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Sri Lanka: le chef de la coalition de gauche Dissanayaka en passe de remporter la présidentielle

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Ishara S. KODIKARA

Le chef de la coalition de gauche Anura Kumara Dissanayaka est en passe de remporter la présidentielle au Sri Lanka, deux ans après une grave crise financière qui a imposé au pays une politique d'austérité brutale et impopulaire.

Selon des résultats partiels portant sur plus d'un million de suffrages dépouillés, ce marxiste repenti de 55 ans obtiendrait 52% des voix.

Il devance largement le président sortant Ranil Wickremesinghe, 75 ans, et le chef de l'opposition au Parlement Sajith Premadasa (centre droit), 57 ans, dont l'entourage a déjà concédé la défaite.

M. Wickremesinghe n'avait pas réagi dimanche matin aux premiers résultats annoncés par la commission électorale. Mais il a étendu jusqu'à midi (06H30 GMT) le couvre-feu instauré au soir du scrutin dans un pays pourtant parfaitement calme.

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L'un de ses principaux alliés, le ministre des Affaires étrangères Ali Sabry, a lui déjà reconnu la victoire de M. Dissanayaka.

"Bien que j'aie fortement milité pour le président Ranil Wickremasinghe, le peuple sri-lankais a pris sa décision et je respecte pleinement le mandat qu'il a confié à Anura Kumara Dissanayaka", a-t-il affirmé sur le réseau social X.

D'autres candidats ont pris acte de la victoire du candidat de gauche.

En votant samedi, Anura Kumara Dissanayaka, surnommé AKD dans son camp, s'était montré très confiant dans ses chances de succès.

- "Grand tournant" -

"Après la victoire, j'exhorte tout le monde à rester calme", avait-il déclaré, tout sourire, devant la presse. "Je pense que cette élection marquera le plus grand tournant de l'histoire du Sri Lanka".

A la tête du Front de libération du peuple (JVP) d'inspiration marxiste, Anura Kumara Dissanayaka a fait campagne contre les élites "corrompues" responsables à ses yeux du chaos de 2022.

A l'origine de deux insurrections meurtrières au début des 1970 et à la fin des 1980, qui ont fait plus de 80.000 morts, le JVP a renoncé à la lutte armée et s'est largement converti à l'économie de marché.

Le scrutin a été marqué par la forte participation - environ 76% selon la commission électorale - des électeurs, fatigués de la cure brutale d'austérité imposée au pays après la crise financière sans précédent de 2022.

A la tête du pays depuis deux ans, Ranil Wickremesinghe visait un nouveau mandat avec pour seul programme la poursuite du redressement à marche forcée de l'île.

"J'ai déjà beaucoup fait, j'ai sorti ce pays de la banqueroute", avait-il répété samedi en votant dans la capitale Colombo. "Maintenant, je vais faire du Sri Lanka un pays avec une économie, un système social et un système politique développés".

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Ishara S. KODIKARA

M. Wickremesinghe a succédé en juillet 2022 au président Gotabaya Rajapaksa, chassé de son palais par des manifestants en colère contre l'inflation et les pénuries.

- "Il faut du changement" -

En échange d'une aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) du Fonds monétaire international (FMI), il a serré la ceinture des 22 millions de Sri Lankais, multipliant hausses d'impôts et réductions des dépenses publiques.

Deux ans plus tard, l'ordre est revenu dans la rue et l'économie a repris des couleurs, même si elles restent encore très pâles, a averti le FMI.

Mais le début de redressement du Sri Lanka s'est opéré au prix d'une progression de la pauvreté, qui touche désormais plus du quart de ses 22 millions d'habitants, selon la Banque mondiale.

Samedi, de nombreux électeurs de Colombo et de sa banlieue ont exprimé leur lassitude, épuisés par deux ans de restrictions.

"Il faut du changement dans ce pays", a résumé auprès de l'AFP Mohamed Siraj Razik, 43 ans, après avoir voté. "La gabegie des fonds publics au profit de la classe politique doit cesser".

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Comme le candidat de gauche, le chef de l'opposition au Parlement Sajith Premadasa, un ancien proche de Ranil Wickremesinghe, s'était lui aussi engagé à arracher des concessions au FMI.

Mais l'institution internationale semblait peu disposée à accepter des aménagements.

"Des progrès ont été accomplis, mais le pays est encore loin d'être sorti de l'ornière", a averti la semaine dernière la cheffe de la communication du FMI, Julie Kozack.

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