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Une nouvelle fois, ils ont marché pour "réclamer la vérité" sur la mort d'Adama Traoré: plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Paris, dix jours après la publication d'une expertise dédouanant les gendarmes qui avaient interpellé le jeune homme en juillet 2016.
"Nous n'avons plus confiance dans cette justice là", les juges d'instruction chargées de l'enquête "sont du côté des gendarmes, elles ne font pas leur travail", a dénoncé avant le départ de la manifestation Assa Traoré, la soeur aînée de ce jeune homme mort lors de son interpellation le jour de ses 24 ans.
Le cortège, emmené notamment par Théo Luhaka, érigé en symbole des "violences policières" après avoir été blessé lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois en février 2017, est parti peu après 15H00 du parvis de la Gare du Nord, en direction de la place de la République. La marche a rassemblé 1.000 personnes, selon la préfecture de police.
"Mon frère n'est pas mort car il a couru, mon frère est mort car des gendarmes l'ont frappé et laissé mourir", a accusé Assa Traoré qui dénonce depuis deux ans "un mensonge d'Etat" et estime qu'un "permis de tuer a été donné aux policiers et aux gendarmes dans les quartiers populaires".
La mère d'Adama a quant à elle regretté que les gendarmes n'aient pas encore été entendus par la justice et réclamé aux juges une "date de reconstitution".
Selon "l'expertise médicale de synthèse" remise mi-septembre à la juge d'instruction parisienne chargée de l'enquête, "le pronostic vital (était) engagé de façon irréversible" avant l'arrestation de ce jeune homme noir l'après-midi du 19 juillet 2016, dans la petite ville de Beaumont-sur-Oise.
Son décès avait été constaté deux heures après son interpellation par les gendarmes, qui l'avaient maintenu au sol sous le poids de leurs corps.
Adama Traoré avait fait un malaise dans leur véhicule, avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan.
Les circonstances de la mort du jeune homme alimentent des soupçons vis-à-vis des autorités, engendrés notamment par l'annonce tardive du décès et la communication très contestée du procureur de Pontoise à l'époque. Cinq mois après les faits, l'enquête avait été dépaysée à Paris.
"Je ne suis pas juge, mais il y a des anomalies" dans cette affaire, a déclaré à l'AFP la députée LFI, Clémentine Autain, présente dans le cortège. "Plus profondément, il existe des rapports très détériorés entre les jeunes des quartiers populaires et les policiers, dont l'Etat ne prend pas la mesure. On est dans une situation dangereuse", a ajouté l'élue de Seine-Saint-Denis.