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"Ministre des rupins français", voilà le surnom que donne Philippe Moureaux à Didier Reynders. Il n’est pas plus clément avec les riches qui s’installent en Belgique, leur reprochant un manque de solidarité avec les difficultés du monde.
Philippe Moureaux, bourgmestre déchu de Molenbeek-Saint-Jean et sénateur PS, n’est pas tendre envers Didier Reynders. Quand Fabrice Grosfilley lui demande ce mercredi matin sur les ondes de Bel RTL son avis sur la Belgique en tant que nouveau paradis pour riches, il plaisante en qualifiant le ministre des Affaires étrangères de "ministre des rupins français".
Fabrice Grosfilley: Vous pensez que la Belgique est en train de devenir un paradis pour riches, notamment pour riches français ?
Philippe Moureaux: Il n’y a pas que la Belgique, parce qu’on parle de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse… Vous savez, vous parlez de l’affaire Depardieu. Je trouve qu’on a fait un peu trop sur cette affaire parce que c’est lui, c’est un cas parmi bien d’autres. Ce qui est évidemment affligeant, c’est de voir ces gens qui ont des revenus très importants ne pas vouloir être solidaires des difficultés du monde. Je fais la comparaison entre ces gens modestes qui ont déjà difficile à terminer le mois et à qui on demande déjà des efforts et de les accepter, et il y a des gens, au lieu d’avoir 11 voitures, ils auront 10 voitures. Renâcler, c’est à la limite de l’incivisme.
F. G.: Quand on dit Didier Reynders ou Charles Michel applaudissent, et se disent les riches Français viennent, c’est très bon pour la Belgique, c’est très flatteur, vous pas ?
P.M.: Vous vous souvenez, quand j’ai dit que Didier Reynders était le ministre des rupins. Maintenant il est le ministre des rupins français aussi. Il ajoute une médaille à ses décorations déjà nombreuses en cette matière.
F. G.: Si Gérard Depardieu confirme qu’il veut devenir belge, et Bernard Arnault est déjà dans cette voie-là, il a déjà fait une demande, et que leur dossier arrive à la chambre pour être naturalisé, vous pensez qu’il faut voter oui et accepter cette naturalisation ou pas ?
P.M.: Je pense qu’il faut traiter ce dossier comme les autres, mais vous savez qu’en matière de nationalité, on a pris des mesures qui vont entrer en vigueur le premier janvier et qui personnellement me désolent, qui vont rendre pour les gens modestes les choses beaucoup plus difficiles. Faites encore une fois le contraste. On est dans un monde je dirais bipolaire entre les classes populaires et cette couche de riches qui domine. Mais au lieu d’essayer d’un peu rapprocher les choses, on est en train au contraire de les distancer. Le fossé entre les uns et les autres, le fossé entre les quartiers, le fossé entre les personnes est en train de s’élargir et c’est très très inquiétant pour l’avenir.
F. G.: Le journal l’Echo et le Tijd annoncent qu’il y a des enquêtes en cours à Bruxelles sur les sociétés de Bernard Arnault. S’il s’avérait que c’était une expatriation pour des raisons fiscales, il faudrait lui refuser la nationalité belge ou pas ?
P.M.: Je pense que s’il y a un élément négatif, il doit être traité comme les autres. Sur ce plan-là, moi je suis pour un traitement à l’identique.