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La ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib s'est dite "extrêmement inquiète" de la situation à Rafah, théâtre ce samedi d'intenses frappes israéliennes alors qu'y sont déplacés plus d'un million de Palestiniens.
"Nous avons entendu ce matin qu'il y aurait des progressions terrestres de l'armée israélienne à la frontière avec l'Égypte, à Rafah, où sont déplacés près de 1,2 million de Palestiniens. Nous sommes extrêmement inquiets et appelons au respect des civils", a indiqué la cheffe de la diplomatie belge, interrogée à son arrivée à une réunion informelle avec ses homologues européens, au Palais d'Egmont.
"C'est contraire au droit humanitaire si des attaques sont menées là où sont déplacés plus d'un million de personnes", a-t-elle ajouté.
Ils disent que c'est une zone sûre, mais en réalité, ce que l'on voit, c'est que les bombardements affectant la population civile continuent
"Israël poursuit ses activités militaires dans le sud, poussant les gens vers la frontière égyptienne", a constaté le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "Un million de personnes ont été déplacées progressivement vers la frontière égyptienne. Ils disent que c'est une zone sûre, mais en réalité, ce que l'on voit, c'est que les bombardements affectant la population civile continuent, créant une situation vraiment catastrophique", a-t-il indiqué, sans toutefois établir une position européenne commune.
La Belgique fait partie des pays de l'UE qui réclament un cessez-le-feu immédiat, le respect de l'accès humanitaire, la libération des otages et la relance du dialogue politique pour une solution à deux États. Mais le conflit israélo-palestinien continue de diviser les Européens, comme le constate M. Borrell sur la question du soutien à l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, qui enquête pour vérifier des accusations israéliennes selon lesquelles elle serait infiltrée par le Hamas.
"Certains États membres ont décidé d'accroître leur soutien (à l'Unrwa), d'autres d'attendre, d'autres encore de le couper, donc à nouveau il y a des approches différentes face à un problème critique", a fait observer le Haut représentant.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE se retrouvent ce samedi à Bruxelles en format informel, dit "Gymnich", du nom de la ville allemande qui a accueilli pour la première fois ce type de réunion, il y a 50 ans.
Nous appelons au dialogue et à la diplomatie, seule manière d'apaiser la situation au Proche-Orient
La Belgique, qui préside le Conseil de l'UE ce semestre, a mis à l'ordre du jour la coopération avec l'Afrique (chaînes de production, matériaux rares, numérique, migrations, Sahel, etc.), mais les ministres discuteront aussi de l'Ukraine (soutien militaire) et de la Turquie (médiatrice dans le déblocage des exportations de céréales ukrainiennes). Aucune décision n'est attendue d'un "Gymnich", réunion destinée à rapprocher les points de vue des Vingt-sept.
Le Proche-Orient sera aussi abordé sous l'angle des frappes américaines menées en Irak et en Syrie contre des combattants pro-Iran. Là encore, la Belgique appelle à la retenue. "Il y a des représailles sous forme de frappes des États-Unis visant des intérêts iraniens en Irak et Syrie, c'est extrêmement préoccupant, et nous appelons au dialogue et à la diplomatie, seule manière d'apaiser la situation au Proche-Orient", a insisté Mme Lahbib.