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Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a pressé mardi le Hamas palestinien d'accepter "sans plus tarder" la nouvelle proposition de trêve avec Israël, où le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a de nouveau promis une offensive terrestre à Rafah "avec ou sans" trêve.
Avant d'arriver en Israël, Antony Blinken a annoncé en Jordanie le départ prévu mardi d'un premier convoi jordanien d'aide vers la bande de Gaza via le point de passage d'Erez, récemment ouvert par Israël suite à des pressions américaines.
Après l'Arabie saoudite et la Jordanie, le secrétaire d'Etat américain est arrivé dans la soirée en Israël, dans le cadre de sa septième mission au Proche-Orient pour tenter d'arracher une trêve entre Israël et le Hamas palestinien, en guerre depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza.
"Nous voulons voir dans les jours à venir cet accord (de trêve) se concrétiser", a-t-il dit en Jordanie.
Les pays médiateurs (Egypte, Qatar, Etats-Unis) attendent une réponse du mouvement islamiste palestinien à une proposition de trêve de 40 jours, associée à une libération d'otages retenus à Gaza depuis le début de la guerre en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Une proposition que M. Blinken a qualifiée lundi d'"extraordinairement généreuse de la part d'Israël".
M. Blinken a pressé le Hamas d'accepter la proposition "sans plus tarder". "Plus de retards, plus d'excuses. C'est maintenant qu'il faut agir", a-t-il insisté.
- "Nous allons entrer" -
Mais en parallèle à ces espoirs de trêve, Israël affirme maintenir son projet d'offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l'Egypte, considérée par Israël comme le dernier bastion du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
"L'idée d'arrêter la guerre avant d'avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord (de trêve), afin d'obtenir une victoire totale", a déclaré mardi M. Netanyahu à des proches d'otages à Jérusalem.
De nombreuses capitales, à commencer par Washington, et d'organisations humanitaires redoutent des pertes civiles massives en cas d'offensive sur cette ville devenue un refuge pour un million et demi de Palestiniens.
Une telle offensive représenterait une "escalade intolérable", a prévenu mardi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Les déclarations du Premier ministre sur Rafah "relèvent probablement plus d'une tentative de maintenir sa coalition que de plans opérationnels à court terme", tempère Calev Ben-Dor, ancien analyste au ministère des Affaires étrangères israélien.
Réagissant à des informations sur un possible mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye à son encontre, M. Netanyahu a affirmé plus tard mardi: "aucune décision, que ce soit à La Haye ou ailleurs, n'entamera notre détermination".
Selon le New York Times qui cite des responsables israéliens, M. Netanyahu pourrait figurer parmi les personnes inculpées par la CPI. Le journal américain a également rapporté que la CPI envisageait d'accuser des dirigeants du Hamas.
- "Aussi vite que possible" -
Après une réunion lundi au Caire avec des représentants de l'Egypte et du Qatar, une délégation du Hamas a regagné Doha, afin d'étudier la nouvelle proposition de trêve et devrait donner sa réponse "aussi vite que possible", selon une source proche du mouvement.
Cette proposition fait suite à des mois de blocage dans les négociations indirectes. Une trêve d'une semaine avait permis fin novembre la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.
Mardi, des frappes aériennes ont visé Rafah ainsi que la ville voisine de Khan Younès et celle de Gaza, dans le nord du territoire palestinien, selon un correspondant de l'AFP.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 47 personnes ont été tuées en 24 heures à travers la bande de Gaza.
La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque inédite dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.535 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, dévasté le petit territoire et provoqué un déplacement massif de population.
Le Hamas réclame en particulier un cessez-le-feu permanent avant tout accord sur la libération des otages, ce qu'Israël a toujours refusé.
Ses exigences portent aussi sur "un retrait (israélien) de la bande de Gaza, le retour des déplacés, un calendrier clair pour le début de la reconstruction et un accord d'échange qui lève toute injustice envers les détenus palestiniens, hommes et femmes", selon un des négociateurs, Zaher Jabareen.
- "Encore beaucoup à faire" -
Après le froid de l'hiver, les familles déplacées à Rafah subissent à présent la chaleur qui monte, sans eau courante, menacées par la propagation des maladies et la famine.
L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrive au compte-gouttes principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.
Les Etats-Unis font pression sur Israël pour qu'il facilite l'entrée de l'aide par la route et ont commencé à construire un port flottant face au littoral de Gaza, destiné à accueillir des cargaisons arrivées par bateau depuis Chypre. La structure sera prête jeudi, selon le président chypriote Nikos Christodoulides.
M. Blinken s'est félicité de l'ouverture mardi d'une voie terrestre "directe" entre la Jordanie et la bande de Gaza par via le point de passage d'Erez, entre Israël et le nord du territoire palestinien. "Il s'agit d'un progrès réel et important, mais il reste encore beaucoup à faire", a-t-il dit.