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Patrick habite à Crisnée, dans la province de Liège. Récemment, il a voulu acquérir un camping car. Au fil de ses recherches, il tombe sur un profil Facebook 'Camping-cars', se faisant passer pour un vendeur. Ils vont lui extorquer plus de 4 000 €...
Les vacances en camping-car séduisent de plus en plus de Belges chaque année. Patrick et sa femme se sont laissé charmer eux aussi. Le couple a voulu se faire plaisir et donc acheter un de ces véhicules. Mais l’histoire ne s’est pas très bien déroulée pour eux.
"Ma femme et moi voulions acheter un mobil-home. Sur Facebook, nous avons vu l’entreprise ‘Camping-Cars’. C’est une société allemande. Nous avons pris des renseignements et nous avons vu beaucoup de messages disant que tout était bien."
Ces commentaires sur les réseaux rassurent le pensionné. Il prend alors contact avec cette fameuse entreprise. Au bout du fil, un commerçant qui parle français. Patrick se dit qu’il peut lui faire entièrement confiance.
900 € d’acompte et les papiers reçus
"Nous avons donc contacté l’entreprise qui nous demandait 900 € de réservation pour le mobil-home." Le véhicule qu’ils ont commandé coûte 11 000 €. Verser cette somme comme acompte leur semble alors légitime. "Il était prévu que notre véhicule nous soit livré le 23 juin. Nous devions payer le restant à ce moment-là. Jusque-là, tout allait bien."
Ils reçoivent alors le bon de réservation et le numéro de châssis du véhicule. "Nous avons échangé avec le commerçant par écrit, mais également par appel téléphonique." Aucune méfiance n’est émise par ce couple. Seulement 900 € ont été déposés et ils ont déjà tous les documents nécessaires. À ce stade, ils ne s’imaginent pas que ça puisse être une arnaque.
Peu après, ils vont commencer à devoir payer des frais qui n’étaient pas prévus avant le 23 juin. "Il nous a demandé plus de 3 000 € de plus. Selon lui, c’était pour l’assurance, le dédouanement, les frais administratifs allemands." Normalement, cette somme devait être donnée en même temps que la livraison de leur mobil-home. Patrick et sa femme commencent alors à douter.
L'entreprise a joué sur la confiance
"Nous commencions à être refroidis. Il nous a alors rassurés en envoyant une photo de sa carte d’identité et en disant que cette procédure était légale." L’entreprise leur promet également qu’ils ont 14 jours pour se rétracter en cas de problème. Cette même promesse peut être retrouvée sur leurs posts Facebook :
Avec ces arguments, le couple crisnéen met de côté ses pressentiments. "Il a joué sur la confiance. Il a donné des preuves. Nous avons donc payé la somme."
"Ils ont refusé de me livrer"
Le 22 juin, l’entreprise téléphone à Patrick. "La veille de la livraison, ils m’ont dit que la société ne faisait plus trop confiance aux gens et qu’il fallait donc que je paie maintenant la totalité." Il restait alors un peu moins de 7 000 € à payer.
Le Liégeois refuse de payer avant d’avoir son mobil-home et l’entreprise refuse à son tour de livrer. "Comme j’avais 14 jours pour me rétracter, selon ses termes, j’ai demandé qu’il me rembourse ce que j’avais déjà payé."
Dans les messages échangés avec le vendeur, Patrick affirme n’avoir toujours rien reçu de sa part. Celui-ci répond alors que "la comptabilité explique que les 3 156 € étaient versés à l’état pour les taxes". Le Belge est cette fois-ci sûr de lui, il s’est fait arnaquer. "J’ai demandé une preuve et je ne l’ai jamais reçue."
Ci-dessous, la conversation entre Patrick et l'entreprise :
"Nous pouvons faire une croix sur cet argent"
Patrick propose alors un autre procédé. Comme les papiers sont à son nom, il n’a qu’à aller en Allemagne chercher le véhicule. "J’allais payer la totalité sur place, mais ils n’ont pas voulu."
Comprenant que l’entreprise ne ferait rien, il va voir la police et porte plainte."Ils ne pourront rien faire, ils nous l’ont fait comprendre. Nous pouvons faire une croix sur cet argent". Ne voulant pas perdre cet argent, le couple annonce à la société porter plainte, elle leur répond alors par téléphone "vous pouvez, il n’y a pas de soucis".
Le piège des réseaux
Les arnaques pullulent sur les réseaux sociaux, pourtant cela n’a pas refroidi Patrick. "Nous nous sommes dirigés sur Facebook à cause de la concurrence. À Liège, j’avais regardé et pour le même mobil-home, j’étais entre 24.000 et 30.000 €."
Pour un Benimar Tessoro 463 de 2019, la page Facebook Camping-cars propose le mobil-home pour la somme de 37 000 €. En comparaison, le même véhicule est vendu 48 500 € par un concessionnaire belge. Une différence de prix de plus de 10 000 €, qui peut expliquer l'envie de certains d'acheter via les réseaux sociaux.
Ces pages sur les réseaux sociaux se font passer pour de vraies entreprises, "ils donnent le nom de la société et ils ont même un site internet". Sous les photos, des commentaires demandent des informations, mais ils restent sans réponse.
Mon épouse lui a dit que c’était une arnaque et ils ont effacé notre message
Pour éviter que d’autres ne se fassent avoir, Patrick et sa femme ont essayé de prévenir de futurs acquéreurs. "Une personne avait demandé des renseignements en commentaire, mon épouse lui a répondu que c’était une arnaque. Ils ont directement effacé notre message."
Les conseils d'un vrai vendeur
Pour Frédéric Rosa, collaborateur vente et location à la concession JCR Motorhome, il est possible de reconnaître un véhicule vendu par un véritable concessionnaire d'une arnaque.
Premièrement, les différences évoquées par Patrick sont un indice qu'il s'agit potentiellement d'une escroquerie. "Nous sommes dans un secteur où le prix juste est le prix du marché et je vois en effet des véhicules où par rapport au prix du marché, c'est tellement bas que c'est tout à fait utopique et impossible."
Il faudra compter entre 70 000 et 75 000€
Pour un camping-car basique de 4 personnes, il faudra compter en moyenne entre 70 000 et 75 000€ pour un neuf et entre 50.000 et 55 000 € pour un véhicule d'occasion.
"10.000 ou 15 000 € de différence, c'est déjà beaucoup trop. Les variations ne peuvent pas être aussi importantes. C'est un marché qui est quand même assez concurrentiel. Donc, à produit égal, les différences de prix sont quand même assez limitées."
Patrick l'expliquait plus haut, lui-même est tombé sur cette différence de prix phénoménale. Plus de 13 000 € d'écart pour le même modèle. "Une trop bonne affaire est toujours une mauvaise affaire. Il ne faut pas être séduit par des offres vraiment trop alléchantes."
Un avertissement qu'émet également la police sur son site internet. "L'escroc, qui se présente comme un vendeur, offre un ou plusieurs objets à la vente (voiture, GSM, matériel électronique, etc.) à un prix anormalement bas" peut-on lire..
"C'est quand même une maison sur roue"
Selon le collaborateur, le bon déroulement d'une vente de camping-car se déroule en trois étapes. Si une d'elles n'est pas réalisée, le doute peut se faire.
Le collaborateur préconise une phase d'essai "afin d'être sûr que le véhicule qu'ils envisagent correspond bien à leurs besoins pas seulement sur papier, mais dans les faits également."
Cette partie est pour Frédéric indispensable à l'achat d'un camping-car. "C'est quand même une maison sur roue." Pourtant, elle est impossible à réaliser sans venir à la concession. Ici, pour lui, il faut déjà être vigilant.
Livaison et paiement: le tout au même moment
Ensuite, il réalise la deuxième étape est axée sur l'administratif. " Nous rédigeons un bon de commande qui engage à la fois le vendeur et l'acheteur et nous identifions le véhicule au travers d'un numéro de châssis, un numéro unique, de sorte que le client soit rassuré quant au véhicule qu'il va recevoir."
Le client ne libère la totalité des fonds qu'au moment où il reçoit les clés du véhicule
Mais, comme l'histoire de Patrick le démontre, les arnaqueurs donnent à voir également un numéro de châssis ainsi qu'un bon de commande. " Si vous avez un bon de commande chez nous avec un numéro de châssis, ça signifie que le véhicule est visible et sur le pare-brise, il y est."
Il faudrait alors demander aux vendeurs en ligne de prouver que le numéro de châssis figure bien sur le véhicule avec une vidéo, une photo ou encore la possibilité de voir l'engin sur place.
La dernière étape est celle du paiement et de la livraison. Au niveau du paiement, " il y a naturellement un acompte. Le client ne libère la totalité des fonds qu'au moment où il reçoit physiquement les clés du véhicule et qu'il puisse dès lors s'assurer que c'est quand on lui livre correspond à ce qu'il a commandé."
Autrement dit, pas question de payer la totalité du véhicule avant d’avoir eu les clefs en main. De plus, mis à part l’acompte, en achetant en Belgique, aucuns frais supplémentaires ne devrait être demandé avant la livraison.
Safeonweb: lutter contre les arnaques
Ce genre d'arnaque est désormais fréquent. Afin de les éviter, il faut faire attention à diverses caractéristiques de la vente.
Ils pourront les utiliser pour commettre d'autres crimes
Safeonweb, une initiative du centre pour la Cybersécurité en Belgique, est un site internet où plusieurs conseils sont donnés pour éviter de tomber dans le piège des arnaques en ligne. Selon ce dernier, il faut également prendre garde si une des situations suivantes vous arrive :
- On vous demande de finaliser la vente en dehors du site.
- On vous demande de payer en passant par une société de livraison ou de transport.
- On vous demande de procéder à une vérification bancaire.
- L’acheteur vous propose un montant supérieur à celui que vous demandez.
- On vous demande de payer un acompte pour confirmer la vente.
Au niveau du paiement, il ne faut jamais payer "via un lien qui vous est envoyé par un acheteur ou un vendeur. Ces liens vous conduisent à un faux site web où les fraudeurs vous demandent vos coordonnées bancaires" peut-on lire sur Safeonweb. Deux moyens de paiement sont sécurisés : payer en espèces lors de la remise de la marchandise ou payer via votre banque.
Il faut également éviter des communiquer "des informations à caractère confidentiel, dont des documents d'identité ou des données bancaires". En effet, "les escrocs pourront en effet les utiliser pour commettre d'autres faits criminels" précise le site de la police.