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Déjà à la peine à l'approche des législatives au Royaume-Uni, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a suscité la consternation vendredi après avoir préféré une interview aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement.
Les excuses du chef du gouvernement pour ce qu'il a qualifié d'"erreur" viennent conclure une semaine de campagne difficile, marquée par l'irruption tonitruante dans la course du nationaliste anti-immigration Nigel Farage et des accusations de mensonge lors d'un débat télévisé.
Rishi Sunak n'a pas assisté jeudi à la commémoration internationale du D-Day à Omaha Beach, sous la houlette du président français Emmanuel Macron et en présence de nombreux chefs d'Etat, comme l'Américain Joe Biden ou l'Ukrainien Volodymyr Zelensky.
M. Sunak avait plus tôt participé à une cérémonie au mémorial britannique de Ver-sur-Mer, mais l'absence du Premier ministre au principal évènement de ces commémorations a suscité étonnement et critiques au Royaume-Uni, l'un des principaux artisans du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944.
"Après réflexion, c'était une erreur de ne pas rester en France plus longtemps, et je m'en excuse", a-t-il écrit sur X. "Cet anniversaire devrait être dédié à ceux qui ont fait le sacrifice ultime pour notre pays. La dernière chose que je souhaite, c'est que les commémorations soient éclipsées par la politique".
La bronca a été d'autant plus forte que le chef du gouvernement est rentré pour enregistrer un entretien télévisé, qui devait lui permettre de se défendre après avoir été accusé de mensonges lors d'un débat avec le chef du Labour, Keir Starmer. Il a accusé celui-ci de vouloir alourdir la charge fiscale des ménages sur la base de chiffres contestés.
Il a été critiqué par ses adversaires mais aussi des représentants d'anciens combattants ou des élus de sa majorité, qui ont laissé éclater leur colère à coups de citations anonymes assassines dans les médias.
Selon un sondage YouGov, 65% des Britanniques trouvent son absence "inacceptable".
A Omaha Beach, il a été représenté par son chef de la diplomatie - et l'un de ses prédécesseurs à Downing Street - David Cameron, qui a posé sur la photo officielle de l'événement avec Emmanuel Macron, Joe Biden et Olaf Scholz à sa place, rendant son absence encore plus criante.
Keir Starmer, bien parti pour devenir le prochain Premier ministre, était également présent et a pu en profiter pour s'afficher avec Volodymyr Zelensky, à qui il a promis de maintenir le soutien britannique face à l'invasion russe s'il est élu.
"Rishi Sunak devra répondre de son choix. Pour moi, il n'y avait qu'un seul choix, c'était d'être là", a commenté l'ancien avocat de 61 ans.
- Effet Farage -
Ce faux pas intervient au moment où se profile la dernière ligne droite de la campagne pour le scrutin du 4 juillet, avec la publication la semaine prochaine des programmes officiels des principaux partis.
Celui du Labour a été finalisé vendredi lors d'une réunion à huis clos de ses dirigeants. Parmi les quelques éléments qui ont fuité de ce document, qui devrait confirmer le recentrage du parti, Keir Starmer a confirmé qu'il comprendrait un objectif de reconnaissance de l'Etat palestinien.
A moins de quatre semaines du renouvellement des 650 députés de la Chambre des Communes, les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans, affichent un retard de plus de 20 points en moyenne dans les sondages derrière le Labour.
Minés par la valse des Premiers ministres depuis le Brexit, la crise du service public de santé et la chute du pouvoir d'achat provoquée par la forte inflation depuis deux ans, les Tories sont également menacés par la progression du parti anti-immigration Reform UK.
Ce dernier se rapproche du parti au pouvoir dans certains sondages et a gagné une visibilité nouvelle avec l'entrée en campagne lundi de son fondateur, le très médiatique Nigel Farage, acteur majeur de la victoire du Brexit lors du référendum de 2016.
Un succès de Reform UK dans les urnes priverait les conservateurs de voix précieuses dans certaines circonscriptions disputées.
"Rishi Sunak n'a même pas pris la peine d'assister aux cérémonies internationales d'Omaha Beach", a critiqué Nigel Farage. "Les patriotes qui aiment leur pays ne devraient pas voter pour lui."