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Un conseil d’entreprise extraordinaire a eu lieu ce matin dans l’entreprise d'engins de génie civil Caterpillar Gosselies et il a malheureusement confirmé le déplacement de la production à l’étranger, ce qui implicitement veut dire la fermeture de l'usine carolo et un licenciement collectif de plus de 2.000 personnes travaillant encore à Gosselies. Cette annonce entraîne le début de la phase d'information et de consultation avec les partenaires, mais aussi un des plus gros séisme social et économique de ces dernières décennies. L’entreprise étant installée à Gosselies depuis 1965 et étant son 2ème plus important centre de production.
Il n’y a pas que Gosselies qui est concerné ?
Non, une réunion identique s'est déjà tenue hier, en Irlande du Nord et avait aussi annoncé 250 pertes d’emplois. Une autre a lieu également ce matin à Grenoble. La direction du constructeur d'engins de génie civil Caterpillar envisage de transférer les volumes réalisés sur son site de Gosselies vers Grenoble, en France, et vers d'autres sites dans le monde.
Ce n’est pas la première restructuration chez Caterpillar en Belgique ?
Non, depuis 2009 l’entreprise a connu plusieurs restructuration avec du chômage économique d’abord et ensuite, des licenciements ... La dernière en date ayant coûté 1.300 personnes pertes d’emploi en 2014.
Quelles sont les raisons pour lesquelles Caterpillar Gosselies risque de fermer ses portes ?
Il y a d’abord les états de la zone euro qui se serrent la ceinture au niveau budgétaire, ils investissent moins, font moins de grands travaux. Les entreprises européennes ont donc mécaniquement besoin de moins de machines. Et quand elles doivent renouveler leur parc, elles sont plutôt tentées d’importer des machines moins chères, d’autres marques, coréennes ou chinoises. Résultat, non seulement les ventes de machines diminuent en Europe, mais aussi les revenus des services après-vente. Pourquoi alors conserver des capacités de production dans un pays où la main d’œuvre est chère et qui vont quand même devoir être exportées. Autant produire dans ces pays-là.
Et justement, c’est le deuxième problème de Caterpillar. Ces pays-là, ces BRICS qui ont tiré les ventes de Caterpillar ces dernières années, sont aussi pour la plupart rentrés en récession. Avec une conséquence, ou une cause, c’est comme vous voulez, c’est l’effondrement d’un des grands débouchés de Caterpillar, celui de l’extraction minière et du pétrole. Lorsque le prix des matières premières était à la hausse, les entreprises de ces secteurs achetaient des machines Caterpillar à tour de bras. Aujourd’hui que leurs prix se sont écrasés, ils n’en achètent presque plus et jusqu’à 20% de leur parc de machines est non-utilisé. Le Groupe Caterpillar est donc en surcapacité et doit adapter son offre à la demande des clients.
Quelle est la stratégie de Caterpillar pour s’adapter à cette surcapacité et comment impacte-elle l’usine de Gosselies ?
La stratégie est simple à comprendre, il faut diminuer les coûts et sous-traiter plus d’activité pour permettre à l’entreprise de s’adapter à la baisse de la demande. Depuis mi-2015, Caterpillar s’est engagé dans un programme de réduction drastique des coûts, éliminant en un peu plus d’une année 14.000 jobs de par le monde et fermant une vingtaine de sites. En recourant aussi beaucoup plus à la sous-traitance. Avec un objectif : diminuer ses coûts d’un milliard et demi de dollars pour la fin de cette année. Une opération de restructuration qui est estimée à 700 millions de dollars.
Pourquoi une délocalisation des lignes vers Grenoble ?
C’est actuellement difficile à dire. Dans un groupe industriel comme Caterpillar, chaque usine est un peu mise en concurrence avec les autres, sur toute une série d’indicateurs, on appelle cela un benchmark. Selon ce que l’on sait, les travailleurs de Caterpillar sont très bons, ont une bonne productivité, mais plus que probablement ils ont un coût plus élevé que dans la majorité des pays européens. Sans doute aussi une moins grande flexibilité industrielle.
L’autre argument a trait à ce que produit Caterpillar à Gosselies. Il y a plus que probablement un raisonnement sur un rassemblement de produits en fonction de leur succès. Caterpillar paie sans doute aussi et surtout de ne pas avoir la bonne production au bon moment.
Gosselies produit sur le site des chargeuses sur pneus et des pelles hydrauliques ainsi que des composants tels que cylindres et distributeurs hydrauliques, engrenages, essieux et réducteurs.
Et une écrasante part de la production est destinée à l'exportation. Est-ce que Grenoble est plus près de certains gros clients, est-ce que Grenoble dispose d’un savoir-faire et d’une production dans des produits qui se vendent mieux que ceux de Gosselies, tout cela sera plus clair dans quelques jours.
Comment va financièrement parlant la société Caterpillar ?
Elle a connu depuis 2013 une forte baisse de son chiffre d’affaire, passant brutalement de 65 milliards de dollars à 47 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
Mais l’entreprise gagne toujours de l’argent ?
Oui, si son chiffre d’affaires est en baisse, ses profits sont en baisse également mais restent positifs. Le bénéfice net pour 2015 avait chuté de 43% à 2,102 milliards de dollars.
Alors, c’est sans doute difficile à comprendre, mais heureusement qu’il reste des profits. Une entreprise se restructure quand elle a de l’argent en caisse et pas quand elle est exsangue, car une restructuration coûte toujours cher. Dans le cas de Caterpillar, cette restructuration a d’abord été évaluée à 500 millions de dollars et dépasse aujourd’hui les 700 millions.