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Inconnu du grand public, Edmundo Gonzalez Urrutia, ex-ambassadeur propulsé presque malgré lui candidat à la présidentielle de juillet, estime que le moment est venu pour le Venezuela d'une "transition démocratique pacifique", et répète qu'il n'a pas "d'aspirations personnelles", lors d'un entretien mercredi avec l'AFP.
"C'est le moment de réussir une transition démocratique pacifique pour les Vénézuéliens", après un quart de siècle de chavisme, doctrine inspirée de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013), dit le diplomate de 74 ans qui affrontera le président Nicolas Maduro, successeur et héritier de Chavez, briguant un troisième mandat.
S'il rappelle qu'il fait partie de l'opposition depuis longtemps, le discret diplomate a jusqu'ici surtout travaillé dans l'ombre. Il a accepté d'être le candidat "provisoire" de la coalition de l'opposition Plateforme Unitaire Démocratique (PUD), espérant qu'on le remplacerait.
Ne pouvant inscrire ni Maria Corina Machado, vainqueure de la primaire de l'opposition, ni Corina Yoris, la remplaçante qu'elle avait désignée, la PUD a décidé vendredi "à l'unanimité d'approuver" sa candidature définitive.
"C'est ma contribution à la cause démocratique. Je le fais avec détachement. C'est ma contribution à l'unité, à la lutte pour une transition démocratique. Je n'ai pas d'aspirations personnelles", assure depuis son domicile sur les hauteurs de Caracas, le candidat au profil bas, qui ne s'est que très peu exprimé publiquement.
Peu habitué aux feux de la rampe, il endosse toutefois le costume avec enthousiasme : "Je n'ai pas eu peur d'accepter. J'avais des réserves en raison de l'immense responsabilité que cela implique. Nous sommes à un moment où ce régime (nous considère) non pas comme des adversaires mais des ennemis... Lorsqu'on m'a approché, j'ai dit que (si on me donnait) le soutien unanime de toutes les forces politiques, j'accepterais. Et c'est ce qui s'est passé".
"Ce sont des circonstances de la vie. Je n'aurais jamais imaginé me retrouver devant les caméras, mais c'est secondaire par rapport au défi qui nous attend. Le Venezuela doit mettre de côté les luttes (internes), la diatribe, la confrontation. Nous devons tous lutter pour le redressement du Venezuela et la transition. C'est cela qui est fondamental", dit-il.
- "Candidat de l'unité" -
Diplomate n'ayant jamais brigué le moindre mandat électif, M. Gonzalez Urrutia va désormais faire campagne dans le sillage de Maria Corina Machado, dont il répète inlassablement qu'elle est la "leader de l’opposition" même si c'est désormais lui le candidat.
"Nous avons une relation fluide. Ce n’est pas que je suis le candidat de Maria Corina, je suis le candidat de l'unité. La leader de ce processus unitaire est Maria Corina Machado. Tous les Vénézuéliens qui espèrent un changement dans la paix, sommes derrière elle", précise-t-il.
"C'est elle qui a remporté les primaires à une large majorité. J'ai la grande responsabilité de mener à bien un processus qui mettra fin à 25 ans de confrontation", résume-t-il.
Mme Machado continuera à faire campagne et lui assistera à certains meetings, indique-t-il, confiant quant à la possibilité que les intentions de vote prêtées à Mme Machado (donnée gagnante face à Maduro) se reportent sur lui.
"Cela se reflète déjà dans les sondages (...) cela va s'amplifier. Maria Corina est déjà en train de parcourir le pays avec tous les dirigeants de l'opposition démocratique (...) Tout le monde fait un effort" pour montrer "que nous sommes une candidature unie qui cherche une transition".
"Nous allons concentrer notre travail sur une campagne visant à rassembler les Vénézuéliens, à ramener les exilés politiques (au pays). La transition implique le redressement économique du pays et le rétablissement de la démocratie. Ce sont nos objectifs", poursuit-il, évoquant le programme commun de l'opposition, qui a souvent été divisée par le passé.
Il dit ne pas craindre de fraude électorale comme l'opposition l'a dénoncé dans le passé, assurant être prêt "à tous les scénarios". Il appelle la communauté internationale a "suivre de près" et "à nous soutenir" à l'annonce des résultats.
"Le pouvoir est à un très grand niveau d'impopularité. L'heure est à l'opposition démocratique", affirme-t-il.
Évoquant sa "victoire", il parle de "négociation" : "il s'agit d'une situation complexe. Nous devons faire face avec calme, tête froide, avec une grande capacité de dialogue".
Il dit toutefois "espérer" que les dirigeants actuels "devront admettre qu'il y a une nouvelle réalité politique" et céderont le pouvoir.