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Plus de 450 morts dans le bombardement d'un hôpital à Gaza, selon le Hamas: Joe Biden, arrivé à Tel-Aviv, soutient la version d'Israël

Le président américain Joe Biden est arrivé mercredi à Tel-Aviv au lendemain d'une explosion, dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité, qui a fait des centaines de morts dans un hôpital de Gaza et provoqué des manifestations de colère dans le monde musulman.

Le président américain Joe Biden, en visite de solidarité en Israël mercredi, a soutenu la version des autorités israéliennes imputant à des combattants palestiniens la frappe ayant tué des centaines de personnes dans un hôpital de Gaza. Les deux "camps" se rejettent la responsabilité depuis le drame.

"J'ai été profondément attristé et choqué par l'explosion dans l'hôpital à Gaza mardi. Et sur la base de ce que j'ai vu, il apparait que cela a été mené par la partie adverse", a déclaré le président américain, au côté du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Tel-Aviv. "Nous devons aussi garder en tête que le Hamas ne représente pas tout le peuple palestinien et qu'il ne leur a apporté que souffrance", a-t-il toutefois ajouté. Joe Biden est arrivé mercredi matin en Israël pour une visite de soutien à son allié, et aussi pour tenter de débloquer l'entrée de l'aide d'urgence à Gaza.

Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d'être à l'origine de cette frappe d'un hôpital à Gaza mardi soir, que l'armée israélienne impute à un tir de roquette du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, onze jours après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël. 
Le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël.

Au moins 471 personnes ont été tuées dans la frappe ayant touché l'enceinte d'un hôpital dans la bande de Gaza, selon un nouveau bilan fourni mercredi par le ministère de la Santé du gouvernement Hamas qui contrôle le territoire palestinien.

Cette même source avait fait état mardi soir d'au moins 200 morts, le Hamas accusant Israël d'être derrière cette frappe meurtrière sur l'hôpital épiscopal al Ahli de la ville de Gaza. Israël en attribue la responsabilité au Jihad islamique, une autre organisation islamiste armée à Gaza, qui a catégoriquement démenti.

Joe Biden est arrivé mercredi matin en Israël pour une visite de soutien à son allié, et aussi pour tenter de débloquer l'entrée de l'aide d'urgence à Gaza.

Mercredi, des centaines de camions d'aide humanitaire attendaient toujours à Rafah, du côté égyptien de la frontière, de pouvoir entrer dans la bande de Gaza où sont massés des centaines de milliers de déplacés palestininens désespérés. La situation dans le territoire "devient incontrôlable", a lancé le patron de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"Mensonges"

Israël a affirmé mercredi avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique dans l'explosion. "Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l'explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d'une roquette du Jihad islamique ayant échoué", a déclaré le porte-parole de l'armée Daniel Hagari. "Cette analyse professionnelle est basée sur des renseignements, des systèmes opérationnels et des images aériennes, qui ont tous été recoupés".

Le Jihad islamique avait plus tôt accusé Israël de "mensonges" et de vouloir "se dérober à la responsabilité de son crime". Selon ce groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, l'hôpital avait été sommé par Israël d'évacuer sous la menace d'un bombardement, et c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie.

"Nous étions en train d'opérer dans l'hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d'opération. C'est un massacre", a déclaré le Dr Ghassan Abu Sittah, de l'ONG Médecins sans frontières. L'Eglise épiscopale à Jérusalem, qui gère l'hôpital, a dénoncé un "crime contre l'humanité".

"Journée de colère"

Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une "journée de colère" mercredi pour condamner le "massacre", dont il accuse Israël.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, des affrontements ont éclaté mardi soir entre des manifestants appelant au départ du président palestinien Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité.

Le Croissant rouge palestinien a dénoncé un "crime de guerre", qui a fait "des centaines" de victimes civiles, "dont des femmes, des enfants, des personnels de santé". Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé Mahmoud Abbas pour lui présenter ses condoléances.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui doit se rendre jeudi en Egypte, frontalière de la bande de Gaza, pour évoquer l'aide humanitaire, a appelé à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".

"Rien n'excuse une frappe sur un hôpital rempli de civils", a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour qui "les responsables devront rendre des comptes".

Le président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de "deuil public" mercredi et prédit que l'attaque contre l'hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. Mardi, Téhéran avait menacé d'une possible "action préventive" contre Israël, qui prépare une offensive terrestre à Gaza.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas contre Israël, sans précédent depuis la création du pays en 1948. Des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs, semant la terreur sous un déluge de roquettes.

Israël a riposté par une intense campagne de frappes sur la bande de Gaza, jurant "d'anéantir" le mouvement islamiste. Ces frappes, qui ont entraîné selon l'ONU le déplacement d'un million de personnes, ont déjà fait plus de 3.000 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.

Plus de 1.400 personnes sont mortes en Israël depuis le début de la guerre, pour la plupart des civils tués le jour de l'attaque du Hamas, qui a aussi enlevé 199 personnes selon l'armée israélienne. Israël a aussi annoncé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas après leur incursion.

D'intenses négociations impliquant plusieurs pays sont en cours pour tenter de faire libérer les otages. Selon le Hamas, plus d'une vingtaine d'entre eux ont été tués dans les frappes israéliennes.

Rafah toujours fermé 

L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions de Gazaouis, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre au petit territoire, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007.

Dans le sud de Gaza, où les habitants ont fui par centaines de milliers, suivant un appel à l'évacuation du nord lancé par l'armée israélienne, le point de passage de Rafah, contrôlé par l'Egypte, la seule issue de Gaza vers l'extérieur qui ne soit pas régie par Israël, reste fermé.

Le Caire a appelé mardi Israël à "cesser de viser les environs" du terminal pour laisser entrer l'aide humanitaire "au plus vite". 

Alors que l'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien, et le long de la frontière avec le Liban, près de 500.000 civils israéliens ont aussi été évacués pour les éloigner des zones de combat, selon l'armée.

La tension est vive aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah.

En Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, au moins 61 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.

A Gaza, l'armée israélienne "commencera ses activités militaires renforcées lorsque le moment sera propice", a déclaré mardi un porte-parole.

Une telle opération s'annonce périlleuse sur ce terrain très densément peuplé, alors que le nord du territoire est truffé de tunnels où le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, cache combattants et armes.
 

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