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Samsung est bel et bien de retour ! Le géant sud-coréen a connu un année 2018 qu'on peut qualifier de difficile, avec une baisse de ses parts de marché au niveau mondial, au profit de marques chinoises de plus en plus agressives, Huawei et Xiaomi en tête.
Mais 2019 commence bien. Au niveau des chiffres, difficile de se prononcer (le groupe a annoncé au début du mois qu'il anticipait un plongeon de 60% de son bénéfice d'exploitation au premier trimestre, en raison du ralentissement de son activité de puces mémoire, plombée par une demande en berne). Mais au niveau du matériel, c'est une année faste. Pour le grand public, il y a la nouvelle série A (40, 50, 70 et 80): c'est du milieu de gamme mais Samsung semble avoir augmenté la qualité de ce segment, sans toucher au prix. On en parlera dans un test plus poussé d'ici quelques semaines.
Un nouvel objet du désir, pliable
Si l'année est faste pour le géant sud-coréen de l'électronique grand public, c'est aussi et surtout parce qu'il est le premier à commercialiser un nouveau genre de produit, "une nouvelle catégorie", a insisté un responsable de la marque lors d'un évènement à Londres auquel RTL info a assisté. Il s'agit du Galaxy Fold, le premier smartphone pliable du marché. Il aura fallu 7 ans et des dizaines de prototypes pour parvenir à cette vitrine du savoir-faire sud-coréen. C'est "le flagship de nos flagships", assure-t-on au département marketing…
Nous avons pu tester durant une demi-journée cet OVNI, de quoi se faire une première vraie impression sur ce produit étonnant à plusieurs points de vue. C'est avant tout un objet "waouw", un objet du désir, un smartphone que tout le monde va regarder de près et vouloir ouvrir.
Fermé, il est épais et avec un petit écran peu pratique
Replié, le Fold est plus épais que la moyenne mais il est aussi plus étiré verticalement. Il tient étonnamment bien dans la main malgré un encombrement certain (17 mm au niveau le plus épais, pour 263 grammes). La finition est du niveau de Samsung, à savoir excellente.
Dans cette position la moins impressionnante, il est tout-à-fait possible d'utiliser le smartphone, sur un premier écran tactile de 4,5 pouces environ, positionné assez en hauteur, et donc peu pratique à prendre en main. C'est petit mais toutes les applications peuvent être lancées, et il y a les traditionnels boutons virtuels de navigation. "Surtout utile pour décrocher, prendre une photo rapidement, consulter des messages et y répondre", a précisé Samsung lors de la présentation. On est bien d'accord.
Ouvert, il offre une nouvelle manière d'utiliser un smartphone
Sans surprise, c'est lorsqu'on ouvre le Galaxy Fold que la magie opère. Aimantées, les deux parties nécessitent un léger effort pour s'ouvrir. Il y a un accompagnement mécanique pour fixer la position finale, mais c'est en douceur et ça respire la maîtrise technique. La charnière semble être une œuvre d'ingénierie digne des montres suisses.
On dispose de 7,9" de surface de travail au format inédit 14:10. La définition de l'écran est de 2152 x 1536 pixels. C'est presque carré et donc, il y a beaucoup de place. Toutes les applications peuvent se lancer car sur Android, elles doivent pouvoir s'adapter à de nombreuses diagonales depuis longtemps, sur smartphone comme sur tablette.
Certaines d'entre elles comme YouTube, Facebook et Instagram, nous a précisé Samsung, ont été légèrement retravaillées esthétiquement pour s'étendre verticalement, on aperçoit donc la grosse encoche sur la droite. D'autres, comme celle de RTL info, s'affichent dans un format 'smartphone' étiré, et non dans le format plus agréable que l'on retrouve sur les tablettes Android. La preuve que le Fold est un smartphone avant tout.
Après une heure d'usage intensif, on ne peut qu'apprécier cette nouvelle surface de lecture très confortable, que l'on peut plier et mettre en poche très facilement. Même une vidéo YouTube en 16:9 est plus grande, plus immersive. Un jeu vidéo de voiture très poussé au niveau graphique s'affiche en plein écran, et on en prend plein les yeux. On a tout essayé et on n'est pas parvenu à prendre en défaut le format 14:10.
Le côté "carré" ouvre même de nouvelles opportunités pour le multitâche. C'est certainement la plus grande qualité du Fold: permettre d'afficher, par exemple, son flux Twitter sur la gauche, tout en ouvrant sur la droite WhatsApp et un navigateur (maximum 3 applications peuvent tourner en même temps, l'une en affichage intégral, les autres étant divisées en deux dans le sens de la hauteur). Ça n'a l'air de rien, mais pensez au nombre de fois où vous devez passer d'une application à une autre. Ou entrer un numéro de compte reçu par email dans une application bancaire. L'interface de ce multitâche, de plus, a été peaufinée: on peut facilement interchanger et redimensionner les applications ouvertes.
Enfin, détail important: Samsung assure de l'écran. Si vous étiez en mode déplié sur l'affichage d'une carte de Google Maps, l'application continuera de s'afficher sur le petit écran en mode replié, vous permettant par exemple de suivre un itinéraire tout en marchant.
Une énorme fiche technique pour justifier le prix
Le Galaxy Fold n'est pas équipé du processeur maison de Samsung, mais du dernier Snapdragon 855 de Qualcomm. Une puce surpuissante épaulée par 12 GB de RAM (de quoi faire tourner d'innombrables applications en même temps), et 512 GB de stockage interne. Pour justifier le prix très élevé (2.020€ en Belgique), Samsung a donc bien rempli son Fold. Il y a également une double batterie affichant 4.380 mAh au total, 6 caméras (dont le trio qu'on retrouve sur le dos du S10+) pour pouvoir faire des selfies quand le smartphone est ouvert ou fermé. Ajoutez à cela une paire de Galaxy Buds (écouteurs sans fil, rechargeables sans fil également), et une housse à moitié souple en motif carbone, et vous avez une expérience Samsung de premier ordre.
Le grand écran de presque 8 pouces n'est pas en verre (impossible de le rendre suffisamment souple), mais en "couches de polymère avancé". Il est donc nettement plus fragile que sur un smartphone classique, mais quand il n'est pas en main, il est généralement replié. De plus, ouvert, l'écran présente des bordures saillantes qui le protègeront même si vous le retournez, face contre la table.
La rumeur prétendait qu'on apercevait une ligne blanche au niveau de la "pliure" de l'écran. En effet, quand l'écran n'est pas complètement ouvert, donc dans une position intermédiaire impossible à utiliser, on voit que son pli central déforme l'affichage. C'est logique, et quand il est bien ouvert, on ne voit plus rien. Pas d'inquiétude de ce côté. D'autant que, généreux, Samsung offre un an de garantie complète maison (incluant une réparation de l'écran si vous le cassez).
Conclusion
Les précommandes pour le Galaxy Fold de Samsung débutent le 26 avril en Belgique. Il sera disponible exclusivement dans 20 boutiques Proximus jusqu'en juillet, puis dans d'autres enseignes. Mais ne vous attendez pas à le croiser partout: Samsung a limité la production du Fold et la Belgique n'aura droit qu'à quelques centaines d'exemplaires par mois, d'après nos informations.
Après une demi-journée d'utilisation, il est difficile de se faire un avis catégorique sur le Galaxy Fold. La grande surface d'affichage est certes confortable, mais en a-t-on besoin pour afficher son fil d'actu Facebook ou ses emails ? Chacun devra se faire un avis, mais souvenez-vous qu'il y a 3 ans, on riait devant les écrans de 5 pouces de diagonale (et ils en font souvent 6 désormais).
Le Galaxy Fold est avant toute chose une vitrine technologique, une mise au point de Samsung face à ses détracteurs et concurrents chinois qui lui reprochaient un manque d'innovation. Pliable, le Fold n'est pas très encombrant dans une poche de jeans, mais ouvre la voie à une nouvelle manière d'utiliser un smartphone, grâce à un vrai multitâche sur son écran déplié de presque 8 pouces de diagonale.
Prouesse technique et grande première mondiale, le Fold n'affiche pas le meilleur rapport qualité-prix de l'année, c'est logique. Il est destiné à ceux qui veulent être les premiers, qui veulent susciter un effet "waouw" autour d'eux et… qui ont 2.020€ à consacrer à un smartphone.
Vaut-il cette somme colossale ? Si on tient compte des 7 ans de recherche et développement, oui, à n'en pas douter. Il serait cependant plus raisonnable d'attendre un ou deux ans: si le concept prend (Huawei, Xiaomi et d'autres vont imiter Samsung dans les prochains mois), les prix vont baisser très rapidement.
!! MISE À JOUR !!
Après la publication de notre article, plusieurs journalistes aux Etats-Unis, qui ont eux reçu un exemplaire de test, ont connu des pannes conséquentes après un ou deux jours d'utilisation. Mark Gurman de Bloomberg, Dieter Bohn de The Verge, Steve Kovach de CNBC: ils ont publié des photos/vidéos sur Twitter prouvant un solide problème d'écran.
Les murs doivent être en train de trembler chez Samsung, qui a tout intérêt à éviter un 'bad buz' similaire au Note 7, un grand smartphone dont la batterie avait explosé chez plusieurs utilisateurs. "Nous inspecterons attentivement ces unités pour déterminer la cause du problème", a simplement réagi Samsung dans un communiqué. Le géant sud-coréen a-t-il voulu aller trop vite, malgré l'immense prise de risque que cela représente ? Heureusement, les précommandes n'ont pas encore commencé, et les ventes débutent le 3 mai. Mais ces dates pourraient être décalées, le temps des vérifications d'usage...