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En se permettant une plaisanterie sur les violences contre les femmes, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a suscité une vive polémique cette semaine, dans un pays où les viols et les féminicides sont en constante augmentation.
Lors d'une réunion avec des ministres et des chefs d'entreprise mardi, Lula a décrit comme une "triste nouvelle" les résultats d'une étude selon laquelle les violences conjugales augmentent après les matches de football.
"C'est incroyable", a-t-il lâché, avant d'ajouter: "Si le gars est supporter des Corinthians, ça va". Lula, 78 ans, qui a l'habitude de parsemer ses discours ou ses interviews d'anecdotes personnelles et d'allusions à son équipe de foot préférée, les Corinthians de Sao Paulo, a été critiqué à plusieurs reprises pour certains propos sur les femmes et les minorités.
Ce nouveau dérapage du président de gauche n'a pas fait exception. "Non seulement ce n'est pas drôle, mais cela banalise une tragédie brésilienne qui devrait être un motif de préoccupation pour tous, spécialement le président: au moins 10.600 féminicides ont été commis (au Brésil) depuis 2015", a réagi Amnesty International sur le réseau social X.
Lula a lui-même admis qu'il devait prendre des précautions pour éviter tout autre dérapage. Mercredi, lors d'une cérémonie officielle en présence de personnes handicapées, le chef de l'Etat a expliqué que, sur recommandation de la Première dame, il se limiterait à lire le discours écrit à l'avance "pour ne pas prononcer le moindre mot qui pourrait poser problème".
Un rapport annuel de l'ONG Forum brésilien de sécurité publique publié jeudi a montré qu'un viol avait été commis toutes les six minutes en moyenne au Brésil l'an dernier et que le nombre de viols avait augmenté de 6,5% par rapport à 2022.