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Très attendue sur la crise du coût de la vie, la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss fait son entrée à Downing Street mardi pour remplacer Boris Johnson, qui lui a promis son "fervent" soutien.
"C'est fini, les amis": dans un bref discours devant Downing Street au petit matin, le dirigeant sortant a salué son propre bilan devant des centaines de personnes et s'est comparé à une "fusée ayant accompli sa mission" et rentrant dans l'atmosphère. "J'offrirai à ce gouvernement mon soutien le plus fervent", a-t-il assuré.
Il a ensuite quitté en voiture Downing Street pour s'envoler pour Balmoral (Ecosse) où il va officiellement présenter sa démission à la reine Elizabeth, qui demandera alors à Liz Truss de former un gouvernement, dans une période particulièrement difficile pour le Royaume-Uni, confronté à une crise économique et sociale historique.
Il était le 14e Premier ministre de la souveraine de 96 ans. Depuis sa démission forcée en juillet, il gérait les affaires courantes à Downing Street, le temps de désigner sa remplaçante.
La passation de pouvoir a lieu à Balmoral, résidence d'été de la monarque, et non au palais de Buckingham à Londres comme c'est la tradition, en raison des problèmes de mobilité de la reine.
Elue par 57% des quelque 142.000 membres votants du parti conservateur, contre 43% à son rival Rishi Sunak, l'ancien ministre des Finances, Mme Truss, 47 ans, jusqu'à présent ministre des Affaires étrangères, doit ensuite rentrer à Londres pour s'adresser aux Britanniques dans l'après-midi.
Elle a promis lundi de gouverner "comme une conservatrice", de mettre en place "un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie" et de battre les travaillistes lors des législatives prévues d'ici début 2025.
Sous pression pour aider des millions de Britanniques confrontés à des factures d'énergie qui grimpent de manière astronomique, elle a dit vouloir s'attaquer "à la crise énergétique en (s)'occupant des factures d'énergie des gens, mais aussi en (s')occupant des difficultés à long terme d'approvisionnement en énergie".
- Appels à l'unité -
Troisième femme Première ministre après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019), l'annonce de son gouvernement mardi sera un premier test pour Mme Truss, qui a fait campagne très à droite.
Son ministre des Finances devrait être Kwasi Kwarteng, 47 ans, jusqu'ici secrétaire à l'Energie, partisan comme Mme Truss d'un Etat plus modeste et d'une économie plus déréglementée.
Suella Braverman, 42 ans, conseillère juridique du gouvernement et initialement candidate au poste de Premier ministre, est pressentie au ministère de l'Intérieur. Très à droite, elle héritera du dossier des milliers de migrants illégaux arrivant sur les côtes britanniques, que celle qui la précédait voulait envoyer au Rwanda.
James Cleverly, 53 ans, ministre de l'Education après avoir été secrétaire d'Etat aux affaires européennes, devrait passer aux Affaires étrangères, et Ben Wallace resterait au ministère de la Défense.
M. Kwarteng est d'origine ghanéenne, Mme Braverman d'origine indienne, et la mère de M. Cleverly était originaire du Sierra Leone, une diversité inédite à ces postes clés.
De premières annonces pour essayer d'endiguer la crise économique sont attendues probablement jeudi. Après s'y être opposée durant l'essentiel de sa campagne, Liz Truss pourrait annoncer un gel du prix de l'énergie, aux contours encore flous, pour venir en aide aux ménages et entreprises, selon les médias britanniques.
Mme Truss, qui prône des baisses d'impôts controversées pour relancer la croissance et un gouvernement resserré, aura fort à faire pour rassembler un parti conservateur divisé, au pouvoir depuis 12 ans.
De nombreux députés lui préféraient Rishi Sunak, plus nuancé et jugé plus à même de gérer la crise. Les appels à l'unité se sont multipliés, menés par Boris Johnson qui a demandé aux conservateurs de "la soutenir à 100%".
Lors de l'annonce de sa victoire, Mme Truss a rendu hommage à son "ami". "Boris, tu as réussi le Brexit, tu as écrasé Jeremy Corbyn (ancien leader travailliste), tu as déployé le vaccin (anti-Covid) et tu as tenu tête" au président russe Vladimir Poutine après l'invasion de l'Ukraine, a-t-elle énuméré.
Après avoir quitté Downing Street, Boris Johnson reste député. Il n'a rien dit de ses intentions futures.