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Le groupe Renault a confirmé son retour en piste après des années difficiles en publiant mercredi un résultat net (part du groupe) pour l'année 2023 de près de 2,2 milliards d'euros.
Le constructeur français récolte les fruits d'une révision radicale de son organisation industrielle et de nouvelles gammes de voitures vendues plus cher.
Le chiffre d'affaires du groupe Renault atteint 52,4 milliards d'euros, soit une hausse de 13,1% sur un an.
- Dacia et Arkana -
Après quatre ans de baisse, les ventes du groupe ont enregistré une hausse de 9% avec 2,235 millions de véhicules vendus, notamment par sa marque économique Dacia et sur le segment des voitures compactes, avec les SUV Arkana ou Austral.
Le chiffre d'affaires est porté par ces volumes mais aussi par un fort impact des hausses de prix et du nombre de voitures vendues dans des gammes supérieures.
"C'est un jour de grande fierté, avec des résultats historiques pour notre groupe", a déclaré le directeur financier du groupe, Thierry Piéton, lors d'une conférence de presse. "Ils démontrent le succès des nouveaux véhicules de notre gamme" et de "notre force commerciale".
La marge opérationnelle (ratio entre le résultat d'exploitation et le chiffre d'affaires) atteint 7,9% à 4,1 milliards d'euros, un record pour le groupe.
Cette marge intègre la déconsolidation de Horse, sa coentreprise dans les moteurs thermiques avec le chinois Geely, a indiqué Renault dans un communiqué.
Après avoir assaini les comptes de l'entreprise en difficulté, et assumé un coûteux départ de Russie, "on ouvre maintenant un nouveau chapitre dans l'histoire de Renault", basé sur la "performance et la génération de cash", a précisé M. Piéton.
Le groupe compte aussi renforcer sa "flexibilité" face au rythme incertain de la transition vers la voiture électrique, avec ses filiales thermique (Horse) et électrique (Ampere).
"Avec Ampere, Renault a pris une avance de quelques années", a déclaré son directeur général Luca de Meo, dans un entretien au Figaro publié mercredi soir. "Nous sommes en condition pour produire un million de voitures électriques en Europe".
Mais "le monde est un peu trop impatient avec l'électrique", a-t-il souligné: "Il faut garder la tête froide: ce marché aura des hauts et des bas" et les infrastructures et le monde de l'énergie ont du chemin à faire. "Mais on ne reviendra plus en arrière sur la bascule vers l'électrique".
Le résultat 2023 intègre 797 millions d'euros liés à la contribution de Nissan. La vente d'une partie des actions Nissan que détenait Renault, équivalent à 5% du capital de son partenaire japonais, lui a également rapporté 764 millions d'euros. Mais une moins-value sur ces actions impacte les comptes à hauteur de 900 millions d'euros.
La publication des résultats de Renault était prévue jeudi 15 au matin mais elle a été avancée au mercredi 14 au soir. Son principal rival dans l'Hexagone, Stellantis (issu de la fusion de PSA et Fiat-Chrysler), avait décalé sur le même créneau horaire la présentation des siens, annoncés comme exceptionnels.
- Dividende de "confiance" -
Le groupe va proposer un dividende de 1,80 euro par action, supérieur au consensus des analystes.
"Il donne une indication du niveau de confiance que nous avons pour faire croître la performance du groupe", a souligné M. Piéton.
Pour continuer sur cette lancée, le groupe prévoit 10 lancements sur l'année 2024, dont la Renault 5 et le Scenic électriques, mais aussi le familial Dacia Bigster, le SUV Kardian en Amérique latine, et la petite sportive électrique Alpine A290.
Le groupe prévoit ainsi de maintenir une marge opérationnelle supérieure ou égale à 7,5%, et des flux financiers libres supérieurs à 2,5 milliards d'euros.
Sur des marchés qui devraient être atones, "on reste prudents du point de vue des volumes, on se concentre sur la qualité des ventes, et on remplace des véhicules à un certain niveau de profitabilité par de nouveaux lancements beaucoup plus profitables", comme les SUV Renault Rafale et Dacia Duster, a précisé M. Piéton.
Le groupe compte suivre un ambitieux plan visant à réduire de moitié le coût industriel de production d'un véhicule électrique à l'horizon 2027, et à diminuer de 30% celui d'un véhicule thermique. Il vise par exemple à assembler une Renault 5 en moins de neuf heures dans l'usine française de Douai (Nord).