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Yvan Colonna: le parquet antiterroriste saisi, le militant toujours dans le coma

Le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi jeudi de l'enquête sur la violente agression à la prison d'Arles qui a plongé dans le coma le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, sur fond de tensions dans l'île autour du mot d'ordre "L'Etat français assassin".

L'agresseur, Franck Elong Abé, un Camerounais de 36 ans présenté comme un "jihadiste", purgeait une peine de neuf ans d'emprisonnement pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme".

Selon plusieurs sources proches du dossier, il a expliqué aux enquêteurs son geste par un "blasphème" attribué à Yvan Colonna qui aurait, selon lui, "mal parlé du prophète".

"Les circonstances des faits et les premiers éléments d'enquête qui semblent, en l'état, exclure un différend d'ordre personnel, motivent cette saisine", a indiqué de son côté le Pnat dans un communiqué, ajoutant que sa compétence "résulte également de l'exécution en cours d'une peine pour infraction terroriste par la personne mise en cause".

La garde à vue de Franck Elong Abé se poursuit désormais pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".

La saisine du Pnat "va entraîner la prolongation de la garde à vue jusqu'à 96 heures, et l'auteur des faits devrait donc être transféré de Marseille vers les locaux de la SDAT (sous-direction antiterroriste) d'ici vendredi soir", a-t-elle ajouté.

"Nous allons faire tout ce qu'il faut évidemment pour que la vérité soit faite", a promis sur France Inter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Yvan Colonna, 61 ans, était toujours dans le coma jeudi à Marseille, dans un état stable, a indiqué à l'AFP Me Patrice Spinosi, son avocat et celui de la famille Colonna, insistant sur le fait qu'il n'était pas en état de mort cérébrale.

Le militant indépendantiste, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été victime "d'une strangulation à mains nues puis d'un étouffement" pendant qu'il faisait de la musculation seul, avait indiqué mercredi le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.

Mais en Corse les interrogations et les accusations fusent sur une possible responsabilité de l'Etat alors qu'Yvan Colonna réclamait de longue date son rapprochement sur l'île.

- "Gloire à toi Yvan" -

Ses multiples demandes avaient été systématiquement refusées, le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) du militant corse l'empêchant d'être transféré à la prison corse de Borgo.

Après des rassemblements à Ajaccio, Bastia et Corte mercredi soir, c'est l'université de Corte qui a été bloquée jeudi.

Des poubelles et des palettes ont été disposées pour bloquer l'entrée. Sur la façade, deux banderoles portant des messages en corse étaient brandies: "statu francese Assassinu" (l'Etat français assassin) et "Gloria a te Yvan" (Gloire à toi Yvan).

Au terme d'un rassemblement d'une heure et demie dans l'après-midi à l'université de Corse, trois syndicats étudiants nationalistes ont appelé à une grande manifestation dimanche à 14h00 à Corte, l'ancienne capitale de l'île.

Le parti indépendantiste Corsica Libera, qui avait lui appelé "à marcher contre la préfecture" samedi à Ajaccio, a indiqué à l'AFP avoir annulé cette marche et s'associer désormais à l'initiative des étudiants pour dimanche.

Des gendarmes mobiles et des CRS ont été envoyés en renfort sur l'île en prévision des manifestations à venir. "Des forces répressives prêtes à mater du Corse", a dénoncé le Syndicat des travailleurs corses (STC) des deux compagnies maritimes de l'île dans un communiqué jeudi soir, en appelant à "entraver leur débarquement".

Pointant "une situation de tension extrême", M. Simeoni a appelé au calme: "la Corse n'a pas aujourd'hui intérêt à entrer dans une logique de tensions ou d'affrontements", (...) mais pour cela "il faut être deux, et pour l'instant, malheureusement, nous avons été totalement seuls avec pour seule réponse de Paris, le silence, le mépris et le refus d'appliquer le droit".

Le berger de Cargèse avait été arrêté le 4 juillet 2003 près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud), après quatre ans de cavale.

Huit ans plus tard, et après trois procès, celui qui a toujours affirmé n'avoir "jamais tué" personne avait été condamné le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac. Il l'a toujours nié.

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