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Charles Dumont, infatigable compositeur et chanteur de l'amour

Charles Dumont, qui reprend à 80 ans vingt standards de la chanson d'amour, a traversé la scène musicale française des cinquante dernières années, depuis ses collaborations avec Edith Piaf ou Dalida jusqu'à sa carrière d'interprète.

"Je suis le Lazare de la chanson française", se plaît-il à dire, paré de sa veste en cuir sombre, à l'heure d'évoquer son parcours, constitué de tubes comme "Non, je ne regrette rien" ou "Les flonflons du bal" composés pour la "Môme". Mais aussi de quelques revers.

Elève au Conservatoire, où il étudie la trompette, ce natif de Cahors amoureux de jazz déménage à Paris à la fin des années 40. Contraint d'arrêter la pratique de son instrument après une ablation des amygdales, il se tourne vers le piano et la composition.

Sa carrière décolle lorsqu'il rencontre le parolier Michel Vaucaire, l'époux de la chanteuse Cora Vaucaire, dont il met les textes en musique.

Charles Dumont collabore alors avec plusieurs vedettes de l'époque: Dalida, Tino Rossi, Luis Mariano... A cette période, il se lance aussi dans la chanson avec deux 45 tours qui ne rencontrent pas le succès.

Son rêve de rencontrer Edith Piaf pour lui proposer des compositions va alors prendre forme, après qu'il a essuyé plusieurs fins de non-recevoir.

"Elle pensait que mon accent du Sud-Ouest était le signe que je n'étais pas sérieux", raconte-t-il.

Le rendez-vous a lieu en 1960: Michel Vaucaire et Charles Dumont lui font écouter "Non, je ne regrette rien". C'est le début d'une collaboration fructueuse qui donnera naissance à plus de trente morceaux. Edith Piaf invite même son compositeur à l'accompagner sur le titre "Les amants" en 1962.

Le décès de la chanteuse en 1963 le laisse face à un grand vide.

Ecoutant ses conseils, il reprend son micro, sans guère plus de réussite.

Dans le même temps, il compose par exemple pour la série télévisée "Michel Vaillant", "un travail alimentaire", reconnaît-il.

Le deuxième tournant de sa carrière, en 1967, est le fruit d'une rencontre avec une autre femme, Sophie Makhno, alors directrice artistique chez CBS après avoir été secrétaire de Barbara.

"Elle m'a dit: +Tu marches à côté de tes pompes+ et elle avait raison. Je faisais des chansons contestataires qui ne marchaient pas", se remémore-t-il.

Leur première collaboration, "Ta cigarette après l'amour", est censurée et ne peut sortir qu'après mai-68.

Reconverti en crooner séducteur, il chante depuis l'amour sur des albums aux noms évocateurs: "Les amours impossibles", "Aime-moi", "Pense à moi"...

Le disque "Une femme" lui vaut en 1973 de recevoir le prix de l'académie Charles-Cros.

Après avoir fêté ses cinquante ans de carrière en 2004 au Bataclan, il revient avec "Charles Dumont chante l'amour" (Sony Music), un double album où il reprend vingt des plus célèbres chansons d'amour, dont "La vie en rose", "Quand on a que l'amour", "Parlez-moi d'amour"... avec une voix intacte malgré son âge.

"Il faut éviter les excès, ne pas passer son temps à crier", avec "cette chance qui permet de la préserver", s'amuse-t-il avec un large sourire.

A l'heure de faire un bilan, regrette-t-il des choses contrairement à la chanson à laquelle il a donné naissance ?

"Il y a forcément des regrets dans une vie, ne serait-ce que parce qu'il y a des gens qu'on aime qui disparaissent", consent-il.

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