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Toujours coiffé d'un turban noir et vêtu d'un manteau de religieux, le président Ebrahim Raïssi a mené depuis 2021 l'Iran dans un contexte troublé à l'international et de contestation interne avant de décéder brutalement dans un accident d'hélicoptère.
Agé de 63 ans, l'ayatollah Raïssi était considéré comme l'un des favoris pour être élevé au poste le plus important de la République islamique, celui de Guide suprême, occupé depuis 35 ans par l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans. Mais sa mort ouvre une période d'incertitude politique dont le premier enjeu sera d'élire son successeur au suffrage universel au cours d'un scrutin devant être organisé dans les 50 jours.
Ebrahim Raïssi était considéré comme l'un des piliers des camps conservateur et ultraconservateur, qui contrôlent tous les leviers du pouvoir depuis 2020. Se présentant comme le champion des classes défavorisées et de la lutte contre la corruption, il avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d'un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle, et l'absence de concurrents de poids.
Il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l'avait battu à la présidentielle de 2017 et ne pouvait plus se représenter après deux mandats consécutifs.
Arrivé au milieu de son mandat, M. Raïssi était sorti renforcé des législatives tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.
Le président iranien s'était alors félicité d'"un nouvel échec historique infligé aux ennemis de l'Iran après les émeutes" de 2022, faisant ainsi référence aux pays occidentaux et aux opposants installés à l'étranger.
Le Parlement, qui entrera en fonction le 27 mai, sera très largement sous le contrôle des camps conservateurs et ultraconservateurs, qui soutiennent son gouvernement.
Soutien au Hamas
Ces derniers mois, M. Raïssi s'était présenté comme un adversaire résolu d'Israël, l'ennemi juré de la République islamique, en apportant son soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas depuis le début, le 7 octobre, de la guerre qu'Israël lui livre dans la bande de Gaza.
Il avait ainsi justifié l'attaque inédite lancée par l'Iran le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.
M. Raïssi figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés pour "complicité de graves violations des droits humains", accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran.
Procureur à 20 ans
Né en novembre 1960 dans la ville sainte chiite de Machhad (nord-est), M. Raïssi a gravi les échelons du système judiciaire durant trois décennies, après avoir été nommé procureur général de Karaj, près de Téhéran, à seulement 20 ans, dans la foulée de la victoire de la Révolution islamique de 1979.
Il a ensuite été procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, puis chef adjoint de l'Autorité judiciaire de 2004 à 2014, année de sa nomination au poste de procureur général du pays. En 2016, le guide suprême Ali Khamenei l'a placé à la tête de la puissante fondation caritative Astan-é Qods Razavi, qui gère le mausolée de l'Imam-Réza à Machhad ainsi qu'un immense patrimoine industriel et immobilier.
Trois ans plus tard, il prend la tête de l'Autorité judiciaire. Sans grand charisme et toujours coiffé d'un turban noir de "seyyed" (descendant de Mahomet), M. Raïssi, barbe poivre et sel et fines lunettes, a suivi les cours de religion et de jurisprudence islamique de l'ayatollah Khamenei.
Marié à Jamileh Alamolhoda, professeure de sciences de l'éducation à l'université Chahid-Béhechti de Téhéran, avec laquelle il a eu deux filles diplômées du supérieur, M. Raïssi était le gendre d'Ahmad Alamolhoda, imam de la prière et représentant provincial du Guide à Machhad, deuxième ville d'Iran.