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Droites: Ciotti rejette son exclusion de LR, rupture consommée chez Reconquête

Les crises se sont succédé mercredi dans les partis de droite, ébranlés par l'annonce de législatives anticipées. Eric Ciotti a été évincé du parti Les Républicains (LR), dont il était le président, après son alliance avec le Rassemblement national tandis qu'à Reconquête la rupture est consommée entre le fondateur du parti Eric Zemmour et Marion Maréchal.

Après une réunion décisive tenue à Paris en présence de tous les cadres de LR, le parti héritier du gaullisme, le député des Alpes-Maritimes a été exclu à l'unanimité.

La secrétaire générale Annie Genevard a dénoncé sa position "en rupture totale avec les statuts et la ligne portés par Les Républicains" qui, depuis des décennies, résistent à la tentation d'une alliance avec l'extrême droite.

"Les Républicains présenteront des candidats aux Français dans la clarté et l'indépendance" pour les élections législatives, a assuré Mme Genevard, qui partagera la gouvernance du mouvement avec François-Xavier Bellamy, la tête de liste des européennes.

Mais contre vents et marées, le patron continue de s'accrocher à son siège. "Je suis et reste le président de notre formation politique, élu par les adhérents", a répliqué Eric Ciotti, jugeant cette décision "illégale" et faisant planer la menace de "conséquences pénales".

"Je sais que j'ai la confiance des militants", a-t-il assuré plus tard sur CNews, qualifiant le bureau politique de LR de "cénacle de chapeaux à plumes". Il a ajouté que 80 candidats se réclamant de sa démarche se présenteraient aux législatives.

Isolé dans ses propres rangs depuis sa prise de position fracassante de mardi, lâché par tous les cadres du parti et par une partie de ses collaborateurs, M. Ciotti n'était pas venu à cette réunion tenue au musée social, dans le VIIe arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres du parti et du Palais Bourbon.

La commission d'investiture qui s'est déroulée dans la foulée a reconduit les députés sortants de LR qui se représentent, soit 59, à l'exception de leur président exclu, Éric Ciotti, et d'une de ses proches, Christelle D'Intorni.

Un candidat de la droite sera présenté contre M. Ciotti dans sa propre circonscription à Nice, a indiqué le chef des députés LR Olivier Marleix.

- "Pacte du diable" -

Eric Ciotti a subi les foudres de ses anciens amis: "Quand on fait de la politique, on ne répond pas par des accords, des coalitions, des petites ententes faites en catimini pour négocier des circonscriptions. On le fait en défendant ses convictions", a lancé Laurent Wauquiez, potentiel candidat de la droite à la présidentielle de 2027.

Comme beaucoup d'autres, le député du Lot Aurélien Pradié s'est félicité de l'exclusion : "c'est une position absolument claire. Éric Ciotti n'est plus adhérent de LR et de la famille héritière du général de Gaulle", a-t-il affirmé.

Eric Ciotti avait stupéfié le monde politique mardi en annonçant une alliance avec le RN, une option à laquelle le parti gaulliste, au nom de ses valeurs, avait refusé de se résoudre pendant des décennies. Il avait immédiatement été lâché par les cadres du parti, mais se prévaut du soutien des militants.

L'opposition frontale de l'ex-patron laisse présager d'épineuses batailles juridiques, chacun interprétant le règlement du parti à son avantage.

Dans cette recomposition accélérée à droite et à l'extrême droite, un autre psychodrame s'est joué mercredi. Chez Reconquête, c'est Marion Maréchal qui a appelé à voter pour les candidats de l'alliance entre le RN et Eric Ciotti aux législatives anticipées.

La nièce de Marine Le Pen rompt ainsi avec fracas avec Eric Zemmour, le fondateur du parti, dont elle a dénoncé la "triple-faute" en l'accusant de vouloir présenter des candidats Reconquête contre le RN.

Marion Maréchal acte ainsi la rupture au sommet du parti, refusant de "participer à une énième division" et exposant au grand jour la crise qui couvait depuis des semaines.

"Une trahison", a réagi l'ancien journaliste, qui a prononcé l'exclusion de son ancienne tête de liste aux européennes.

"Face à la gravité des enjeux, Marion Maréchal a fait le choix dans le contexte exceptionnel que connaît le pays, de privilégier l'intérêt national aux considérations partisanes", a estimé de son côté Marine Le Pen.

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