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Un mois, jour pour jour, après l'invasion de l'Ukraine: "Je plaide pour créer un espace de négociations avec la Russie", explique Louis Michel

Sur Bel RTL, Louis Michel était l'invité politique du 7h50. L'ancien ministre des Affaires Etrangères a détaillé son point de vue sur la situation en Ukraine et les solutions qu'il préconise.

Nous sommes le 24 mars, soit un mois, jour pour jour, après l'invasion de l'armée russe.

Fabrice Grosfilley : Pour le continent européen, c'est un changement définitif d'ambiance ?

Louis Michel : Poutine a réussi une chose : c'est de solidariser l'Union Européenne et d'ouvrir une perspective de construction de défense européenne, sous la forme d'un renforcement du pilier européen, à l'intérieur de l'OTAN Et ce, avec un élément fondamental : une autonomie de décisions, en fonction des intérêts européens et ne plus se soumettre à la bonne volonté des Etats-Unis.

On devrait pouvoir agir sans l'OTAN si c'est nécessaire. Il est nécessaire de rappeler que, pour l'instant, nous dépendons de l'OTAN. Notre défense et notre sécurité est impossible dans l'intervention de l'OTAN.

FG : A-t-on été trop naïf ? On aurait pu prévoir ce qui allait se passer en Ukraine ?

LM : Evidemment, les problèmes ne datent pas d'aujourd'hui. Après la chute du mur de Berlin, on aurait pu proposer à la Russie un rapprochement avec l'UE et l'OTAN. On aurait pu tester la bonne volonté de la Russie de devenir un partenaire actif. Le climat à l'époque ne s'y prêtait pas, mais cela aurait pu être fait. 

Aujourd'hui, cela n'a plus d'importance. Il faut, le plus vite possible, que l'Europe utilise sa spécificité pour proposer un menu de négociations qui puisse satisfaire tout le monde. Je plaide pour créer cet espace de négociations entre la Russie et l'Ukraine.

FG : Avec les nouveaux sommets, y'aura-t-il de nouvelles sanctions économiques ?

LM : Je ne sais pas vous dire, mais à ce stade, les sanctions sont déjà fortes et cela a déjà des effets sur nous. Si on veut aller plus loin, on prend un risque que les avis divergent au sein même de l'UE, car tout le monde n'a pas les mêmes intérêts. Aujourd'hui, tout le monde est derrière les sanctions, mais il faut éviter de créer des problèmes dans l'Union.

L'ADN fondamental de l'Europe, c'est la paix, ça n'est pas la guerre. Ici, tout doit être fait pour l'éviter.

FG : La menace d'une arme chimique doit être prise au sérieux ?

LM : Il faut toujours prendre au sérieux. Actuellement Poutine s'isole sur le plan international. Il va se sentir de plus en plus infréquentable et pourtant c'est avec lui qu'il faudra négocier pour sortir de cette situation donc il faut se montrer prudent.

FG : N'a-t-on pas un peu sous-estimé le fait de devoir garder une défense en Belgique ?

LM : Le grand discours de la gauche, c'était de désinvestir dans la défense. Ca a été une erreur colossale mais ça n'est pas seulement une erreur de la Belgique. On a laissé les Américains gérer notre société mais il faut pouvoir organiser une défense européenne.

FG : Une guerre qui embrase l'Europe, vous le craignez ?

LM : Non, je n'exprime jamais des craintes comme celle-là, car c'est nourrir le désarroi des gens. Aujourd'hui, on doit avoir du sang-froid et cela qui nous en sortira.

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