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Ce matin dans sa chronique 90 secondes pour comprendre, Frédéric Moray nous a explique le Sinaï, là où un avion russe s’est écrasé ce week-end. "Attentat terroriste ou pas, l’enquête devra le déterminer, voici pourquoi cette région est considérée comme une poudrière."
Pour bien comprendre, il faut visualiser les lieux. Le Sinaï, sur la carte du monde, c’est un triangle. La base est bordée par la mer méditerranée et la pointe s’enfonce dans la mer rouge. A l’ouest, le Golfe, puis le canal de Suez, à l’est, le Golfe d’Aqaba puis la frontière avec Israël et la Bande de Gaza.
Un territoire de 60 000 km², soit deux fois grand comme la Belgique. Un désert pour la plupart, très aride. Mais il y a aussi quelques stations balnéaires, comme Sharm-el-Sheick, tout au sud.
Pourquoi cette région est-elle considérée comme une poudrière ?
Parce que depuis 2011 et le printemps Arabes, de très nombreux attentats y ont été commis. La région a toujours été la cible de convoitises. Occupée par Israël entre 1967 et 1982, elle a été rendue à l’Egypte contre un traité de paix. Mais les habitants, des Bédouins, sédentarisés pour la plupart, gardent un sentiment d’occupation... Egyptiens de fait, ils se sentent abandonnés par le gouvernement du Caire.
Un terreau idéal évidemment pour le terrorisme djihadiste.
On peut considérer que c’est devenu une zone de non-droit ?
Alors, là aussi il faut s’entendre. Quand on parle du terrorisme dans le Sinaï, ça ne concerne qu’une toute petite partie de la région... dans le Nord-Est. Un triangle d’une dizaine de kilomètres de côté, proche de la frontière avec la Bande de Gaza.
Cette zone-là est hors contrôle. L’armée égyptienne y affronte les djihadistes. Chacun dresse son bilan, compte ses victimes, mais il n’y a pas d’observateurs neutres pour relativiser ces chiffres.
Cette zone serait devenue le théâtre de l’un des plus grands trafics d’êtres humains du monde. Une situation dénoncée régulièrement par des ONG, mais aussi les Nations Unies et le Parlement européen.