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Le nouveau coronavirus poursuit ses ravages aux Etats-Unis mais un ralentissement de la mortalité a alimenté l'espoir dimanche en Europe, où les dirigeants, à commencer par la reine Elisabeth II, ont appelé à ne pas baisser la garde pour autant.
"Nous vaincrons", a promis la souveraine aux Britanniques dans une rare allocution diffusée au moment où le Premier ministre Boris Johnson, atteint du Covid-19, était hospitalisé "pour des examens".
Née en décembre en Chine avant de contaminer toute la planète, la pandémie a fait plus de 68.000 morts dans le monde, selon le dernier comptage de l'AFP, mais semble amorcer un repli en Italie, en Espagne et en France.
A Rome, les autorités ont comptabilisé 525 morts en un jour, le nombre le plus bas depuis plus de deux semaines.
"La courbe a commencé sa descente", s'est félicité le patron de l'Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro. La baisse du nombre des morts "est une donnée très importante", dans un pays qui a payé, avec un total de plus de 16.000 décès, un terrible tribut à la pandémie.
Le ministre de la Santé Roberto Speranza s'est toutefois empressé de prévenir que "l'urgence n'est pas finie. Le danger n'a pas disparu. Nous avons encore quelques mois difficiles devant nous, ne gâchons pas les sacrifices consentis".
A Madrid, les 674 décès enregistrés dimanche ont marqué le troisième jour consécutif de baisse de la macabre statistique.
"La pression diminue", s'est félicité Maria José Sierra, du Centre d'alertes sanitaires, relevant "une certaine décrue" dans le nombre des hospitalisations et des admissions en soins intensifs.
- "Situation plus stable"
Empar Loren, une infirmière à l'hôpital Arnau de Vilanova à Lérida, en Catalogne, a confirmé : "la situation est plus stable. Le nombre des patients en unité de soins intensifs n'augmente plus tellement et nous commençons à avoir pas mal de sorties".
En France, 357 morts ont été enregistrés dimanche, le chiffre le plus bas depuis une semaine.
Les strictes mesures de confinement, qui concernent plus de la moitié des habitants de la planète, semblent donc commencer à porter leurs fruits, même si partout les autorités redoutent un relâchement de la population avec l'arrivée des beaux jours.
Nulle part ces mesures n'ont été mieux illustrées qu'au Vatican, où le pape François a célébré l'entrée dans la semaine sainte de Pâques dans une basilique Saint-Pierre vide de fidèles, seulement accompagné de religieux et religieuses, avec une seule personne par banc.
"Regardez les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci: ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres !", a lancé le pape dans son homélie.
La ligne de front de la maladie semble s'être déplacée vers les Etats-Unis, où les chiffres de contamination et des décès explosent, faisant craindre une hécatombe dans les jours à venir.
"La semaine prochaine sera un moment comme Pearl Harbor, comme le 11 septembre, sauf que ce ne sera pas localisé, ce sera dans tout le pays", a prévenu l'administrateur fédéral des services de santé publique, Jerome Adams.
Le pays a déjà perdu plus de 9.000 vies, dont environ 4.100 pour le seul Etat de New York, épicentre de la pandémie.
Les autorités locales ont sonné la mobilisation générale pour renforcer des structures de santé exsangues. "Médecins, infirmiers, spécialistes de la respiration... à tous ceux qui ne sont pas déjà dans la bataille: nous avons besoin de vous", a lancé le maire démocrate de New York Bill de Blasio.
- "Des jours meilleurs" -
Dans une allocution télévisée solennelle, la quatrième depuis le début de son règne il y a 68 ans, la reine du Royaume-Uni et du Commonwealth a appelé ses concitoyens à tenir bon.
"Nous pourrions avoir à endurer plus encore", a-t-elle reconnu, alors que le royaume-Uni déplore déjà près de 5.000 morts. "Mais des jours meilleurs viendront", a assuré Elisabeth II, en appelant les Britanniques à lutter avec "détermination" contre la pandémie.
Son fils héritier Charles (71 ans) a contracté la maladie, mais est récemment sorti de quarantaine, en bonne santé. Le Premier ministre Boris Johnson, testé positif il y a dix jours, a lui dû être hospitalisé "par précaution", selon ses services. Agé de 55ans, il avait annoncé vendredi avoir une fièvre persistante.
Très critiqué pour la gestion de la crise, le gouvernement a une nouvelle fois exhorté dimanche les Britanniques à respecter le confinement. "Ce n'est pas une demande, c'est une exigence inscrite dans la loi", a insisté le ministre de la Santé Matt Hancock.
Ailleurs dans le monde, les motifs d'inquiétude restent nombreux, en particulier dans les pays pauvres, en crise, ou pour les populations particulièrement à risque. En Grèce, un deuxième camp de migrants près d'Athènes a été placé dimanche en quarantaine.
- Masques chinois -
En Iran, la propagation a ralenti pour le cinquième jour de suite avec 151 décès supplémentaires en 24 heures (pour 3.603 morts au total), ont affirmé dimanche les autorités, laissant entrevoir une reprise progressive de certaines activités économiques à partir du 11 avril.
Dimanche, la Chine a indiqué avoir vendu depuis début mars près de quatre milliards de masques et d'équipements médicaux à une cinquantaine de pays étrangers, pour une valeur totale de plus de 1,33 milliard d'euros.
Malgré le recul du nombre de cas sur son territoire, Pékin a encouragé les usines à accroître leur production d'équipements médicaux, au moment où d'autres pays affrontent une pénurie et se livrent une concurrence sans vergogne pour mettre la main sur les précieux bouts de tissu.
Certains pays, comme les Pays-Bas et l'Espagne, se sont toutefois plaints de la qualité de ces matériels importés de Chine.
Ces livraisons chinoises ont pris d'autant plus d'importance que les discours officiels sur le port du masque ont évolué ces derniers jours, plusieurs gouvernements recommandant à présent le port du masque généralisé.
burs-chp/avz