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L’instance de réparation envers les victimes de pédocriminalité dans l'Église a indemnisé un homme condamné pour pédocriminalité, qui avait été agressé sexuellement par un prêtre quand il était enfant, estimant que ces faits avaient "bouleversé ses repères", a-t-on appris lundi auprès des intéressés.
Aujourd'hui âgé de 73 ans, Jean-Yves Schmitt a été agressé sexuellement par un prêtre, Félix Hutin, entre l'âge de 12 et 15 ans dans un lycée de Bourg-en-Bresse dans les années 60 avant d'être condamné pour pédocriminalité à plusieurs reprises par la suite.
Les faits étant prescrits pénalement, le prêtre a lui été condamné au civil en juillet 2015 par le juge de proximité de Nantua, pour les agressions commises sur M. Schmitt.
"Les conséquences" des violences infligées par l'aumônier, "ont été graves et durables, ces violences dont vous avez été victime ont eu un retentissement psychologique tant dans votre vie intime que dans vos relations familiales et votre épanouissement professionnel", écrit l'Inirr (instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) dans une lettre datée du 16 mai, dont des extraits ont été publiés initialement par le Parisien, et consultée par l'AFP.
"Le comportement du prêtre et son emprise sur votre corps et votre esprit ont créé une sorte d’addiction qui a bouleversé vos repères et vous a laissé exposé à des désirs impossibles à assumer", ajoute encore l'instance. "Ceux-ci vous ont conduit à des actes de violences, à franchir des interdits et à de lourdes sanctions judiciaires qui ont transformé votre vie professionnelle, personnelle et familiale."
Face à ce constat, l'instance, qui avait été saisie par l'intéressé, lui accorde la "reconnaissance" de ce qu'il a "subi" et lui "accorde une réparation financière de 60.000 euros".
"Cela ne me rendra pas mes années perdues ni mes petits-enfants que je n'ai pas vus depuis leur naissance mais c'est mieux que rien", a réagi auprès de l'AFP M. Schmitt, jugeant la reconnaissance de son statut de victime "importante".
"Je comprends que cela prête à confusion, l'idée que l'on indemnise" un pédocriminel, a-t-il ajouté. "Mais il faut comprendre que tout vient du fait que j'ai été victime : si je ne l'avais pas été, je n'aurais pas été prédateur".
Au 31 décembre 2023, l'Inirr - créée après l'onde de choc de 2021 du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église catholique - avait été saisie par 1.351 victimes au total et 489 avaient obtenu réparation, selon le deuxième rapport annuel présenté mi-mars.