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Dans un bruit assourdissant, un Rafale décolle sur moins de 80 mètres depuis le pont du Charles de Gaulle. La scène serait presque banale si elle ne se déroulait pas devant un parterre d'ambassadeurs de l'Otan, une première dans l'histoire du porte-avions français.
Pour la première fois, les 32 ambassadeurs de l'Otan, ou leurs adjoints, ont embarqué jeudi à bord du Charles de Gaulle, à la veille de sa toute première mission sous commandement de l'Alliance atlantique.
Longtemps considérée à Bruxelles comme un allié difficile, la France réinvestit massivement l'Otan face à la menace russe. "Nous sommes totalement engagés dans l'Otan", affirme le général de l'armée de l'air Thierry Garreta, devant les représentants de l'Alliance, rassemblés dans l'énorme hangar du porte-avions.
Le navire amiral de la flotte française, seul porte-avions à propulsion nucléaire en Europe, participe pendant deux semaines à compter de ce vendredi, à une mission de l'Otan en Méditerranée.
"Nous allons participer sous les ordres de StrikforNato (frapper pour l'Otan) à des vols pour simuler des attaques, au soutien des troupes déployées dans l'est de l'Europe", a expliqué le contre-amiral Jacques Mallard, qui dirige cette mission, devant quelques journalistes dont l'AFP.
"French determination"
Le vice-amiral américain Thomas Ishee, qui commande StrikforNato, force maritime de l'Otan comprenant une quinzaine de pays, dont la France, juge essentiel l'engagement du Charles de Gaulle dans cette mission.
"C'est très important parce que cela montre à la fois l'engagement de la France dans l'Alliance dans le domaine maritime et la capacité d'intégrer les principaux porte-avions se trouvant en Europe dans les activités de l'Otan", a-t-il déclaré devant ces journalistes.
Le Charles de Gaulle a repris la mer après presque un an d'indisponibilité.
Et devant le Conseil de l'Atlantique nord, qui regroupe les représentants des 32 pays membres de l'Otan, il a fait une démonstration, au large de Toulon, de ses capacités opérationnelles par mer agitée.
Huit Rafale Marine ont été catapultées dans les airs à la vitesse de 250 km/h, à quelques mètres du groupe de visiteurs de l'Otan, casques anti-bruit sur la tête.
Leur retour a été rendu plus délicat par l'état de la mer, rendant instable le pont du navire. L'appontage devient dans ces conditions encore plus délicat pour les pilotes qui doivent impérativement "accrocher" l'un des trois câbles tendus sur le pont, seuls capables d'arrêter net un Rafale lancé à pleine vitesse. Le pilote doit toujours avoir assez de puissance pour repartir lorsqu'il manque son coup, ce qui s'est produit à plusieurs reprises jeudi dans une mer creusée.
Les représentants de l'Otan ont également visité la passerelle où le "pacha" du Charles de Gaule, le capitaine de vaisseau Georges-Antoine Florentin, a répondu, en anglais, à toutes leurs questions.
Avec 42.000 tonnes de "French determination", selon la plaquette donnée aux ambassadeurs de l'Otan, le Charles de Gaulle, transporte une vingtaine de Rafale, trois hélicoptères et deux avions Hawkeye, équipés de puissants radars, les yeux du navire dans le ciel.
Il sera en mission pour le compte de l'Otan du 26 avril au 10 mai, mais restera en mer pour une autre mission, française cette fois, baptisée Akila.