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Explosion de bipeurs au Liban: les services secrets israéliens sont-ils capables de réaliser une opération d'une telle envergure?

Après l'attaque meurtrière qui a coûté la vie à au moins 12 personnes et en a blessé plus de 2.000 autres, beaucoup de questions se posent encore. Pour y voir plus clair, Elena Aoun, professeure en relations internationales à l'Université libre de Bruxelles, était invitée sur le plateau du RTL info 13H. 

L'explosion simultanée mardi à travers le Liban de bipeurs utilisés par le Hezbollah a fait au moins 12 morts et près de 2.800 blessés. Après cette attaque meurtrière et inattendue, beaucoup de questions se posent. Notamment, les services secrets israéliens sont-ils capables de réaliser une telle opération ? Pour tenter de comprendre et de répondre à cela, Elena Aoun était invitée sur le plateau du RTL info 13H. La professeure en relations internationales à l'ULB nous répond: "De toute évidence, effectivement, et d'une certaine manière, c'est certainement un grand coup d'éclat de faire sauter 3.000 bipeurs en même temps. Mais nous savons qu'Israël aussi contrôle les territoires palestiniens par mobilisation de technologies, que sa guerre à Gaza s'appuie également sur l'intelligence artificielle. Donc Israël est une grande puissance technologique et a certainement les moyens de faire ce qu'elle a fait hier."

Le Hezbollah ne s'y attendait manifestement pas. Les membres de l'organisation terroriste utilisaient d'ailleurs des bipeurs pour éviter d'être géolocalisés. L'explosion de ceux-ci signifie-t-elle qu'ils ne sont plus en sécurité nulle part? Difficile de répondre à cette question. Mais notre spécialiste souligne un élément intéressant : "J'ai lu, mais ça reste bien évidemment à creuser, qu'Israël a choisi de faire détonner ces bipeurs hier justement parce qu'il y avait possibilité que le Hezbollah se rende compte de ce qui se tramait. Donc il faudra attendre, on ne peut pas avoir toutes les réponses à tout dès aujourd'hui."

Une technique qui pose question

La technique utilisée pose aussi évidemment question. Faire exploser 3.000 bipeurs à distance crée de gros dégâts collatéraux, avec des victimes qui peuvent être des civils. "Absolument, et ça pose véritablement toute cette question éthique de la mobilisation des nouvelles technologies pour donner la mort à distance, réagit Elena Aoun. Comme on le voit sur les 12 victimes, il y en a quatre qui sont des civils, pour sûr. Et on ne sait pas dans le lot des milliers de blessés, qui est civil et qui ne l'est pas."

Ce débat se pose aussi plus largement, notamment depuis que "les États-Unis tuent à distance, depuis aussi qu'à Gaza, on a appris qu'Israël utilise l'intelligence artificielle pour le repérage de ses cibles, etc. Et malheureusement, force est de constater qu'on ne s'empresse pas de commencer à répondre à ce genre de problème éthique, et sachant qu'aujourd'hui, c'est Israël qui peut le faire. Demain, ce sont d'autres acteurs qui pourraient tout à fait le faire. Et ni vous, ni moi, ni personne à travers le monde ne serait en sécurité", poursuit la professeur en relations internationales.

Risque de riposte?

Face à cette attaque, y a-t-il un risque que le Hezbollah riposte? La tension dans la région pourrait-elle être encore plus importante? "Ça fait depuis le début de l'année et l'assassinat d'al-Arouri, le numéro 2 du Hamas dans la banlieue sud de Beyrouth, qu'on se pose cette question-là. On voit qu'on est dans un crescendo.Et ce qui semble particulièrement effarant, c'est que les diplomaties n'en fassent pas davantage pour essayer de stabiliser un tant soit peu la situation", analyse notre invitée.

L'organisation terroriste Hezbollah est à présent face à une situation extrêmement critique. "Ne pas riposter va montrer ou va confirmer un diagnostic de vulnérabilité, mais de l'autre côté le Hezbollah est retenu par au moins deux facteurs. Premièrement le souci d'épargner un pays qui est exsangue, donc le Liban, et de l'autre côté de ne pas vouloir substituer le conflit au nord d'Israël à celui qui a cours et qui est extrêmement sévère, non seulement à Gaza, mais également en Cisjordanie dont on parle très peu", conclut Elena Aoun. 

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