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Venezuela: fin de campagne présidentielle tendue avec de grands rassemblements

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Raul ARBOLEDA

"Avec mon Coq Nico!"; "Caracas présent! Edmundo président!": les deux favoris de la présidentielle de dimanche au Venezuela, le sortant Nicolas Maduro et Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition en tête des sondages, ont clôturé jeudi la campagne avec de grands rassemblements dans la capitale, dans un climat tendu et des craintes de fraudes ou de violences.

"Le peuple dans la rue disant +Victoire, victoire populaire+!", a lancé le président Maduro, 61 ans, qui se fait désormais appeler "Gallo Pinto (coq de combat).

"Nous avons constitué une nouvelle majorité politique, sociale et culturelle qui s'exprimera par une majorité électorale retentissante dimanche 28 juillet parce que nous n'avons pas seulement uni le chavisme (doctrine de Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 d'inspiration socialiste dont M. Maduro est le successeur), nous sommes tous unis sans une seule fissure! Un seul bloc de force!", a-t-il ajouté, lors d'une démonstration de force qui a rassemblé des dizaines de milliers de militants.

Le président a aussi repris un de ces leitmotiv des dernières semaines, assurant que sans lui le pays allait plonger dans le chaos, résumant la présidentielle à un choix entre "Guerre ou paix".

Ces derniers jours, M. Maduro avait déjà évoqué "une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes" en cas de victoire de l'opposition ou prédit "un bain de sang" qui a suscité l'inquiétude de la communauté internationale.

"J'ai été effrayé par les déclarations de Maduro" qui "doit apprendre que quand on gagne, on reste (au pouvoir). Quand on perd, on s'en va", a déclaré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

Le président du Chili, Gabriel Boric, a dit jeudi soutenir Lula car "il ne faut en aucun cas menacer de faire couler le sang" et a exigé "des élections transparentes, compétitives et soumises à l'observation internationale".

De son côté, M. Gonzalez Urrutia a lui terminé sa campagne avec un rassemblement, à Las Mercedes, un quartier aisé du sud-est de Caracas. Le diplomate de 74 ans était accompagné, comme d'habitude, par la charismatique leader de l'opposition Maria Corina Machado, qui avait remporté la primaire mais a été déclarée inéligible.

"Nous sommes vainqueurs. C'est le moment de changer le Venezuela", estime Alan Berríos, 24 ans, chauffeur de moto-taxi et livreur de nourriture, qui a participé à la caravane de l'opposition dans Caracas.

"Ils peuvent avoir avec eux les ressources de l'Etat, le contrôle du CNE (l'autorité électorale), le bureau du procureur qui applaudit leurs abus, mais nous avons l'amour, le soutien et l'enthousiasme de la grande majorité des Vénézuéliens qui veulent un changement dans la paix", a déclaré jeudi M. Gonzalez Urrutia lors d'une conférence de presse avec des correspondants étrangers.

- "Courageux" -

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Federico PARRA

Le président du Panama, José Raul Mulino a estimé jeudi que du résultat de cette élection dépendra le nombre de migrants qui se rendent aux Etats-Unis en transitant par son pays à travers la jungle du Darién, couloir migratoire emprunté par 500.000 personnes en 2023 dont "66% de Vénézuéliens", selon lui.

Dans un pays qui traverse une crise économique sans fin caractérisé par une contraction de 80% de son PIB entre 2014 et 2020 et quatre années consécutives d'hyperinflation, quelque 7 millions de Vénézuéliens, soit près d'un quart de la population, se sont déjà exilés à la recherche d'une vie meilleure.

M. Maduro accuse l'opposition de se préparer à ne pas reconnaître sa défaite et de vouloir lancer des actions violentes. Il a aussi déclaré que les forces armées, qui, estime-t-il, lui sont loyales, pourraient se soulever contre une éventuelle victoire de l'opposition.

"Ne vous laissez pas effrayer par le message de haine qu'ils utilisent", a déclaré M. Gonzalez Urrutia, appelant à la concorde: "Nous ne sommes pas là pour persécuter qui que ce soit, nous ne sommes pas là pour chasser qui que ce soit de son travail (...), vous êtes tous des courageux et vous montrerez votre courage dimanche".

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