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Catherine achète une crème en Belgique mais... le produit contient une substance toxique interdite dans l'UE depuis 2 ans

Catherine nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous car elle a acheté une crème hydratante dans un commerce en Belgique qui contient pas moins de 3 substances toxiques interdites à la vente dans l'Union Européenne. Comment est-ce possible? Des contrôles sont-ils organisés pour vérifier la conformité des produits cosmétiques vendus dans notre pays? Est-ce que ça arrive souvent? Explications. 

Catherine, habitante de Rixensart, pensait acheter une crème naturelle. En tout cas, c'est ce que laissait penser le packaging épuré du cosmétique, avec ses feuilles d'Aloe Vera, sa couleur verte et sa mention "100% pur Aloe Vera". Début janvier, Catherine pensait donc faire une bonne affaire en se procurant cette crème hydratante pour le visage et le corps dans un commerce belge à Genval.

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Comme à son habitude, une fois arrivée chez elle, Catherine vérifie la crème achetée via l'application Yuka (ndlr, évalue l’impact d'un produit alimentaire ou cosmétique sur la santé). Et là, surprise: "J’ai constaté que c’était en fait très mauvais comme produit, et qu’il y avait une substance toxique à risque", nous explique-t-elle. Mais Catherine n'est pas au bout de ses surprises... 

Une substance toxique interdite à la vente dans l'UE depuis 2022 

Cette substance, c'est le butylphényl methylpropional, aussi appelé Lilial ou BMHCA. Il s'agit d'un composé chimique couramment utilisé comme parfum dans les produits cosmétiques. On le retrouve notamment dans les gels douche, shampooings, déodorants, eaux de toilette, eaux de parfum, baumes après-rasage, fonds de teint, crèmes de soin, laits corporels, ou encore lingettes pour bébé.

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Son utilisation dans les produits cosmétiques est interdite par l'Union européenne depuis mars 2022 car il est suspecté d’être un perturbateur endocrinien et peut donc affecter durablement la santé des personnes exposées à cette molécule, pouvant notamment générer des pathologies telles que des cancers ou encore de l'infertilité. Il est donc interdit de commercialiser des produits cosmétiques contenant du Lilial en Europe depuis 2 ans. Sa présence n'est par contre pas interdite dans les produits ménagers comme les détergents.

Mais revenons à notre crème achetée dans un commerce belge. Comment est-il possible que ce produit, pourtant fabriqué en Espagne et donc dans l'Union Européenne, contienne une substance interdite? Et comment est-ce possible que ce même produit se retrouve à la vente dans des magasins belges?  

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La crème contient deux autres substances interdites dans l'UE depuis... 2016

Autre problème avec cette crème hydratante: deux autres substances toxiques interdites dans l'Union Européenne font partie des ingrédients. Il s'agit de la methylchlorothiazolinone, aussi appelée MCIT, souvent utilisé en complément de la méthylisothiazolinone, aussi appelée MIT. Ces deux molécules sont utilisées comme agent conservateur dans les produits cosmétiques, ménagers ou encore les peintures à l'eau. 

Mais depuis avril 2016, elles sont interdites sur le marché européen dans les produits cosmétiques sans rinçage comme les crèmes. Car ces conservateurs sont considérés comme de puissants allergènes, des perturbateurs endocriniens et seraient aussi en lien avec certains cancers.

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Alors cette crème pose question: comment un tel produit, contenant 3 substances toxiques interdites dans l'UE, peut-il se retrouver à la vente dans notre pays? 

Le marché européen est très règlementé, mais certains produits passent quand même entre les mailles du filet

Si le marché européen est très règlementé, et en constante évolution, certains produits peuvent passer entre les mailles du filet des contrôles. Mais, une fois qu'une substance ou un produit est interdit sur le marché européen, qu'est-ce qu'il se passe? Quelle est la procédure? 

Justine Cerise, porte-parole du SPF Santé Publique nous éclaire: "En cas d’évolution de la réglementation, les producteurs ne sont pas directement contactés. Par contre, c'est bien de leur responsabilité d'effectuer une veille pour se tenir à jour des réglementations. Ils doivent ensuite prévenir les détaillants que le produit doit être rappelé. Le SPF Santé Publique informe cependant le secteur (associations professionnelles de cosmétiques) qui se charge de répandre aussi l’information à ses membres", nous explique-t-elle. 

Les magasins font ensuite ce qu'on appelle un rappel de produit. Lorsqu'il y a erreur et qu'un produit se retrouve quand même commercialisé, il est toujours compliqué de savoir à qui revient la faute (producteurs, détaillants qui ont oublié, un produit isolé, etc.), ajoute Justine Cerise. 

Des contrôles régulièrement organisés par le SPF Santé Publique

Des contrôles sont donc régulièrement organisés afin de vérifier tout cela. C'est le service d’inspection du SPF Santé Publique qui s'occupe d'opérer ces contrôles et qui se rend donc chez différents détaillants. L'étiquetage, la liste des ingrédients, le numéro du lot, ou encore la date de péremption font partie des contrôles de routine. 

En 2023, 2.207 distributeurs ont été contrôlés en Belgique. Dans 53% des contrôles, des non-conformités ont été constatées. Parmi celles-ci, les inspecteurs ont constaté 890 fois la présence de butylphényl méthylpropional, pourtant interdit depuis mars 2022

Quelles conséquences si un produit non-conforme se retrouve à la vente?

"En cas de doutes ou de non-conformité, nous prenons contact avec la personne responsable du produit pour le faire retirer, ou pour demander des informations complémentaires. Si le produit présente une non-conformité critique, nous le retirons directement du magasin dans lequel il se trouvait et nous exigeons du distributeur qu’il retire le produit de tous ses autres magasins le cas échéant", détaille le SPF Santé Publique.

"Nous demandons aussi les factures pour identifier le grossiste pour que lui-même prenne les mesures nécessaires auprès de ses 'clients'", ajoute-t-il. Les produits non-conformes sont donc retirés du marché belge pour être détruits, selon la loi du 24 janvier 1977. Dans le cas de la crème achetée par Catherine, le SPF Santé Publique ne prend pas cela à la légère et a lancé une enquête afin de comprendre ce qu'il s'est passé. Les producteurs et distributeurs en faute peuvent recevoir des amendes dont le montant varie. 

Attention aux cosmétiques en vente sur internet qui sont bien moins facilement contrôlables 

Soyez vigilants aussi aux cosmétiques achetés sur Internet, car les contrôles sont beaucoup plus compliqués et des produits non-conformes peuvent donc s'y retrouver. C'est le cas de la crème achetée par Catherine: on retrouve bien ce même produit sur le site Amazon belge depuis mai 2022, soit après l'interdiction européenne. Mais impossible d'obtenir la réelle liste des ingrédients... 

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Comme vous pouvez le voir ci-dessus, ni le Lilial (ou butylphenyl methylpropional), ni le MIT/MCIT (methylisothiazolinone/methylchlorothiazolinone) ne sont mentionnés dans la liste d'ingrédients fournie sur le site... 

Quelques conseils pour éviter d'acheter un produit nocif et toxique 

Le conseil, c'est donc de toujours vérifier la composition de vos produits de beauté. Pour ça, les applications comme Yuka sont votre meilleur allié. Il existe aussi des sites internet comme Test-Achats ou Que choisir en France qui peuvent vous donner des indications sur certains produits. 

En cas d’allergie, rendez-vous immédiatement chez votre médecin généraliste ou chez votre dermatologue AVEC le cosmétique en question. 

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