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La présence de l'Ukraine à l'Euro est en soi une victoire contre l'adversité selon Andriy Shevchenko et "rappellera au monde ce que nous traversons", a déclaré à l'AFP la légende du football ukrainien, Ballon d'or en 2004.
La Zbirna ("la sélection") entame son tournoi européen contre la Roumanie lundi à Munich. Placés dans le groupe E avec la Slovaquie et la Belgique, les Ukrainiens espèrent sortir de la phase de groupe.
Il y a trois ans, lors du précédent Euro, l'équipe dont Shevchenko était alors le sélectionneur était allée jusqu'en quarts de finale, sortie par l'Angleterre sur un cinglant 4-0.
Cette fois-ci, Shevchenko, 47 ans, n'est plus sélectionneur mais président de la Fédération ukrainienne de football, et c'est son ex-partenaire d'attaque du Dynamo Kiev, Serhiy Rebrov, qui a dû s'employer pour amener l'équipe jusqu'en Allemagne malgré l'immense désarroi et l'angoisse aiguë des joueurs, marqués par le conflit déclenché en février 2022 par l'invasion russe de leur pays.
"Il y a deux éléments en jeu", observe Shevchenko dans une interview accordée à l'AFP par courrier électronique.
"D'une part, dit-il, nous avons montré que nous sommes toujours compétitifs et que nous continuons à exceller en football, même pendant la guerre. D'autre part, et c'est le plus important, nous représentons fièrement l'Ukraine et nous rappelons au monde ce que nous traversons".
Pour ce fils de soldat, la résistance et l'esprit dont les joueurs ukrainiens ont fait preuve pour atteindre la phase finale de l'Euro-2024 via les barrages est un motif de fierté.
- "Chaque victoire est cruciale" -
"Chaque victoire de notre pays, sur le terrain et en dehors, est cruciale pour tous les Ukrainiens et en particulier pour ceux qui le défendent en ce moment", souligne-t-il.
A l'instar de la victoire du boxeur ukrainien Oleksandr Usyk contre Tyson Fury pour le titre de champion du monde unifié des poids lourds le 19 mai, chaque victoire de la Zbirna pourrait remonter le moral des troupes sur le front, espère-t-il.
La préparation de la compétition continentale que l'Allemagne accueille jusqu'au 14 juillet a été compliquée pour la sélection ukrainienne, qui a dû jouer hors de ses frontières.
Lorsque des joueurs de football parlent de pression, ils parlent généralement de faire bonne figure devant leurs supporters ou d'être à la hauteur des enjeux sportifs. Mais pour certains joueurs ukrainiens, il s'agit d'une question bien plus grave: ils doivent s'entraîner sous la menace quotidienne de raids aériens.
"Le plus difficile dans notre situation est de nous adapter à l'environnement en mutation rapide affecté par la guerre", explique Shevchenko. "Nous devons faire face à de nombreuses restrictions, notamment en matière de sécurité, avec des raids aériens, des attaques de missiles en provenance de Russie, des couvre-feux et des coupures d'électricité".
"Ces problèmes", poursuit-il, "rendent tout le fonctionnement plus difficile, mais nous nous débrouillons bien".