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Au Mont-Valérien, une veillée d'âmes pour le résistant Manouchian et les siens

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi soir au Mont-Valérien, près de Paris, pour un hommage au résistant Missak Manouchian et à ses compagnons, français et étrangers, sur les lieux de leur fusillade par l'occupant allemand, 80 ans plus tôt.

"Cette veillée apporte ce que notre jeunesse a besoin de voir: des gens courageux qui ont épousé la France et se sont battus pour la liberté", a déclaré devant l'imposant mémorial de la France combattante Patricia Mirallès, secrétaire d'Etat chargée des Anciens combattants.

Cette cérémonie a précédé l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian, qui affirmait quelques heures avant sa mort ne ressentir "aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit".

Il sera accompagné de son épouse, également résistante et décédée en 1989, avec laquelle il reste ainsi uni dans la mort même si elle n'est pas elle-même panthéonisée.

Entreront aussi de façon symbolique, avec une inscription de leur nom, ses "camarades de combat et de résistance" polonais, hongrois, italiens, espagnols, roumains ou français, certains juifs.

D'autres cérémonies d'entrée au Panthéon ont été par le passé précédées d'une veillée, notamment pour Jean ?Moulin, au mémorial des martyrs de la déportation, ou encore Maurice Genevoix, aux Éparges puis à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm.

Mais aucune figure de la résistance communiste, et a fortiori aucun résistant étranger, n'avait eu droit jusqu'ici à l'honneur de la panthéonisation, contrairement à la résistance gaulliste, avec la panthéonisation dès 1964 de Jean Moulin.

Le président français Emmanuel Macron a estimé que les parlementaires du Rassemblement national (RN, extrême-droite) seraient "inspirés" de ne pas assister à la panthéonisation, même s'ils y sont invités selon l'usage républicain.

- Exécutés dans une clairière -

Parmi les participants à la veillée figuraient plusieurs membres du gouvernement, des élus, le chef d'état-major des Armées, des responsables politiques communistes ainsi que des familles de résistants.

Le cercueil de Manouchian, accompagné de photos de tous les membres de son groupe de résistants étrangers des Francs-tireurs et partisans - main d'œuvre immigrée (FTP-MOI), a emprunté le même chemin que les fusillés du 21 février 1944.

Ce jour-là, Manouchian, apatride et communiste, et 22 de ses compagnons d'armes avaient été exécutés par les Allemands dans une clairière sur le mont Valérien, en banlieue ouest de Paris.

C'est dans cette même clairière, mardi, qu'ont été appelés un à un les membres de son groupe après une lecture de la dernière lettre de Manouchian à son épouse, Mélinée.

Cinq projecteurs braqué vers le ciel avaient été installés à l'endroit précis où se dressaient les poteaux d'exécution. Un chœur militaire a entonné une Marseillaise et le Chant des partisans.

Le cercueil, recouvert d'un drapeau français, a ensuite été transporté sur l'esplanade du Mémorial de la France combattante avant son transfert dans la crypte du Mémorial où il reposera pour la nuit.

- "Besoin de valeurs" -

"Pour les jeunes générations, on a besoin de valeurs, et par les temps qui courent c'est important d'être présent à ce type de cérémonie", explique à l'AFP Domitille?Leray, 63 ans, retraitée.

L'histoire du groupe Manouchian "me touche beaucoup", a expliqué à l'AFP Anne-Marie Montaudon, coprésidente de l'Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR) venue de Limoges.

"Les jeunes ne peuvent pas être ignorants de ce qui se passe dans le monde (...). Ce qui nous attache, c'est d'éviter que des idées évoquant le nazisme ou le fascisme ne se renouvellent".

Missak Manouchian, qui dans sa dernière lettre se décrivait comme un "soldat régulier de l’armée française de la Libération", s'était réfugié en France en 1925 après avoir survécu aux massacres par l'Empire ottoman de 1,2 à 1,5 million d'Arméniens en 1915-1916, qui sont reconnus comme génocide par de nombreux historiens et une trentaine de pays mais pas par la Turquie.

Ouvrier et poète, il avait rejoint en 1943 la résistance communiste, où il s'était illustré à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté.

Le groupe Manouchian avait organisé notamment l'assassinat de l'officier SS allemand Julius Ritter, responsable du Service du Travail Obligatoire (STO) rue Pétrarque à Paris.

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