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Emmanuel Macron a rendu hommage mercredi aux victimes civiles des bombardements alliés et loué "l'esprit de sacrifice" des libérateurs de la France au premier des trois jours de cérémonies pour le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, réunissant les principaux dirigeants occidentaux au moment où la guerre frappe à nouveau l'Europe.
"Ces morts furent les victimes de notre combat pour la liberté et la patrie", a lancé le chef de l'Etat au haras de Saint-Lô (Manche), ville martyr au soir du Débarquement en Normandie.
"Capitale des ruines", selon l'expression du dramaturge irlandais Samuel Beckett, Saint-Lô est le symbole de toutes les cités (Caen, Lisieux, Flers, Le Havre...) qui furent détruites lors des opérations pour la Libération de la France.
On compte entre 50.000 et 70.000 victimes civiles des bombardements alliés en France, dont 10.000 pour la seule Normandie à l'été 1944. Quatre cents morts dans la nuit du 6 au 7 juin à Saint-Lô, qui sera libérée le 18 juillet, détruite à 90%.
"Huit décennies plus tard, la Nation doit reconnaître avec clarté et force les victimes civiles des bombardements alliés. En Normandie, et ailleurs sur notre sol", a relevé le président.
"Nous devons porter cette mémoire en pleine lumière (...) Avec tristesse et lucidité", a-t-il martelé. La ville fut bombardée pour empêcher les Allemands d'envoyer des renforts vers les plages et faire obstacle au Débarquement.
Lors du 70e anniversaire du Débarquement en 2014, François Hollande avait déjà souligné le rôle et le martyre des civils français, de façon moins appuyée.
Le 6 juin, les Alliés larguèrent par avion des milliers de tracts pour alerter la population de Saint-Lô des bombardements à venir et l'inciter à fuir sans délai.
- "Fracas" -
Mais la plupart de ces messages se dispersèrent dans les campagnes et 5.000 tonnes de bombes s'abattirent dans la nuit sur la ville.
"Partout du feu, des ruines, de la poussière, des cris, des appels au secours, des fils électriques, des montagnes de gravats", a rappelé Emmanuel Macron.
Et une "volonté farouche de retour à la vie qui a permis de reconstruire la ville sur la ville", a ajouté la maire de Saint-Lô, Emmanuelle Lejeune. Avant un lâcher de 250 colombes en mémoire du retour à la paix en Europe après 1945.
Le matin, le chef de l'Etat avait choisi de rendre hommage, à Plumelec (Morbihan), aux maquisards bretons et aux premiers parachutistes de la France libre au sein des SAS, les forces spéciales britanniques, qui lancèrent dans la nuit du 5 au 6 juin l'opération Overlord pour ouvrir un nouveau front face à Adolf Hitler.
"Je sais notre pays fort d'une jeunesse audacieuse, vaillante, prête au même esprit de sacrifice que ses aînés", a-t-il déclaré.
"Alors que les périls montent", "vous rappelez que nous sommes prêts à consentir aux mêmes sacrifices pour défendre ce qui nous est le plus cher: notre terre de France et nos valeurs républicaines", a-t-il lancé aux unités d'élite d'aujourd'hui.
Le Débarquement du 6 juin, organisé dans le plus grand secret par les Alliés et les hommes du général de Gaulle, allait ouvrir la voie à la libération de l'Hexagone et la défaite de l'Allemagne nazie.
C'est à Plumelec que "tomba le premier soldat français du Débarquement", le caporal Emile Bouétard, "jeune marin des Côtes-d'Armor" qui avait rejoint l'Angleterre, a rappelé Emmanuel Macron.
"C'était un de mes amis", a complété le colonel Achille Muller, dernier des parachutistes français ayant participé à l'opération.
- "Mémoire" -
Aux jeunes générations, cet homme de "99 ans et demi" conseille de cultiver la "mémoire".
Comme lui, les anciens combattants encore en vie sont à l'honneur, d'autant plus qu'en raison de leur âge, ce sera le dernier grand rendez-vous auquel ils pourront participer. Des dizaines de vétérans américains, canadiens ou britanniques, dont certains ont participé au Débarquement, sont déjà arrivés en Normandie.
Le Royaume-Uni commémore également l'événement. Le roi Charles, actuellement traité pour un cancer, a présidé une cérémonie à Portsmouth, dans le sud de l'Angleterre.
Joe Biden, lui, est arrivé mercredi matin en France pour assister, jeudi, à la cérémonie internationale de commémoration du D-Day à Omaha Beach, près de Caen.
En sa présence, mais aussi avec Charles III, le chancelier allemand Olaf Scholz ou encore le chef de l'Etat italien Sergio Mattarella, le président français pourra afficher l'unité des Occidentaux alors qu'un conflit d'envergure frappe à nouveau l'Europe.
Symbole fort, le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera là, tandis que la Russie, invitée il y a dix ans, a été formellement exclue des cérémonies justement en raison de sa guerre d'agression contre l'Ukraine.
Alors qu'approchent les élections européennes annoncées comme très mauvaises pour son camp, Emmanuel Macron a décidé cette année de prolonger les commémorations sur trois jours. Il accueillera ensuite à l'Elysée Volodymyr Zelensky vendredi et Joe Biden samedi.
Mercredi soir enfin, Emmanuel Macron rendra hommage aux détenus de la prison de Caen, principalement des résistants, fusillés par les Allemands lors du Débarquement.