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Carla Bruni est convoquée pour une possible mise en examen dans l'enquête sur le financement de la campagne présidentielle de son époux, Nicolas Sarkozy. Ce dernier est soupçonné d'avoir financé sa campagne de 2007 avec des fonds libyens.
Carla Bruni-Sarkozy est convoquée pour une possible mise en examen dans l'enquête sur la rétractation en 2020 de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui accuse son époux Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle 2007 avec des fonds libyens.
Selon une source proche du dossier, la mannequin et chanteuse encourt des poursuites pour recel de subornation de témoin, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries au jugement en bande organisée et en vue de la corruption de personnels judiciaires libanais.
Mme Bruni-Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire, dont la date n'a pas été précisée, mise en examen ou sous le statut plus favorable de témoin assisté. L'information judiciaire ouverte en mai 2021 se penche sur la possible tentative d'une douzaine de protagonistes de ce dossier de tromper la justice française dans le dossier libyen, dont le volet principal sera jugé début 2025.
L'ex-président a été mis en examen en octobre, suspecté d'avoir avalisé ces manoeuvres. En avril, ses avocats ont déposé une requête pour faire annuler cette mesure et, récemment, une demande de dépaysement de l'enquête. Son épouse a déjà été entendue deux fois par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF): d'abord comme témoin en juin 2023, puis comme suspecte début mai.
Ligne téléphonique
Récemment, selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance et en partie révélés par Le Parisien, c'est un téléphone de l'ex-papesse des paparazzis, "Mimi" Marchand (de son vrai nom Michèle Marchand), également mise en cause, qui est venu alourdir les charges contre l'artiste de 56 ans. Le juge d'instruction financier chargé du dossier pense y avoir trouvé les preuves de l'utilisation par Mme Marchand d'une ligne téléphonique occulte, ce que celle-ci conteste.
Début décembre 2019, Carla Bruni-Sarkozy a pourtant demandé à son informaticien "une nouvelle ligne complètement déconnectée du reste". Il souscrit à son nom cet abonnement le même mois. Pour le juge, Mimi Marchand aurait adressé via ce portable des messages à l'ex-couple présidentiel.
L'un d'entre eux semble prouver que l'ex-Première dame a été informée en amont du déplacement de Mme Marchand à Beyrouth mi-octobre 2020 pour la fameuse interview dans laquelle M. Takieddine se rétracte, possiblement contre rémunération.
Mme Bruni-Sarkozy avait précédemment dit ne l'avoir su qu'au moment de la publication de l'entretien, le 11 novembre 2020. "Pourquoi avez-vous menti ?", lui demande l'enquêteur de l'OCLCIFF début mai. "Même si j'ai su qu'elle allait (au Liban), je ne savais pas pourquoi", se défend-elle.
"Très manipulatrice"
Le juge a aussi trouvé un message envoyé sur cette fameuse ligne occulte deux semaines avant la première vague d'interpellations dans le dossier, en juin 2021: Mimi Marchand y annonce qu'un "ami est rentré cette nuit" et que "Tout va bien". Carla Bruni-Sarkozy a assuré qu'elle ne "voit pas du tout de quoi (Mimi Marchand) peut parler".
L'enquêteur rappelle que ce message suit de quelques heures le voyage en Allemagne de deux protagonistes du dossier pour remettre des fonds qui auraient pu servir à corrompre des magistrats libanais pour faire sortir de prison l'un des fils Kadhafi, Hannibal, afin qu'il aide à innocenter Nicolas Sarkozy. "Oh là là", réagit Carla Bruni-Sarkozy, relancée. "Je ne sais pas. De l'argent liquide... Hannibal Kadhafi... On est dans une sphère où je ne sais pas quoi vous dire".
Encore interrogée sur les éléments suggérant la thèse d'un téléphone lui appartenant, Mme Bruni-Sarkozy répond: "Tout à fait. Je comprends bien. Mais ce n'est pas mon numéro". Avant d'ajouter: "J'essaie d'échafauder des explications".
Invitée à conclure, Mme Bruni-Sarkozy, se dit "stupidement naïve" et ajoute se "sentir responsable de la mise en examen". "C'est moi qui devrais l'être", affirme-t-elle, se présentant comme "seul contact" de son mari avec Mimi Marchand, qui "a utilisé le nom de mon mari et le mien (...) pour se donner du poids auprès de ses compères", ainsi que l'affirme Nicolas Sarkozy. Mimi Marchand, poursuit-elle, "est maligne, mais pas forcément dans la vérité (...) Elle est très manipulatrice".
Sollicité, l'avocat de la chanteuse, Me Paul Mallet, n'a pas répondu.