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"100 jours à vivre": témoignage poignant de Philippe, atteint d'un cancer

Atteint d’un cancer au cerveau, Philippe lutte jour après jour contre la maladie pour tenter de vivre pleinement ses derniers instants précieux. Selon son médecin, il ne lui reste que plusieurs mois à vivre. Pour extérioriser et transmettre ses émotions, ce père de six enfants a décidé d’écrire quotidiennement. Une sorte de journal de bord. Un témoignage fort et émouvant.

"100 jours à vivre… Ca y est, je me suis décidé à écrire. Cela fait plusieurs jours que je le voulais. Quelques détails techniques m’en ont empêché mais c’était surtout la démarche en elle-même. Se dire qu’on va écrire pour expliquer ce qui se passe quand on vous annonce qu’il ne vous reste plus que quelques mois à vivre. Ecrire pour se libérer, écrire pour ne rien oublier, écrire pour suivre l’évolution, écrire pour transmettre". C’est par ces mots que Philippe débute son message envoyé via notre page Alertez-nous. A 45 ans, ce Bruxellois qui vit désormais dans le Brabant flamand est atteint d’un cancer au cerveau. Une maladie incurable, selon son médecin.

"Deux métastases au niveau du cerveau"

"Ce 25 janvier 2013, ma vie a changé. Mes jours sont désormais comptés. Sans que je sache combien. Sans que je sache dans quel état", écrit-il. La veille, son docteur lui passe un coup de fil pour lui transmettre les résultats de ses examens médicaux. "Monsieur, nous avons les résultats de votre scan. Vous avez développé deux métastases au niveau du cerveau. Je voudrais vous voir demain matin". Pour se rendre à ce rendez-vous à l’hôpital, Philippe est accompagné par sa compagne et sa fille. Après une attente qui leur semble interminable, le médecin les reçoit. En voyant les clichés du scan, ils aperçoivent deux taches sombres bien perceptibles. L’une se trouve à l’arrière gauche du cerveau, l’autre près de la tempe gauche.

"Les yeux se gonflent, les mains tremblent. Nous sommes anéantis!"

Philippe relate ce dialogue douloureux avec son docteur : "Quelles sont les chances de guérison ?" Il est embarrassé. "Ce n’est pas soignable. On peut juste atténuer le développement et espérer prolonger l’espérance de vie."Ma femme prend alors la parole: "Il est condamné ?" "Vous voulez vraiment savoir ? Vous êtes certains ? Oui, il est condamné." "Combien de temps ?" "Nous suivons un cas exceptionnel ici, depuis deux ans, d’une personne qui a une métastase au cerveau sans récidive et qui vit encore... mais dans votre cas, vous en avez déjà deux et avez tendance à en développer... je dirais trois à cinq mois !" Les gorges se serrent, les yeux se gonflent, les mains tremblent. Nous sommes anéantis!" Contacté par nos soins, son médecin ne veut pas donner de détails sur l’état de santé de son patient en vertu du secret professionnel. Mais il assure toutefois que Philippe est bien suivi à l’hôpital de Leuven.

Le sort s'acharne 

Après le choc de la terrible nouvelle, ce père de six enfants décide de ne pas se laisser assombrir par la maladie, mais plutôt de se battre pour vivre pleinement ses derniers moments avec ses proches. Un courage exemplaire malgré sa condamnation annoncée. Les moments de doute et de pessimisme le taraudent parfois, mais Philippe tente de lutter au maximum contre eux. Une force de caractère d’autant plus impressionnante que ce n’est pas la première fois qu’il rencontre le cancer sur son chemin. En 2010, son dermatologue lui annonce qu’un point de beauté dans son dos est un mélanome malin en phase avancé."Il était probablement venu suite à une surexposition solaire ou à un abus de rayons UV. Une simple visite chez la dermatologue devait suffire à le retirer. J’avais attendu si longtemps avant d’y aller", écrit le quarantenaire. Après une opération chirurgicale suivie d’un suivi trimestriel la première année, Philippe se réjouit. "J’étais tiré d’affaires. J’avais de la chance." Mais un an plus tard, le sort s’acharne à nouveau."Je sens une sorte de boule à l’aisselle droite. Lors de l’échographie, on repère deux ganglions probablement contaminés. Nouvelle opération. On en retire une vingtaine. Voilà ! Je suis à nouveau tiré d’affaires. Les analyses suivantes sont bonnes."

"On va se marier!" 

Deux ans plus tard, en ce début d’année, la maladie le rattrape donc à nouveau, cette fois de façon foudroyante. Philippe sait que son combat contre son cancer au cerveau est vraisemblablement voué à l’échec. Mais comme pour lui faire un pied de nez, il décide dès le lendemain de l’annonce de sa maladie d’égayer sa vie en prenant une décision symbolique: se marier! "J’avais préparé une liste de points que je voulais régler au plus vite. Cela allait de la vente de ma voiture désormais inutile, aux dispositions testamentaires, les assurances, les dettes, etc. Une bonne nouvelle pour égayer un peu: nous allons nous marier ! On décide aussi de ne rien dire de mon état de santé à Jimmy pour le moment. Les mots doivent être justes pour expliquer à un enfant de huit ans." Les jours suivants, il tente de garder à l’esprit ce leitmotiv: "Il faut profiter au maximum du temps que nous allons encore passer ensemble."

"Des crampes musculaires incroyables m’empêchaent de respirer, d’appeler, de bouger..."

Bien sûr, la maladie revient à lui comme un boomerang lors des moments de douleur corporelle. "Tout le monde va se coucher et je reste seul en bas. Alors que je suis assis, je ressens des crampes musculaires incroyables dans les mains et dans la poitrine m’empêchant de respirer, d’appeler, de bouger... suit le trou noir. Ma femme est descendue parce qu’elle pensait avoir entendu de drôle de gémissement. C’était moi. J’étais couché sur le sol, inconscient. Elle a appelé les secours. Je ne me souviens pas de grand-chose: être assis dans le fauteuil, une envie de vomir, avoir été agressif verbalement, un long trajet mouvementé vers les urgences et l’annonce à ma femme qu’elle ne pouvait pas rester la nuit avec moi par manque de place."

"Profitez ! Essayer de ne plus y penser !" 

Malgré ces moments difficiles à supporter ponctués par des séances de radiations à l’hôpital, Philippe continue de tout préparer pour son mariage prévu le 15 mars prochain. "Quand Mumu s’est levée, nous avons discuté de mariage. Tant de choses à faire, à organiser, à régler avec peut-être si peu de temps. Profitez ! Essayer de ne plus y penser ! Aujourd’hui, je me sens plutôt en forme ! Juste un rhume ! J’ai la tête qui me fait mal, qui bourdonne, qui siffle et qui tourne... je m’y habitue et tente de le cacher pour vivre normalement. Ce n’est vraiment pas grave. Je vais profiter de cette belle journée avec ma future femme (et oui!) et mes enfants.

"Merci à tous pour votre soutien!"

Sa personnalité visiblement joyeuse semble un atout primordial pour continuer à garder le moral. Le jour du Carnaval, il écrit d’ailleurs un mot plein d’énergie et d’humour. "C’est mardi gras aujourd’hui ! On peut rire de tout ! J’ai passé ma vie à rire et à plaisanter ! Ce n’est quand même pas maintenant que je vais me priver ! Mon humour est souvent osé, ben oui, je suis comme ça. Je ne vais quand même pas pleurer pour vous faire plaisir !" Les nombreux mots de soutien lui permettent également de tenir le coup. "Merci à tous pour votre soutien. Que ce soit par petits messages, par aide matérielle, par vos prières. Mais ne me demandez pas de croire à ‘un architecte’ de ma vie qui aurait dans ses plans de laisser seuls mes 6 enfants, ma femme, ma famille et mes amis." Rempli de courage et de ténacité, Philippe continue de suivre ses traitements de radiothérapie et de subir leurs effets secondaires. Tout en attendant avec impatience le jour de son mariage. 

Julie Duynstee

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