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Au Vietnam, où la société érige le mariage comme modèle à suivre, des jeunes célibataires se sont recueillis mercredi dans un temple de la capitale Hanoï pour demander l'amour, à l'occasion de la Saint-Valentin.
"Aidez-moi Bouddha, s'il vous plaît, je voudrais avoir un petit ami cette année pour ne plus être seule", récite Nguyen Thi Ly devant l'autel de la pagode Ha, encombré d'offrandes en tout genre --roses, fruits, biscuits ou faux billets de banque destinés à être brûlés.
"J'espère que je serai bénie avec un petit ami cette année, pour que ma famille arrête de me demander quand que je vais me marier", développe auprès de l'AFP cette employée de bureau âgée de 26 ans.
"Je suis déjà venue prier ici cinq ans pour avoir une relation", assure-t-elle.
Les Vietnamiens, attachés aux rites confucianistes et bouddhiques, ont l'habitude de prier au temple pour la prospérité, le bonheur ou la paix, selon un calendrier défini par le cycle de la lune.
Mais aujourd'hui, la nouvelle génération a coché le 14 février, jour de la Saint-Valentin aux origines chrétiennes, pour réclamer l'amour.
A Hanoï, la pagode Ha, aux piliers de bois, est devenue le temple favori des âmes en quête d'une moitié, bien que la légende de l'origine de ses pouvoirs supposés se soit perdue au fil des siècles.
- "Procédure spirituelle" -
Les célibataires subissent une pression accrue pour se marier et avoir des enfants, dans une société dominée par des standards traditionnels autour de la famille.
Les femmes peuvent se marier à partir de 18 ans, et les hommes 20, mais des données officielles montrent que la première union intervient bien plus tard, à l'âge moyen de 29,8 ans (en 2022).
Les Vietnamiens se marient de plus en plus tard, a noté un média d'Etat, une tendance renforcée par le meilleur niveau d'éducation et l'exode rural.
Prier, "c'est une procédure spirituelle qui exprime l'insécurité des jeunes pour trouver leur autre moitié", estime Tran Thanh Nam, expert en psychologie de l'éducation
L'analyste pointe du doigt les nouvelles technologies et les réseaux sociaux qui ont érodé les capacités des jeunes à entretenir une relation amoureuse sérieuse.
Nguyen Van Duong, la trentaine, blâme, lui, son travail de médecin qui lui a pris son temps. A l'instar de ses parents, il s'inquiète de son statut de célibataire.
"Mes parents vieillissent jour après jour. Ils veulent seulement que je me marie et que j'ai des enfants", explique-t-il.