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Un adolescent de 15 ans et sa mère de 37 ans sont présentés lundi après-midi à un juge après le meurtre à l'arme blanche d'un adolescent samedi soir à Châteauroux, au moment où le débat sur la violence d'une partie de la jeunesse bat son plein.
En garde à vue depuis samedi soir, le mineur et sa mère "vont tous les deux être présentés devant un juge d'instruction du pôle criminel" pour "homicide volontaire", a annoncé la procureure de la République à Châteauroux, Agnès Auboin, dans un communiqué transmis lundi après-midi. La rixe, survenue samedi vers 18H00 sur la voie publique de Châteauroux, ville paisible de quelque 43.000 habitants, a entraîné la mort de l'adolescent, quelques heures plus tard à l'hôpital.
Si le jeune est soupçonné d'être impliqué dans la mort par arme blanche de Matisse, âgé de 15 ans également, sa mère, sans antécédent judiciaire, est elle suspectée d'"être impliquée dans les faits de violences", selon la procureure.
Le fait que le mineur est "d'origine afghane" selon une source proche qui n'a pas donné plus de précision sur sa nationalité, a conduit plusieurs figures de la droite et de l'extrême droite à dénoncer la "politique migratoire" du gouvernement.
Au micro de RTL, le père de Matisse, Christophe Marchais, met en garde: "Ne mélangeons pas tout. Faites attention à tous les bords de droite ou d'ailleurs qui s'approprient ce genre de chose".
"Le contexte des faits n'est pas clairement établi à ce jour", insiste Mme Auboin. Toutefois, selon une source proche de l'enquête interrogée par l'AFP, cela "n'a rien à voir avec l'islamisme, il n'y a aucun caractère religieux". Le maire divers droite de la commune, Gil Avérous, a précisé à la presse que "cette famille est en situation régulière sur notre territoire" et faisait l'objet d'un "suivi social".
"Ultraviolence" des jeunes
La rixe s'est produite dans le "quartier Saint-Denis, c'est un quartier résidentiel classique. Il y a quelques barres d'immeubles, mais ce n'est pas un quartier qui est classé en politique prioritaire", a souligné le maire de la ville au cours d'une conférence de presse, qui y vit lui-même.
Lundi, des riverains et des proches déposaient des roses blanches à l'angle de rue où Matisse a été pris en charge par les secours, et des fleurs ont été déposées devant le restaurant du père de la victime, a constaté un correspondant de l'AFP. "Ca fait plaisir, ça nous montre que beaucoup de gens nous soutiennent et aimaient +Matou+, Matisse", souffle Christophe Marchais, tout en ramassant les roses blanches déposées devant chez lui.
Le maire s'est également ému du fait que le mineur suspect avait été interpellé "à deux reprises" ces dernières semaines, "et quelques jours après, le même jeune se retrouve dans la rue avec un couteau".
L'adolescent, qui n'a "jamais été condamné par la justice", était visé dans deux procédures pénales, dont l'une pour des faits de vols aggravés avec violences, a affirmé dimanche la procureure. Il avait été mis en examen "pour des faits de nature correctionnelle" et placé sous contrôle judiciaire par un juge d'instruction le 22 avril, "seule mesure de sûreté prévue par le code de la Justice pénale des mineurs vu son âge, sans condamnation antérieure".
"L'enquête n'établit pas à ce jour de lien avec la procédure pénale ayant donné lieu au placement sous contrôle judiciaire et les faits d'homicide de samedi", a souligné la procureure. La mort de Matisse survient après plusieurs faits de violences entre jeunes, comme le passage à tabac mortel à Viry-Châtillon de Shemseddine, 15 ans.
"Les deux protagonistes, auteur comme victime, ont 15 ans. C'est pour moi la preuve de l'ensauvagement, de l'ultraviolence qu'est en train de connaître notre société chez les mineurs", a estimé M. Avérous.
Après avoir appelé à la "mobilisation générale", le Premier ministre Gabriel Attal a débuté lundi ses consultations des groupes politiques autour de ses propositions destinées à endiguer la violence d'une partie de la jeunesse.