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L'auteur présumé de l'attentat dans un hôtel près de Sousse en Tunisie se nomme Seifeddine Rezgui, un Tunisien né en 1992 et originaire de Gaafour (nord-ouest) mais étudiant à Kairouan (centre), selon le secrétaire d'Etat aux affaires sécuritaires Rafik Chelly. Il était inconnu des services de police et a agi seul "a priori".
En apparence, c'était un jeune Tunisien comme beaucoup d'autres, un étudiant en master amateur de breakdance. L'auteur présumé de l'attentat dans un hôtel près de Sousse a pourtant fini dans une flaque de sang, abattu par la police après avoir massacré 38 personnes.
Un jeune de 23 ans en master professionnel
Le jeune homme vêtu d'un short et d'un T-shirt noirs qui a ouvert le feu vendredi sur des touristes en maillot de bain profitant du soleil sur une plage a été identifié par les autorités comme Seifeddine Rezgui, un Tunisien de 23 ans. Originaire de Gaafour, une petite ville du gouvernorat de Siliana, dans le nord-ouest, il était en master professionnel à l'Institut supérieur des études technologiques (Iset) de Kairouan, dans le centre du pays, selon le ministère de l'Intérieur.
"Comment un diplômé universitaire passe-t-il de jeune homme qui réussit ses études à terroriste et tueur d'innocents ?"
"Un élément inconnu de nos services. Son environnement familial était normal", a déclaré le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, à la télévision privée El Hiwar Ettounsi. D'où la stupéfaction, dans sa ville et dans les médias, face à ce "terroriste énigmatique" comme l'a qualifié El Hiwar Ettounsi. "Comment un diplômé universitaire passe-t-il de jeune homme qui réussit ses études à terroriste et tueur d'innocents ?", s'est demandé la chaîne dans un reportage.
"S'il vous plaît, ne me parlez pas", demande son père effondré
Dimanche son père, effondré, recevait les condoléances de quelques personnes dans la modeste petite maison que se partagent plusieurs membres de la famille dans le quartier pauvre de Hay Ezzouhour, à Gaafour. "S'il vous plaît, ne me parlez pas", demandait avec lassitude à des journalistes cet homme qui travaille selon un voisin comme ouvrier mais arrondit ses fins de mois avec de la maçonnerie.
"Comment s'est-il entraîné ? Où s'est-il entraîné ? Seul Dieu le sait. C'est ça qui nous tourmente maintenant"
Comme beaucoup de voisins, l'oncle de Seifeddine Rezgui, Ali, 71 ans, a fait part de sa stupeur. "En 23 ans, il n'a rien fait d'illégal. Il finissait les cours, il riait, il disait bonjour et il passait son chemin", a-t-il raconté à l'AFP. "Comment s'est-il entraîné ? Où s'est-il entraîné ? Seul Dieu le sait. C'est ça qui nous tourmente maintenant", lâche-t-il.
Le jour pécédent l'attentat, il se trouvait à Gaafour et y a travaillé dans un café
L'un de ses cousins, Nizar, 32 ans, a assuré que Seifeddine Rezgui se trouvait le jour précédant l'attentat à Gaafour, où il travaillait occasionnellement comme serveur pour financer ses études. "Il était normal. Il est venu ici, il a travaillé dans le café, il est rentré chez lui, il est allé prier et il s'est assis avec les gars dans le café", a-t-il affirmé. "Tout Gaafour est surpris", a-t-il insisté.
"C'était un très bon danseur de breakdance"
D'autant plus que beaucoup dressent de lui un portrait très éloigné du "soldat du califat" Abou Yahya al-Qayrawani, tel que l'a appelé le groupe Etat islamique dans le communiqué qui a revendiqué l'attentat. Un jeune de la ville affirme ainsi l'avoir côtoyé au club de danse de la maison de jeunes. "C'était un très bon danseur de breakdance", confie le jeune homme à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, disant craindre d'être soupçonné de liens avec l'assaillant présumé et d'être arrêté. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a confirmé qu'il était "passionné de danse", et des médias locaux ont diffusé une vidéo datant de 2010 dans laquelle un jeune homme casquette sur la tête et collier au cou, qui serait Seifeddine Rezgui -surnommé dans le générique "Seif Sésco"- danse le breakdance.
"Dernièrement, ses camarades ont remarqué une espèce de rigorisme, il penchait vers la solitude"
Interrogés par des médias tunisiens, plusieurs de ses voisins à Kairouan disent n'avoir rien remarqué d'"anormal" chez lui. Mais il a, selon des habitants de son quartier à Gaafour, perdu un frère l'an dernier, tué par la foudre, et d'après le ministère de l'Intérieur, le jeune homme s'isolait de plus en plus ces derniers temps. "Dernièrement, ses camarades ont remarqué une espèce de rigorisme, il penchait vers la solitude. Il était plongé dans internet et même à ses amis, il ne voulait pas montrer sur quoi il surfait. Il s'isolait quand il allait sur internet", a assuré Mohamed Ali Aroui.
Si le Premier ministre Habib Essid a indiqué que le passeport de Seifeddine Rezgui ne portait pas de trace de voyages à l'étranger, il n'est pas exclu selon une source de sécurité que le jeune homme se soit rendu en Libye de façon clandestine.