à côté de moi, lui, ne disait rien à part: ‘Ecoutez bien’."
Elle aurait pu appeler la police dans la banque
A l’intérieur de la banque, le braqueur ne l’a pas suivie. Mais Paulette a tout de même retiré les 5900€ qu’il lui réclamait. Une somme incroyable pour un rétroviseur. Avec le recul, Paulette regrette. Là, au guichet, quand l’employée lui a demandé la raison de ce retrait, c’était le moment ou jamais d’alerter la police. Mais "j’étais terrifiée", confie-t-elle. Confuse, contrainte, manipulée, elle trouve un prétexte pour expliquer un tel retrait, revient dans son véhicule avec l’argent et le donne à son braqueur.
Paulette comprend l'arnaque quand ils lui demande encore plus!
"Mais là, il retéléphone" à son complice et "me dit qu’il faut plus! Là-dessus, j’avais compris. Je lui ai dit non et il est parti avec l’argent que je lui avais déjà remis". L’homme est reparti à pied et Paulette est rentrée chez elle. "J’ai téléphoné à mon assureur qui m’a dit qu’il n’avait rien reçu et m’a conseillé d’aller voir la police, ce que j’ai fait. Ils avaient déjà entendu ce genre de choses et j’ai reconnu un des deux hommes sur les photos qu’ils m’ont présentées. Ce seraient deux frères", explique Paulette.
Une bande organisée déjà recherchée en Belgique
Laurence Mossiat, porte-parole de la police de Namur, nous confirme les faits. En réalité, le signalement des auteurs présumés est venu d’une autre zone de police en Belgique, ce qui a permis l’identification sur photos. Car "c’est le seul cas à Namur commis par cette bande-là", explique-t-elle. Par contre, d’autres arnaques similaires mais commises par d’autres personnes sont déjà arrivées par le passé dans la capitale wallonne. Et inversement, la bande présumée responsable a déjà commis de tels vols ailleurs en Belgique.
A Namur, toujours des gens du voyage venus de France
Logique, puisque "c’est un modus operandi connu partout, à l’étranger également. On appelle une arnaque au rétroviseur, une forme de vol par ruse", explique la policière. A Namur, ce sont toujours "des gens du voyage français" qui se sont révélés responsables de ces vols. D’ailleurs, l’arnaque est plus connue et médiatisée chez nos voisins du sud. "C’est ce qu’on appelle de la criminalité itinérante. Ils ne font que passer en fait."
Ils profitent de la crainte des personnes âgées de se voir retirer leur droit de conduire
Le modus operandi, Mme Mossiat nous l’explique: "Ils préparent leur coup à l’avance avec une voiture dont le rétroviseur pend. Ils s’en prennent toujours aux personnes âgées car ils savent que les assureurs peuvent soumettre une personne âgée qui a été en tort dans un accident à un test de conduite." Comme avec Paulette, ils grossissent alors le trait et prétendent que le senior risque de perdre son permis, "ce qui n’est évidemment pas vrai. Ils abusent donc de la crédulité des personnes âgées et leur mettent la pression pour qu’elles les paient en cash."
Un conseil: appelez la police au moindre doute
La police de Namur prodigue donc le conseil suivant, valable pour tout accident de la route et pas seulement pour se prémunir des arnaques au rétroviseur: "Il ne faut jamais payer en cash et surtout, surtout, ne pas hésiter à faire appel à la police en cas de doute ou de désaccord sur le constat." Et si vous avez affaire à des voleurs itinérants comme ceux qui pratiquent ces arnaques, ou simplement des personnes malhonnêtes, vous le saurez directement: "Ils s’en vont si on menace d’appeler la police!"
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Gaëtan Willemsen