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L'armée israélienne a affirmé jeudi qu'elle continuerait à infliger des "coups sévères" au Hezbollah, après trois jours de combats au sol contre le mouvement islamiste armé dans le sud du Liban qui ont coûté la vie à neuf de ses soldats.
Elle a par ailleurs annoncé jeudi soir avoir "éliminé" un chef du Hamas, Zahi abd al-Razaq, alias Zahi Oufi, dans une frappe sur le camp de réfugiés de Tulkarem, en Cisjordanie occupée.
Ce raid a tué 18 personnes, selon le ministère palestinien de la Santé. Il s'agit de la frappe la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2000, a indiqué à l'AFP une source au sein des services de sécurité palestiniens. Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.
Un témoin, le travailleur social Alaa Sroji, a indiqué à l'AFP qu'un avion israélien avait "frappé une cafétéria". Il y a "des enfants, des jeunes dont les corps sont déchiquetés", a-t-il dit.
Au Liban, après une campagne de bombardements aériens massifs, qui a tué plusieurs chefs du Hezbollah et fait des centaines de morts, Israël mène depuis lundi une offensive terrestre dans le sud du pays, un des bastions du puissant mouvement libanais soutenu par l'Iran.
Jeudi, des frappes aériennes ont visé notamment Beyrouth et sa banlieue sud, dont l'une a touché "le quartier général du renseignement" du Hezbollah près de la capitale libanaise, a annoncé l'armée.
Selon l'armée, "15 cibles terroristes du Hezbollah" ont été frappées à Beyrouth, comprenant notamment "des sites de production d'armes et des sites de stockage d'armes".
Une source proche du Hezbollah a affirmé dans la soirée que 11 frappes israéliennes consécutives avaient visé la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement chiite.
Au total, les frappes israéliennes sur le pays ont fait 37 morts en 24 heures, a annoncé le ministère libanais de la Santé dans son bilan quotidien publié dans la nuit de jeudi à vendredi.
Près d'un an après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas palestinien sur le sol israélien, Israël avait annoncé à la mi-septembre déplacer l'essentiel de ses opérations vers le front nord, à la frontière libanaise.
Israël a affirmé qu'il combattrait le Hezbollah, un allié du Hamas, jusqu'à la "victoire", afin de permettre le retour d'environ 60.000 habitants des régions frontalières déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement vers le nord de son territoire.
- Le pétrole à la hausse -
Le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, a assuré jeudi que "les coups sévères portés au Hezbollah" à Beyrouth, dans la vallée de la Békaa, dans l'est et dans le sud du Liban allaient "se poursuivre", dans une vidéo diffusée par la télévision israélienne.
Israël n'autorisera pas le Hezbollah à "s'installer" à nouveau dans le sud du Liban, a-t-il affirmé.
L'armée israélienne a annoncé la mort d'un soldat, portant à neuf le nombre de militaires tués depuis le début de l'offensive au sol lundi.
De son côté, l'armée libanaise a affirmé avoir, pour la première fois depuis un an, riposté à des tirs israéliens dans le sud du Liban après la mort de deux de ses soldats.
En vertu de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui a acté en 2006 la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée libanaise s'est déployée dans le sud du Liban aux côtés des Casques bleus de l'ONU.
Mais le Hezbollah a maintenu sa présence discrète dans la région, où il a, selon des experts, creusé un important réseau de tunnels.
La guerre désormais ouverte entre Israël et le Hezbollah s'accompagne d'une escalade entre Israël et l'Iran, qui a tiré mardi 200 missiles sur le territoire israélien, entraînant des menaces croisées de représailles entre les deux pays et de nouvelles craintes sur un embrasement du Moyen-Orient.
L'Iran a affirmé riposter à l'assassinat d'Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah mort le 27 septembre dans une frappe israélienne près de Beyrouth, et à celui d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué le 31 juillet dans une attaque à Téhéran imputée à Israël.
Le président américain Joe Biden a dit jeudi être "en discussion" avec Israël sur d'éventuelles frappes contre les installations pétrolières de l'Iran, un pays qui fait partie des dix plus grands producteurs de pétrole.
Les cours du pétrole ont bondi après cette déclaration.
Les pays du G7 ont exprimé leur "profonde inquiétude" face à "la détérioration de la situation" au Moyen-Orient.
- "Au-dessus de nos têtes" -
Au quatrième jour de ses opérations terrestres dans le sud du Liban, qu'elle a qualifiées de "limitées", l'armée israélienne a indiqué jeudi que 15 combattants du Hezbollah avaient été tués dans un raid aérien sur "le bâtiment de la municipalité de Bint Jbeil", près de la frontière, où des "quantités d'armes étaient stockées", selon elle.
L'armée a lancé un nouvel appel à évacuer concernant 25 villages du sud du Liban.
De son côté, le Hezbollah a affirmé avoir repoussé deux incursions israéliennes, en déclenchant des engins explosifs pour l'une d'elles.
Il a aussi dit avoir tiré des roquettes jeudi sur Tibériade, une ville du nord d'Israël.
Jeudi était un jour férié en Israël pour Roch Hachana, la fête du Nouvel An juif.
Avant l'aube, une frappe aérienne avait touché le coeur de Beyrouth, faisant sept morts selon les services de secours du Hezbollah.
"Nous sommes des civils. Vous voyez des combattants dans les environs ? Pourquoi veulent-ils détruire le toit au-dessus de nos têtes ?", s'est exclamé Hassan Ammar, 82 ans, qui habitait dans l'immeuble touché après avoir fui le sud du Liban.
L'agence de presse libanaise ANI a également signalé des frappes sur le sud et l'est du Liban, mais aussi sur des localités situées hors de ces fiefs traditionnels du Hezbollah.
- Frappes sur Gaza -
Selon des chiffres officiels, près de 2.000 personnes ont été tuées au Liban en un an de violences transfrontalières entre le Hezbollah et l'armée israélienne, dont plus d'un millier depuis le début des bombardements aériens massifs le 23 septembre.
Plus de 40 secouristes et pompiers ont été tués depuis lundi par les frappes israéliennes, ont annoncé jeudi les autorités.
Le gouvernement estime à environ 1,2 million le nombre de déplacés.
"Nous voulons émigrer. N'importe où. On a peur pour nos enfants, et la guerre va être longue", a témoigné Fatima Salah, qui a fui la banlieue sud de Beyrouth avec ses quatre enfants.
L'offensive israélienne se poursuit parallèlement sur la bande de Gaza, dévastée et assiégée depuis un an.
Jeudi, sept personnes ont été tuées par des frappes israéliennes dans différents secteurs de ce territoire palestinien, selon la Défense civile.