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A Khan Younès, la détresse de Gazaouis après de nouveaux bombardements israéliens

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Bashar TALEB

Des milliers de Gazaouis ont quitté lundi l'est de Khan Younès dans la panique après de nouveaux bombardements dans cette ville du sud de la bande de Gaza par l'armée israélienne qui a dit mener "une opération intensive contre des organisations terroristes".

"En raison d'importantes activités terroristes et de tirs de roquettes en direction d'Israël depuis la partie orientale de la +zone humanitaire+, il est désormais dangereux d'y rester", a expliqué dans un communiqué l'armée qui a ordonné aux habitants d'évacuer le secteur.

Nombre d'habitants ont décrit à l'AFP des scènes de chaos, expliquant que les frappes les avaient surpris au petit déjeuner. L'intensité des explosions les a poussés hors de chez eux, souvent des tentes installées au milieu des décombres d'immeubles bombardés lors de la récente offensive sur la ville Khan Younès, quelques mois auparavant.

Après des bombardements ces dernières semaines sur ce que l'armée israélienne appelle la "zone humanitaire" d'al-Mawasi, nombre de Palestiniens ont peur d'aller dans ces étendues de tentes dont certaines ne sont que des morceaux de bâches accrochées à des piquets de bois.

- "On n'en peut plus" -

"Nous sommes partis au milieu des bombardements de l'aviation, des chars, et des tirs de drones", raconte Youssef Abou Taimah, 27 ans: "Ils ont bombardé les habitations alors que les gens étaient encore à l'intérieur".

Il dit avoir vu "des blessés et des morts transportés sur des tuk-tuk (petit véhicule à trois roues, NDLR) et des charrettes tirés par des ânes vers l'hôpital Nasser" alors qu'il allait en direction d'al-Mawasi avec sa famille.

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Bashar TALEB

M. Abou Taimah a affirmé s'être déjà déplacé quatre fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a plus de neuf mois.

Il craint de ne pas trouver où s'installer. "Nous allons vivre dans la rue, et encore, même les trottoirs sont remplis de monde", dit-il: "On est épuisé, on n'en peut plus de ces déplacements".

Ahmed al-Bayouk, un habitant de Khan Younès de 53 ans, ajoute: "C'est la troisième fois que nous devons nous déplacer, à chaque fois c'est de plus en plus difficile. On s'installe pour quelques jours mais ensuite l'armée arrive, bombarde, et nous devons nous déplacer à nouveau".

Il dit ne rien avoir emporté avec lui et s'inquiète surtout "des maladies et des épidémies" pour ses enfants dans la zone surpeuplée d'al-Mawasi.

Resté à Khan Younès, dans le quartier Cheikh Nasser, Mohammad al-Farra est pétrifié: "Si nous restons dans nos maisons, nous mourrons, et si nous sortons sur les routes, nous mourrons aussi".

M. al-Farra a raconté à l'AFP entendre les explosions se rapprocher de chez lui depuis le matin.

- Morts dans les rues -

Au moins 70 personnes ont été tuées lundi et plus de 200 blessées parmi lesquelles des enfants, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le Hamas.

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Bashar TALEB

Devant l'hôpital Nasser, des scènes déchirantes ont eu lieu sous le regard impuissant des soignants: un homme brandissant le cadavre d'un bébé en hurlant, une femme effondrée par le chagrin se frappant la tête tandis qu'un proche tente de la raisonner, des gens couverts de sang au regard hagard.

"Il n'y a plus de place pour les patients" ni dans les couloirs ni dans les blocs opératoires, a déclaré à l'AFP Mohammed Zaqout, le directeur général des hôpitaux du territoire palestinien, ajoutant qu'il ne pourrait soigner tous les blessés.

Oum Mahmoud Abou Reida, qui a fui l'est de la ville en catastrophe, alors que sa fille blessée avait à peine quitté l'hôpital cinq jours auparavant, a déclaré à l'AFP avoir vu "beaucoup" de morts sur la route, y compris "des corps démembrés d'enfants, de femmes et de personnes âgées".

Dans l'est du gouvernorat de Khan Younès s'éloignent les silhouettes de femmes portant des sacs sur la tête, des hommes avec des enfants dans les bras, des adolescents portant des bidons ou des matelas de mousse dans leurs bras.

Des milliers de personnes ont fui des maisons qu'elles venaient parfois à peine de retrouver.

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