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Les tensions ressurgissent au Parti socialiste, qui a lancé jeudi ses journées d'été à Blois en se déchirant sur la stratégie à mener vis-à-vis d'Emmanuel Macron, pendant que celui-ci a affirmé faire "tous les efforts" dans sa recherche d'un nouveau Premier ministre, sans toutefois fixer d'horizon.
Depuis Belgrade, où il est arrivé jeudi en fin d'après-midi pour 24 heures de visite, Emmanuel Macron a tenu à rassurer: "Croyez bien que je fais tous les efforts (...) pour aboutir à la meilleure solution pour le pays".
Car 44 jours après avoir accepté la démission de Gabriel Attal, le flou persiste sur le casting et le calendrier du prochain gouvernement. "Je parlerai aux Français en temps voulu et dans le bon cadre", a éludé le président, réfutant l'idée que "les affaires ne sont pas suivies".
Pour l'heure, une option a déjà été écartée par le chef de l'Etat: celle d'un gouvernement exclusivement composé par le Nouveau Front populaire et mené par Lucie Castets.
La candidate de l'alliance de gauche pour Matignon est attendue vendredi après-midi devant les militants socialistes, point final d'une tournée qui l'a déjà emmenée aux rentrées des Ecologistes, des communistes et des Insoumis.
Mais sa présence, qui se veut fédératrice, n'empêche pas les divergences au sein du PS de se faire jour, après une petite période d'apaisement et d'unité au moment des européennes autour de Raphaël Glucksmann.
A Blois, le leader de Place publique, opposé à La France insoumise, a taclé la méthode des responsables du NFP, qui ont commencé par "discuter casting", alors qu'il fallait mettre sur la table "un agenda minimaliste" de mesures de gauche "prioritaires", sur lesquelles s'accorder avec les autres formations de l'Assemblée, a-t-il expliqué.
"Ça suppose une révolution mentale: le moment où on veut tout le pouvoir pour soi est révolu", a-t-il insisté.
De quoi conforter les opposants internes au premier secrétaire Olivier Faure, qui lui reprochent en particulier son refus de retourner à l'Elysée pour discuter de la nomination d'un Premier ministre autre que Mme Castets. "Je suis toujours prêt à négocier, mais aujourd'hui le chef de l'Etat ne négocie pas", a-t-il justifié sur RTL.
"C'est une position qui n'a pas été validée par le parti", a répliqué Carole Delga, qui s'est entretenue avec M. Macron jeudi matin en tant que présidente de Régions de France, en tandem avec Renaud Muselier. "Candidate à rien", elle a néanmoins jugé "nécessaire que la gauche soit dans une démarche exigeante mais constructive".
- "Monde parallèle" -
Une pierre de plus dans le jardin d'Olivier Faure, déjà ciblé par la maire de Vaulx-en-Velin (Rhône) Hélène Geoffroy et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui réclament aussi que le PS ne censure pas a priori un gouvernement qui serait mené par une personnalité de gauche hors NFP.
Hypothèse qui prend de l'épaisseur, le nom de l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui avait quitté le PS en 2022, après l'accord de la Nupes, où La France insoumise s'était taillée la part du lion.
Mais pour la direction, comme pour les députés PS, la ligne est claire: censure de tout gouvernement qui serait une prolongation de la politique macroniste, quel que soit le Premier ministre.
"C'est une tempête dans un verre d'eau déclenchée par des gens qui inventent un monde parallèle où un Premier ministre de gauche avec des mesures de gauche serait soutenu par Macron", balaie l'eurodéputé Christophe Clergeau.
La fronde révèle pourtant des désaccords profonds au sein du parti, que n'a pas soldé le congrès de Marseille en 2023, où le PS s'était déchiré sur la Nupes, défendue par un Olivier Faure qui l'avait emporté à 51%.
- "Travail en entonnoir" -
Chez les Insoumis, "on n'est pas inquiet", assure un membre de la direction. "Ce n'est pas nouveau qu'une partie du PS rêve d'un sous-secrétariat d'Etat de M. Macron".
Du côté de l'Elysée, on y voit la confirmation que le NFP est "idéologiquement fracturé", selon un proche du président qui continue son "travail en entonnoir" pour trouver le bon profil pour Matignon.
Emmanuel Macron a ainsi rencontré jeudi matin le président de l'Association des maires de France et du mouvement Nouvelle énergie, David Lisnard. Puis en début d'après-midi, François Sauvadet, le président des Départements de France qui a défendu un profil de Premier ministre avec "une solide expérience territoriale".
A ce dernier, le chef de l'Etat a laissé entendre que la nomination devrait intervenir "plutôt dans le courant de la semaine prochaine". Sans certitude.