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Un petit parking à l'extérieur de la capitale lettone accueille une centaine de voitures confisquées à des conducteurs ivres.
Réparées et repeintes, elles vont partir pour leur nouvelle destinée: les lignes de front ukrainiennes.
Afin de lutter contre le phénomène endémique de conduite en état d'ébriété et, à l'occasion, soutenir Kiev, les autorités lettones saisissent ces véhicules et les remettent à l'armée ukrainienne qui, depuis plus de deux ans, se défend contre l'invasion russe.
Ancienne république soviétique, aujourd'hui membre de l'Otan et de l'Union européenne, la Lettonie compte parmi les principaux soutiens de l'Ukraine et les critiques les plus fervents de la Russie voisine.
Les autorités lettones ont notamment signé un accord de sécurité de dix ans avec Kiev et ont pris l'initiative de livrer des milliers de drones à l'armée ukrainienne.
Les voitures saisies aux automobilistes ivres encombrant les parkings de la police, le gouvernement a accordé son feu vert à une initiative visant à en faire don à l'armée ukrainienne.
"Chaque week-end, nous livrons entre 30 et 40 voitures en Ukraine", déclare Reinis Poznaks, fondateur de l'organisation à but non lucratif Agendum qui s'est donné pour mission d'effectuer des trajets hebdomadaires de 2.000 kilomètres entre les deux pays pour remettre les véhicules.
- "Besoin urgent de voitures" -
Jusqu'à la fin de 2022, l'alcool au volant en Lettonie n'était puni que par une amende, mais depuis la conduite en état d'ébriété est considérée comme un crime passible d'une peine de prison. Les voitures sont confisquées en tant qu'instruments du crime.
Près de la moitié des voitures livrées par Agendum ont été confisquées à des conducteurs ivres, déclare M. Poznaks, ajoutant que les autres ont été offertes par des sympathisants de la cause ukrainienne ou des entreprises cédant leurs vieux véhicules.
Jusqu'à présent, un total de 1.500 véhicules saisis ont été envoyés à l'armée ukrainienne ou à des représentants de différentes municipalités du pays en guerre.
"En cette troisième année d'une guerre à grande échelle, nous avons un besoin urgent de véhicules supplémentaires pour la ligne de front", souligne un ambulancier letton qui a aidé l'Ukraine sur le terrain.
L'infirmier, portant le pseudonyme "Dnipro Ghost", explique à l'AFP qu'à mesure que la guerre s'éternise, les conditions sur le front deviennent de plus en plus désespérées.
"Auparavant, nous demandions principalement des tout-terrain ou des SUV", indique-t-il, mais "aujourd'hui, nous sommes satisfaits de toute voiture capable de transporter des blessés".
Par leurs démarches, les bénévoles et les travailleurs caritatifs espèrent pouvoir changer les choses aussi bien chez eux que sur les lignes de front en Ukraine.
"En aidant l'Ukraine, la Lettonie et le reste de l'Europe s'aident eux-mêmes", insiste M. Poznaks.