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"On a eu énormément de chance": Arles respirait mardi après une tornade aussi violente que localisée qui n'a fait ni mort ni blessé grave malgré les toitures arrachées, les arbres déracinés et un camping dévasté.
Un trampoline accroché aux branches d'un arbre, un mobile home cul par-dessus tête, des tôles épaisses tordues comme du carton... Le spectacle de dévastation mardi matin dans le quartier de Pont-de-Crau témoignait de l'intensité des vents.
La tornade, "un passage pluvio-orageux qui s'est accompagné de vents tourbillonnants" selon les pompiers, a tracé en ligne droite vers 04H40 sur environ 800 mètres.
Sur son passage, une zone de 60 hectares, 173 maisons ont été endommagées dont 10 ont été déclarées inhabitables, selon un communiqué publié par les pompiers des Bouches-du-Rhône mardi soir. Parmi les maisons gravement touchées, celle d'un couple et de son bébé de trois ans qui se sont tout à coup retrouvés à la belle étoile, la toiture totalement envolée, a précisé le maire PCF d'Arles Hervé Schiavetti.
"On a eu énormément de chance qu'il n'y ait que des dégâts matériels", soufflait en milieu d'après-midi le maire, à l’œuvre avec la préfecture pour faire reconnaître rapidement l'état de catastrophe naturelle. Mardi soir, 44 personnes étaient encore en cours de relogement par la mairie et la sous-préfecture d'Arles.
- Parois arrachées -
Le bilan humain contraste avec l'ampleur des dégâts matériels, dont le montant ne pouvait pas être estimé dans l'immédiat: seules cinq personnes ont été blessées légèrement.
Dans le camping trois étoiles "L'Arlésienne", où séjournaient une soixantaine de personnes, des vacanciers et des saisonniers, selon le couple de propriétaires, les mobil-homes ont été réduits en miettes, les parois littéralement arrachées, ou ont été balayés par les vents.
L'un d'eux s'est "envolé, a frappé la façade des sanitaires et est passé par-dessus, avant d'atterrir 50 mètres plus loin", décrit la gérante Sophie Goupillières. "Cela a duré trois, quatre secondes, on se demandait où on était".
Pauline, sa fille âgée de 20 ans, s'étonne presque d'être encore en un seul morceau: "Je me suis réveillée vers 03H00, ça soufflait énormément, je me suis dit que ça allait me tomber dessus", raconte-t-elle en jogging, baskets boueuses au pied.
Elle dormait dans un mobil-home dont il ne reste que des planches. "D'un coup tout s'est mis à trembler et là c'était le trou noir. J'ai repris mes esprits: la pluie était sur moi, le sol en l'air et les parois m'étaient tombées dessus", poursuit la jeune femme qui a réussi à s'extraire "tremblante" des décombres.
- "C'était l'apocalypse" -
Sébastien Civeaux, propriétaire d'une maison depuis cinq ans, a vu son jardin dévasté et sa toiture arrachée. Une partie de la toiture métallique d'un voisin a atterri sur son terrain où se trouvaient également ses haltères: ces dernières, témoignage de la force du vent, "sont parties", s'étonne-t-il.
"Je dormais quand j'ai entendu un gros vacarme. Des bruits de verre cassé, de tuiles qui s'envolaient. J'ai ouvert la porte et j'y croyais pas, c'était l'apocalypse", raconte à l'AFP ce mécanicien dans la marine. "J'avais l'impression d'être au cœur d'un cyclone", poursuit cet homme originaire de Martinique, où il a déjà vécu ce type de phénomènes météorologiques.
"Je n'ai plus de toiture et il y a de l'eau plein la maison", se désole un peu plus loin Carole Thomas en constatant les dégâts avec ses voisins, entre deux appels aux assurances. "J'ai cru que la maison me tombait sur la tête ! Ça a fait un grand bruit tac-tac-tac-tac-tac !", explique-t-elle en montrant un impact de la taille du poing sur un mur de sa maison, probablement causé par un débris projeté par le vent. Derrière elle, un pin de plusieurs mètres de haut est couché en bord de chaussée.
En milieu d'après-midi, le nettoyage allait bon train et le courant était rétabli dans tout le quartier, selon le maire. Des policiers dissuadaient d'éventuels pillards et la commune assurait avoir fait le nécessaire pour qu'aucun des habitants ne soit sans solution de logement pour la nuit.