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Il y a dix ans, un pilote de la Germanwings se suicidait et entrainait la mort de 149 autres personnes: retour sur ce drame

Le 24 mars 2015, il y a dix ans jour pour jour, un Airbus A320 de la compagnie Germanwings s'écrasait dans les Alpes et provoquait la mort des 150 personnes présentes à bord. À l'origine de ce crash, le suicide du co-pilote, Andreas Lubitz, 27 ans. Retour sur ce drame, qui a mis en lumière une faille dans la procédure de sécurité. 

Il y a tout juste 10 ans, à 9 heures, 41 minutes et 46 secondes, un avion de la compagnie Germanwings s'écrasait dans les Alpes du Sud. Aucune des 150 personnes personnes à bord de ce vol entre Barcelone et Düsseldorf ne survivra. 

Un quart d'heure plus tôt, le pilote de l'avion quitte le poste de pilotage pour se rendre aux toilettes. Le co-pilote, Andreas Lubitz, que personne ne savait psychologiquement instable, en profite pour mettre les gaz et pousser l'avion à sa vitesse maximale. Quand le pilote veut revenir dans le cockpit, il se retrouve face à une porte verrouillée. 

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les avions sont munis de portes blindées pour se prémunir des attaques venant de l'extérieur, mais personne n'avait imaginé que la menace puisse se trouver à l'intérieur du poste de pilotage. Concrètement, un digicode se trouve à l'extérieur du cockpit. Le personnel de bord peut y entrer un code et une alarme retentit alors dans le cockpit. Sans réponse, la porte s'ouvre automatiquement au bout d'un certain temps, au cas où les pilotes seraient inconscients. Mais les pilotes ont aussi la possibilité de refuser l'entrée. 

Après le crash, la Lufthansa a d'ailleurs confirmé que l'ouverture de la porte du cockpit dans leurs appareils était commandée par un code et que son déverrouillage ne pouvait être autorisé que de l'intérieur du cockpit, en appuyant sur un bouton. 

Les boîtes noires de l'Airbus A320 révéleront plus tard que le pilote de l'avion a alors commencé à taper sur la porte, demandant à Andreas Lubitz de lui ouvrir. À l'intérieur: le silence. Des enregistrements, les enquêteurs n'entendront que la respiration de l'Allemand. 

Le commandant de bord demande alors à une hôtesse d'aller chercher la hache pour tenter de forcer le blindage. Deux minutes avant le crash, il commence à frapper la porte. Quelques minutes auparavant, la tour de contrôle de Marseille remarquait la perte d'altitude de l'appareil et tentait, en vain, de prendre contact avec l'intérieur du cockpit. 

Une minute avant l'impact, l'avertisseur de proximité du sol se déclenche: "Terrain, Terrain, Pull Up, Pull Up". Inutile, Andreas Lubitz est bien décidé à se suicider et entrainera avec lui les 149 autres présentes à bord. L'avion heurte la montagne à 700km/h, les chances de survie sont nulles. 

Depuis, qu'est-ce qui a changé? 

Après ce crash volontaire, l'Agence européenne de la sécurité aérienne a imposé la présence permanente de deux membres d'équipage dans le cockpit. Cette mesure n'a cependant pas fait long feu. Depuis le premier mai 2017, cette obligation a été abolie par l'Easa. 

Le rapport final du Bureau d'enquête et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile français a souligné la nécessité d'évaluer en profondeur et fréquemment la santé mentale des pilotes. Le BEA recommandait alors aux compagnies de mettre en place des programmes de détection et de prévention. 

Avant de passer à l'acte, Andreas Lubitz avait consulté 41 médecins en 5 ans et avait pris soin de garder son dossier médical confidentiel. L'Allemand de 27 ans était d'ailleurs sous anxiolytiques. Le même rapport avait aussi suggéré que les médecins soient tenus d'informer les compagnies aériennes d'éventuels problèmes de santé mentale. Une recommandation critiquée au nom du secret médical, mais partagée par Pierre de Broqueville, ancien commandant de bord. "Les médecins devraient connaître le métier que fait leur patient et, sans divulguer la raison, pouvoir allumer un feu rouge quelque part pour qu'une personne soit mise à l'arrêt. Que ce soit pour un pilote d'avion, mais aussi de bus, de train, ou même un chirurgien". 

"C'est pareil pour un pilote qui aurait une grosse sinusite, parce que c'est dangereux", ajoute l'ancien pilote. "Je pilote encore des petits avions et quand je passe mon test médical chaque année, je dois simplement certifier sur l'honneur que je n'ai pas d'envies suicidaires, que je ne bois et que je ne me drogue pas. Mais ce n'est qu'une déclaration sur l'honneur...", conclut Pierre de Broqueville. 

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